le portrait inconscient

~ portraits de gens et paysages du monde

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Archives de Tag: La. pointe de l’iceberg

L’infini/L’infinito (La pointe de l’iceberg n. 8)

19 lundi Nov 2018

Posted by biscarrosse2012 in portraits d'auteurs

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Giacomo Leopardi, La. pointe de l'iceberg

L’INFINI 

Toujours me fut si cher ce mont sauvage,
Et cette haie qui pour si grande partie
Du dernier horizon la vue m’exclut.
Mais si assis je regarde, d’interminables
Distances au-delà d’elle et des silences
Surhumains, et les profondeurs du calme
Dans l’esprit je me peins, d’où pour un rien
Mon cœur va s’effrayer. Et quand j’entends
Le vent bruire entre ces plantes,
Ce silence infini à cette voix
Vais comparant : je me souviens alors de l’éternel,
Des saisons mortes, de la présente
Encore vive et du son d’elle. Ainsi, dans telle
Immensité se noient toutes mes pensées
Et le naufrage m’est doux dans cette mer.

Giacomo Leopardi (traduction Giovanni Merloni)

Voilà ma dernière traduction du texte poétique plus important de la littérature italienne moderne : « L’infinito » (« L’infini ») de Giacomo Leopardi (1798-1837). Je le fais dans la pleine conscience de mes limites. Mais, en même temps, conscient aussi de la nécessité d’une provocation. Je me suis en fait convaincu qu’il est vraiment très difficile de traduire une poésie d’une langue à l’autre. Par exemple, c’est presque impossible traduire « Le bateau ivre » en italien. J’ai essayé plusieurs fois et toujours abandonné, même si j’ai la présomption d’en avoir cueilli la musique et le rythme. En tout cas, je crois que seulement un écrivain, un véritable poète peuvent arriver à cela. C’est un énorme travail créatif et sauf des exceptions il faut se méfier de la traduction d’entières anthologies. Par un travail long et immense, Jacqueline Risset, qui est sans doute une poète, a su faire ça, arrivant à traduire la « Divina Commedia » de Dante (1265-1321). Mais, Dante, grâce à ses symboles, à ses allégories et sa solide structure narrative, peut se traduire peut-être plus facilement que Leopardi. Celui-ci s’exprime par des mots très simples, qui ont d’ailleurs leur place précise dans le texte, toujours fortement évocateur de valeurs profondes et universelles.

Ce serait surtout fautive la traduction de Leopardi au pied de la lettre. Car il faut toujours garder quelques piliers…

Dans un poème qui commence par « Sempre caro mi fu quest’ermo colle » il ne faut surtout pas traduire « caro » avec « tendre », peut être plus correspondant dans la stricte signification. On peut trouver d’autres termes pour les autres mots, mais « caro » est le point d’appui de ce premier vers et, je crois, de tout le poème.

En une première traduction, par exemple, j’avais cru que s’adapterait mieux, ici, le mot « charmille », inventé par Mauriac pour décrire sa haie de Malagar, qui a d’ailleurs la même fonction de « filtre » entre l’observateur (assis) et l’infini. Pour une question de rythme musical, je dois maintenant revenir au mot « haie » pour traduire le mot italien « siepe » (une « balustrade végétale »). 

Giovanni Merloni

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L’INFINITO 

Sempre caro mi fu quest’ermo colle,
E questa siepe, che da tanta parte
Dell’ultimo orizzonte il guardo esclude.
Ma sedendo e rimirando, interminati
Spazi di là da quella, e sovrumani
Silenzi, e profondissima quiete
Io nel pensier mi fingo, ove per poco
Il cor non si spaura. E come il vento
Odo stormir tra queste piante, io quello
Infinito silenzio a questa voce
Vo comparando: e mi sovvien l’eterno,
E le morte stagioni, e la presente
E viva, e il suon di lei. Così tra questa
Immensità s’annega il pensier mio:
E il naufragar m’è dolce in questo mare.

Giacomo Leopardi

Passeggiata à Villa Ghigi (La pointe de l’iceberg n. 7)

10 samedi Nov 2018

Posted by biscarrosse2012 in poèmes

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La. pointe de l'iceberg, Saveria Bologna

Passeggiata à Villa Ghigi

Descendant sur des marches de terre,
on parlait de vacances. Des boucles

sauvages encadraient ton visage, ta belle
nuque bronzée. Par de gestes, tu esquissais
les étapes indicibles d’un voyage fabuleux.

En revanche, distrait, j’avançais en boitant,
sans un mot. Dans le pré constellé de ruines,
d’incolores statues chuchotaient. Sous le rose
du ciel, un manège de nuages s’emparait
des reflets contrariés de nos corps éloignés.

Le chemin est une algue perdue sur le fond de la mer,
une gare sans trains. Arpentant ses descentes et montées

on apprend le jardin, cependant son odeur nous échappe.

C’est une drôle de saison qui ne quitte pas l’hiver.
Le soleil même gèle et la ville au-dehors
gît au loin, silencieuse, lorsqu’ici tombe froide
sur nos mots émiettés, la voix dure du silence,
même si, bien allègres, nous dépassent les voix
de gens brusques en chandail, aussitôt disparus.

Par des bonds elle piétine le gravier, ma femme

tenace, ambitieuse de m’apprendre la vie,
incapable pourtant, elle aussi, de se faire
bêtement à ce long train de choses
dont on veut nous vêtir.

Nous traînons dans le pré : c’est ici qu’on s’aimait.
Juste hier, la colline s’inondant de soleil, 

d’un seul geste nos corps s’envolaient, 
le sourire brisant nos regards éblouis.

Par le noir de ses feux la ville rentre dans la colline.

Contre son corps blessé va s’adosser la nuit. Le jardin
c’est l’adieu s’estompant dans les bruits remplaçants.

Que c’est calme le couple désuni et confus ! Demain
d’autres voix raviront ma compagne, son visage bronzé.

Giovanni Merloni

Saveria Bologna, Paysage des collines de Bologne, Peinture murale, part.

Passeggiata a Villa Ghigi

Ogni scalino è di legno e di terra. I tuoi ricci
sono un buffo recinto al bel viso abbronzato.

A gran gesti racconti. Io, invece, sbilenco

a volte divento distratto. Nel prato ci sono

grigie statue, in rovina. Nel cielo di nuvole rosa
si rincorrono le ombre dei nostri corpi lontani.

Il cammino è un’alga distesa sulla terra del mare,

una stazione senza treni. Su e giù camminiamo

e impariamo il giardino. Ma non ne sentiamo l’odore.

E’ una buffa stagione, e non lascia l’inverno.

E’ gelato anche il sole. La città è sempre fuori

silenziosa e lontana. Il silenzio caduto tra noi,

tra le nostre parole, è una voce più cupa

e più fredda. Ma ci passa vicino, allegro di voci

il gruppetto di lunghi maglioni, che presto è sparito.

La mia donna tenace saltella sulla piccola ghiaia
mi accarezza ed ancora mi vuole insegnare la vita.

Anche lei non riesce a cantare, a vestirsi di cose.

Passeggiamo sul prato. E qui facevamo l’amore.
Solo ieri la collina era il sole. Il corpo era
un gesto largo, il sorriso inondava lo sguardo.

La città entra nella collina, col buio dei fanali.
Sul suo corpo ferito si è addossata la notte.
Nel respiro di nuovi rumori il giardino è un saluto.
Sembra calma la coppia divisa e confusa. Domani
Bologna rapirà la mia donna, il suo viso abbronzato.

Giovanni Merloni

Saveria Bologna, Paysage des collines de Bologne, Peinture murale, part.

Retour à l’essentiel (La pointe de l’iceberg n. 5)

01 lundi Oct 2018

Posted by biscarrosse2012 in mon travail de peintre

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La. pointe de l'iceberg

Giovanni Merloni, Doppia coppia, aquarelle sur papier, 1970

Retour à l’essentiel

À la veille de ma première exposition (Forlì, 7-17 avril 1973) — quand je ne connaissais que le papier, le stylo à l’encre de Chine, les pastels et les encres aquarelles (les « ecoline » Talens) des dessins d’urbanisme —, j’avais rédigé la suivante autoprésentation : « Romain, 27 ans, architecte, Giovanni Merloni n’est pas un peintre traditionnel, il n’appartient à aucune école. Il ne se déclare pas non plus d’avant-garde : autodidacte, cette forme d’expression devient prétexte pour révéler à lui-même et aux autres un monde complexe et difficile, informel et en même temps laborieusement dessiné. Ainsi ces peintures semblent nées du hasard, comme par hasard naît un homme, un fleuve, une couleur, un contraste, un traumatisme adolescent, une introversion fantastique. Un dessin squelettique et redondant à la fois découvre tout ensemble l’anxiété de l’approche et de la conquête. Ces peintures ne représentent pas une autobiographie, mais un rêve où s’invitent les vacances libératrices d’un univers introverti, sombre et délirant. Ces peintures sont le fruit de contrastes plutôt que de passions, d’angoisses et non de mythes, de ressemblances et non d’identités. »

Giovanni Merloni, Il mazzo di fiori, aquarelle sur papier, 1971

45 ans après, mon parcours artistique s’affiche, somme tout, cohérent à cette première révélation, fidèle au but primordial de retrouver « notre temps perdu » pour le fixer brusquement et nonchalamment dans la dimension sans temps de la peinture et du dessin…

Au début des années 1970, à Rome, j’ètais surtout influencé par des peintres italiens, tels Sironi, Maccari, Vespignani et Ennio Calabria, tandis que dans les années de Bologne (1972-1978), se déclencha en moi une véritable explosion expressionniste : ma peinture « émotionnelle » et mon dessin « ironique » étaient désormais influencés par l’expressionnisme allemand de Munch à Grosz. Je fus marqué ensuite par la recherche graphique très poussée que demandait l’illustration du Roland furieux de l’Ariocste — où je commençai à manifester un style plus personnel — et, à côté, par une activité, non moins importante, de créateur de collages et d’affiches.

J’ai dû attendre quelques années depuis ma rentrée à Rome, en 1983, pour entamer finalement — à côté des aquarelles et des dessins que je réalisais au jour le jour — la saison décisive de la peinture à l’huile sur toile, suivant librement mes propres thèmes privilégiés (la femme, le couple, le théâtre, le cirque ou les vicissitudes abruptes de la vie), ou alors commentant librement des œuvres littéraires ou musicales majeures. Cependant, ces textes et prétextes ne sont pas les seuls responsables de mon parcours expressif, qui ressent de la suggestion subliminale de plusieurs maîtres — de Paul Klee à Chagall ou alors de l’extraordinaire fusion de l’abstrait et du figuratif dans l’œuvre des futuristes russes tels Michel Larionov et Nathalie Gontcharova —, de différentes techniques expérimentées et finalement de l’affrontement sans exclusion de coups entre le dessin et les couleurs.

Giovanni Merloni, Angelina, dessin numérique, 2003

Au passage de l’année 2000, la découverte de la peinture acrylique et l’évolution foudroyante des outils pour la création d’images numériques ont déclenché en moi une longue période d’expérimentation, qui a continué pendant les premières années de mon installation à Paris.
Ici, après deux expositions d’essai (2010 et 2012) j’ai beaucoup profité de mon site-blog « le portrait inconscient » ainsi que de ma présence sur Twitter pour montrer au fur et à mesure ma dernière production, où les collages numériques s’ajoutent sans complexes aux acryliques et aux autres formes traditionnelles d’expressions.
Sans trahir mon inspiration de fond, mon but primordial est dorénavant celui d’un « retour à l’essentiel », à une peinture de plus en plus épurée, où nos semblables cessent d’être les personnages d’une tragédie kafkaïenne ou d’un cirque cher à Fellini, pour devenir les modèles vivants d’un monde qui défie les contraintes et les difficultés quotidiennes pour aller dignement à la rencontre de son propre destin.

Giovanni Merloni

Une étrange vision d’ensemble (La pointe de l’iceberg n. 4)

02 dimanche Sep 2018

Posted by biscarrosse2012 in contes et récits, mon travail de peintre, portraits inconscients

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La. pointe de l'iceberg

Une étrange vision d’ensemble

Si mon père aimait Doris Day, ma mère avait une véritable passion pour Gérard Philipe, comme le témoigne une coupure de journal qu’elle gardait au milieu de nombreuses photos de famille assez disparates..
Récemment, suite à un hasard dont je ne suis pas capable de me donner une explication, depuis mon ordinateur avait jailli une espèce de film par images superposées qu’un logiciel ou algorithme très compliqué avait crée tout seul, empruntant depuis mon disque dur, sans façon ni ordre, des images disparates de mon travail de peintre et de ma vie privée, suivant pourtant une logique surprenante, qu’accompagnait une musique aussi silencieuse que touchante, où le vacarme des tambours et des trombes s’alternait à un glissement imperceptible de feuilles de papier et de coulisses de théâtre, avec le résultat de dévoiler à moi-même des choses que je n’aurais jamais crues possibles…

Après une longue hésitation, j’ai décidé qu’il n’y avait rien di vulgaire ni de scandaleux dans un tel étalage automatique et inconscient d’une partie cachée de ma vie passée et finalement avec mon iPad, juste à la veille de sa brusque disparition, j’ai enregistré tout cela dans une vidéo très artisanale : chacun de nous peut subir, sans le savoir, le regard indiscret et parfois inexorable d’un œil extérieur… Mais rarement cet être diabolique et à la limite monstrueux a la générosité de nous dévoiler ses surprenantes découvertes !

Giovanni Merloni

Si vous voulez écouter la musique que j’aurais aimé ajouter à cette séquelle d’images « randon », en cliquant ci-dessous vous entendrez deux morceaux célèbres de « Pat Garret and Billy the Kid » de Bob Dylan.
G.M.

https://leportraitinconscient.files.wordpress.com/2018/09/pat-garret-et-billy-the-kid-2.m4a

Pourtant, je courais, la main appuyée sur le point rouge du cœur… (La pointe de l’iceberg n. 3)

31 vendredi Août 2018

Posted by biscarrosse2012 in contes et récits, poèmes, portraits inconscients

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Ambra, La. pointe de l'iceberg

« Je faisais des rêves à thème escompté, je ne voulais rêver que d’une seule manière : les mots et les rambardes devaient suivre des marches imprégnées de lumière, tandis que petit à petit, telles des révélations, jailliraient du rêve même des femmes nues…
Pourtant, je courais, la main appuyée sur le point rouge du cœur… je descendais dans la sombre terreur de grottes abruptes où je sentais la lumière s’estomper doucement dans le noir. Et c’était monstrueux de me découvrir renfermé là-dedans, ô combien seul ! »

Nous marchons

Nous marchons
les yeux humides
les rêves cachés
les mains et les cœurs serrés
avec le remords et la peur
de cette joie stupide
qu’on appelle bonheur.

Nous nous regardons
dans les yeux, à travers
une poussière de lumière
qui frôle nos cœurs cachés
et nos mains enchevêtrées
tandis qu’au coin sombre de la rue
nos lèvres inconnues
se rencontrent volontiers.

Giovanni Merloni

Nous devons devenir ennemis de nous-mêmes, jusqu’à nous prendre pour des inconnus (La pointe de l’iceberg n. 2)

27 vendredi Juil 2018

Posted by biscarrosse2012 in contes et récits, portraits inconscients

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La. pointe de l'iceberg

Giovanni Merloni, La pointe de l’iceberg, acrylique sur carton, 2018

Nous devons devenir ennemis de nous-mêmes, jusqu’à nous prendre pour des inconnus

Dans une de ses chansons les plus connues (« On est tous de passage »), le chansonnier Franco Battiato constate le bruit de fond qui dérange de plus en plus notre existence, pas seulement en Italie, en nous enlevant le temps et même l’envie de réfléchir lucidement à notre vie intime :

E intanto passa, ignaro
Il vero senso della vita (1)

Heureusement, on peut se rebeller et se forger une vie à côté de la plaque avant de découvrir qu’on ne sera pas seuls. En dehors des escalades au succès et au pouvoir de l’argent on pourra atteindre le bonheur dans une petite ou grande communauté de récalcitrants comme nous.
Mais, qu’est-ce qui nous pousse à écrire un journal pour y ressusciter le « véritable sens » de notre vie passée après l’avoir longuement cherchée au-delà d’un miroir cassé ?
Est-ce que notre vie passée était heureuse, extraordinaire, unique ? Est-ce qu’on a appartenu à une minorité d’exclus qui ont su quand même profiter de la vie ? Est-ce que le monde a changé et la société est en train de perdre ses prérogatives de « lieu central » pour l’échange entre les humains désireux d’évoluer sans faire de mal à une mouche ? Est-ce que mon existence, donnant vie à plusieurs personnages ayant juste quelques petits traits en commun, pourrait être utile pour un portrait collectif de cette époque révolue qui pourrait même n’avoir pas vraiment existé ?
Si j’essaie de recomposer ce qui flotte dans la mémoire de mon existence contrariée et souvent difficile, je reviens à un étrange puzzle aux couleurs vivantes où je vais toujours chercher ce que je viens d’appeler le véritable sens de ma vie, avec la cohérence – là où elle existe – de mes inquiétudes et de mes enthousiasmes. Une recherche qui exige un équilibre entre le souvenir vain de mes prouesses (et de rares élans d’altruisme que l’amour ou l’orgueil m’ont dictés) et la reconnaissance pour ceux qui m’ont donné la vie ou me l’ont redonnée, en me tendant la main pour que je puisse remonter la pente et sortir du gouffre.

Donc, chaque journal répond à une nécessité tellement forte de consolation et de catharsis qu’on s’y consacre sans retenue, sur n’importe quel support, profitant des parenthèses que nous offre le hasard, jusqu’à se contenter, comme Ferdinand-Pierrot le fou, d’une écriture fragmentaire et délabrée.
On écrit alors au journal, à une feuille de papier ou à une coquille fossile comme si c’était une personne totalement étrangère qui se révèle enfin familière et fidèle. S’il n’est pas brûlé, notre journal sera retrouvé et livré à un notaire méticuleux qui en confiera une copie à des anthropologues passionnés.

J’écris au jour le jour le journal de notre vie difficile pour qu’il en reste une trace, parce que finalement il ne s’agit pas que de ma vie à moi. Il s’agit de la vie d’une entière génération d’hommes et de femmes, me ressemblant ou pas, ayant traîné, comme moi, dans une famille exiguë ou nombreuse, dans un quartier laid ou beau, dans une ville grande ou petite.
Des personnes que j’ai connues, qui me demeurent pourtant inconnues à plusieurs égards, tout comme je le suis, connu et inconnu pour tant d’autres et moi-même.
Des personnes qui ont essayé, comme moi, de pactiser avec le monde et de s’y creuser un destin.
Des personnes qui ont ressenti, comme moi, l’urgence de changer, de briser les ponts et se sauver ailleurs pour y entamer une nouvelle vie.

Écrire alors librement et légèrement — comme me suggérait avec bienveillance Giorgio Barberi Squarotti —, laissant aux mots mêmes le choix de devenir les roues, le moteur ou la carrosserie de cet étrange véhicule en forme d’escargot séché qui voudrait à tout moment partir en voyage en direction de l’essentiel et du beau.

Mais comment pourra-t-elle me devenir familière, une page électronique ? Et puis, quand je me découvrirai soudé pour la vie à cette page réelle et inexistante à la fois, comment ferai-je à éviter sa disparition tout à fait probable ?
Peut-être faut-il vraiment écrire en temps réel, sous les yeux de tout le monde, profitant de la distraction de la plupart des gens et s’accordant l’humble espoir d’un coup de foudre qui se déclenche (bruyamment, à l’improviste et à mon insu) dans le cœur de quelqu’un qui décidera, en sauvant mes mémoires, d’écouter patiemment, à travers la mienne, la voix de ceux qui ont donné vie aux mondes que j’ai habités.
Dans mon blog… sera-t-il possible de réaliser une chose comme ça ? Oui, ce sera possible, à condition de sauter au fur et à mesure les pages où la douleur ou la joie pourraient paraître trop évidentes, s’efforçant de brider le désir de tout dire avec le goût quelque peu diabolique de créer des vides.
Oui, si l’on veut transmettre ces quelques traces d’universel qui sillonnent nos petites vies, nous devons devenir ennemis de nous-mêmes jusqu’à nous prendre pour des inconnus.

Giovanni Merloni

(1) Entre-temps, passe, ignare, le véritable sens de la vie.

Mes cher lecteurs, je vous prie de pardonner la mise en page non justifiée… à cause des travaux en cours sur mon ordinateur. Merci à mon iPad, qui a su quand même remplacer le Maître !
G.M.

Un insoumis raisonnable (La pointe de l’iceberg n. 1)

20 vendredi Juil 2018

Posted by biscarrosse2012 in contes et récits, portraits inconscients

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La. pointe de l'iceberg, Les enfants du paradis

Giovanni Merloni, Les deux îles, acrylique sur carton 54 x 78 cm, 2018

Un insoumis raisonnable

Quand j’étais dans le plein de mes forces, je trouvais toujours dans mon esprit la façon de faire front aux ruptures et aux tempêtes que mon destin d’insoumis raisonnable me préparait au fur et à mesure de mes inévitables tournants de vie.
Dans mon for intérieur, je me fabriquais un antidote aussi puissant que désespéré venant de deux mots clés : « la quête d’un ailleurs » où je pouvais recommencer derechef ma vie ; « l’amour pour une femme » surgissant de cet ailleurs. Une femme qui serait la raison même de mon changement.
Et cet amour a toujours réussi soit à soigner les blessures que j’avais accumulées avant, soit à m’octroyer de nouvelles citoyennetés… même si cela a souvent entraîné d’écrasantes bombes à retardement qui ont explosé bruyamment dans mon corps et mon âme brisant mes certitudes et ma naturelle insouciance.
Par conséquent, j’ai toujours été un insoumis qui ne savait pas l’être jusqu’au bout, un peu comme Baptiste, l’inoubliable funambule des Enfants du paradis…

Maintenant, depuis que les forces ne sont plus tout à fait les mêmes, mon désir de changement et d’intégration dans un monde nouveau cognerait inexorablement avec le manque de quelque chose que je n’ai pas oublié d’avoir eu, mais je n’ai plus.
Donc, je ne bouge pas. Mais si jamais je devais brusquement déménager et me sauver ailleurs, ma vie future serait probablement hantée par l’impossibilité de profiter jusqu’au bout de l’amour pour vaincre la solitude…

Giovanni Merloni

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