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Archives de Tag: Jan Doets

Des affinités derrière les mots : un cosaque hollandais à Paris

12 samedi Juil 2014

Posted by biscarrosse2012 in échanges, contes et récits

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Brigitte Célérier, Hollande, Jan Doets, la haye, Noëlle Rollet

000a_le cosaque 180 Des affinités derrière les mots : un cosaque hollandais à Paris

On dit toujours que la réalité est beaucoup plus fantaisiste que la plus improbable et hyperbolique des fictions. Cette affirmation est devenue tellement banale, comme la réalité qui nous entoure d’ailleurs, que nous nous accoutumons à tout. Nous ne nous émerveillons de rien, presque. Dans notre quotidien, la révolution informatique a sans doute contribué au bouleversement du monde du travail ainsi qu’à la crise de l’ancien système de la solidarité sociale, en exaltant un individualisme de plus en plus renfermé dans l’inconscience de son objective fragilité. Et pourtant la révolution informatique a produit le phénomène d’Internet… Bien sûr, nous sommes contrôlés… même nos photos sont classées automatiquement en relation au lieu où nous avons eu la brève illusion d’un déclic… Nous sommes contrôlés et gâtés en même temps, par quelqu’un que nous ne voyons pas… On n’est pas vraiment (ou pas encore) dans un « Truman show ». Mais on ressent l’haleine lourde de quelques inconnus passant leur temps à nous dire « Bravo ! », lorsqu’un article de notre blog a été « aimé », ou bien pour nous signifier que nous avons été choisis pour une vacance-arnaque à l’île de Pâques…
Dans cette f-loterie que notre vie est devenue, il me semble que l’immense et redoutable engin de Twitter soit le mal mineur, moins dangereux de l’alcool et des cigarettes, en tout cas. Au premier stade, c’est une grande route où nos voitures se glissent comme dans le courant d’un grand fleuve. « Little boxes », aurait dit Pete Seeger. Des doublons de nous-mêmes, des avatars, comme on dit dans le nouveau langage, qui se cachent derrière un gracieux masque, en plus d’une parole d’ordre…
Au deuxième stade, la route-fleuve se transforme en couloir. Un couloir désert ou fort animé, longeant des chambres grandes ou petites… Je fréquente depuis deux ans désormais le couloir francophone. Là-dedans, j’ai rencontré plusieurs… interlocuteurs. Pour la plupart, je ne connaissais, à l’origine, que des noms très charmants, accompagnés par une arobase, comme @leventquisouffl, @Souris_Verte, @Chemintournant, @athanorster, @tamponencreur77, @MemoireSilence et cetera. Les noms de blogs étaient aussi très originaux : l’irrégulier, métronomiques, paumée…
Heureusement, si le diabolique système de camouflage informatique adopté « protège » la vie privée de chacun, Twitter n’empêche pas les gens de dialoguer et d’échanger des informations plus personnelles…
Certaines initiatives — par exemple les vases communicants — ont créé sans doute un système d’échange qui va au-delà de la libre constitution de rapports d’amitié.
Et dans notre couloir francophone, on se connaît, désormais. La publication périodique sur le blog, accompagnée par une présence suffisamment active à la vie quotidienne de Twitter, crée dans l’ensemble une attitude générale à la discussion, au commentaire, à la prise de position, ainsi qu’à des épisodes d’entraide entre blogueurs ayant des affinités ou des courants d’estime réciproque. C’est notre « village local » — plus ou moins intégré dans le tristement célèbre « village global » —, où la présence de certains personnages est devenue petit à petit indispensable, tout comme celle d’un clocher ou d’un donjon dans un village en pierres et bois.
Pourtant la plupart d’entre nous ne se connaissent pas encore. Tout cela, évidemment, peut offrir plusieurs suggestions à la fantaisie de la myriade de flâneurs de l’écriture et de l’art qui constellent ce petit firmament francophone. Mais comment éviter de constater qu’en même temps une semblable pauvreté de connaissances directes va s’installer aussi de façon endémique dans les endroits physiques de notre vie quotidienne ? Comment négliger l’existence d’un moteur primordial dans notre choix de nous exprimer à travers un blog et de rechercher aussi un contexte de confrontation à travers Twitter ?

000b_le cosaque 180

La plupart de nous ne font cela que pour dialoguer sur la base d’une affinité — culturelle, esthétique et (pourquoi pas ?) politique — avec d’autres comme nous… Et voilà que cette « pulsion » spontanée individuelle se révèle petit à petit une véritable force.
Je disais, au commencement, que la réalité dépasse la fantaisie, en engendrant surtout de mauvaises fictions ou de films à éviter soigneusement. Il se peut d’ailleurs que la réalité assume une allure joyeuse, où l’inattendu garde l’apparence et le style d’une humanité positive et ouverte.
Depuis une année, presque entièrement vouée à son obsession majeure — l’histoire des péripéties et des douleurs de Moussia, de ses deux maris et de sa fille Natasha —, mon ami hollandais Jan Doets a décidé, il y a juste un an, de se consacrer à une initiative collective assez extraordinaire, qui a obtenu un succès indéniable dans notre milieu. Le principal atout de son nouveau blog « Les cosaques des frontières » — une possible forme de petite maison d’édition numérique aux portes ouvertes — consiste dans la convivialité et dans la liberté absolue. Chacun est responsable de ce qu’il écrit et c’est tout. D’ailleurs, dans l’initiative de Jan Doets il y a ce trait d’union de la « diversité cosaque » énoncée plusieurs fois, même si de façon légère et insouciante. Cela doit signifier quelque chose dont j’aimerais un jour pénétrer la plus profonde signification.

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En rencontrant à Paris Jan Doets pour la deuxième fois, je n’ai pas trouvé immédiatement la réponse à cette dernière question. Nous en avons longuement parlé le 8 juillet dernier dans l’agréable soirée au « Petit Villiers », passée en compagnie de sa charmante compagne Hannelore ainsi que de ma femme Claudia, de Béatrice Bablon et de Noëlle Rollet.
Béatrice est la libraire « de A à Z » qui depuis des années alimente avec ses bouquins rares et importants la collection de textes français dont Jan Doets est justement très orgueilleux.
Noëlle est une blogueuse — au nom de bataille (@selenacht = nuit de lune) très envoûtant — qui a récemment consacré, dans son blog, un très intéressant article-interview à l’expérience des « cosaques des frontières » de Jan Doets.

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J’ai abordé le même sujet de la « vocation cosaque » le lendemain (9 juillet), lors de la visite à la collection italienne du Louvre avec Jan, Hannelore et Paolo Merloni dans le rôle de guide.

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Ensuite, dans la confortable ambiance des « Deux Magots », le débat a continué sans nous empêcher de grignoter une salade tout en jetant un coup d’œil sûr l’église de Saint-Germain des prés. Juste pour nous rappeler que deux Hollandais et deux Italiens garderont toujours leur enthousiasme de touristes à chaque immersion dans la forêt pluviale qu’on appelle Paris.

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Et finalement, quand Jan Doets a voulu essayer la taille du chapeau colonial du grand-père de Claudia, officier de marine mort tragiquement dans la mer Égée après le 8 septembre 1943, le mystère s’est expliqué.

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Jan Doets serait bien élégant dans une devise militaire quelconque ainsi que dans les draps redoutables d’un vrai « cosaque ». Et pourtant, ce nom passepartout ne doit pas être pris au pied de la lettre. Pour lui, tout comme ses interlocuteurs privilégiés, c’est l’humanité qui compte.
Une humanité, bien sûr, qui se rebelle aux « ghettos » de toutes les histoires. Car le plus important c’est la recherche de l’autre qui est derrière chaque texte ou dessin ou morceau musical. Et c’est aussi la certitude d’y trouver une affinité, quelque chose que les mots et les signes cachent toujours.
C’est cela qu’intéresse notre ami Jan Doets. Et c’est justement pour cette raison-là qu’il a réalisé, avec son blog, une espèce de zone franche ou « radeau de l’esprit » pour les écrivains, les poètes et les artistes francophones. D’ailleurs, « Les cosaques des frontières » ont leur « cerveau » à La Haye, incontournable ville-village de Hollande, mais, en définitive, si l’on voit les noms des participants et leur lieu de résidence habituelle, cette « plateforme nomade » pourrait se disloquer presque partout dans la planète francophone.
Peut-être, ceux qui envoient leurs textes ou leurs images à Jan Doets ont besoin de s’éloigner de temps en temps de leur « contexte ».
Quant à lui, Jan a besoin de donner libre cours à son grand amour. Et c’est pour l’amour de la langue française apprise et cultivée sur les romans de Camus et Saint-Exupéry, de Sartre et de Gide qu’il est déjà au deuxième « tour de l’amitié ».
En juin, il a visité Avignon, Aix-en-Provence et Marseille où il a rencontré Brigitte Célérier et Christine Zottele. Maintenant, après une visite à Amiens où il a vu Françoise Gérard, il vient d’achever cette brève halte à Paris dont je vous ai raconté l’essentiel. Tout de suite après, il est parti à Angers sur la Loire pour une autre étape…
D’autres en suivront, avant qu’il rentre chez soi. Pour un homme de presque quatre-vingts ans et pour sa femme aussi, ce n’est pas la « route du potager ». Mais la réalité est toujours pleine de surprises. Avec ces « promenades cosaques », des cercles invisibles se brisent, des habitudes se révèlent beaucoup moins indispensables qu’avant, une nouvelle idée de lecture et d’écriture basée sur l’échange et la confiance s’impose.

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D’ailleurs, si la culture reconnue et affirmée cesse de se battre pour le renouvèlement et pour la découverte de nouveaux écrivains et poètes (ne sortant nécessairement pas d’un « atelier d’écriture » branché ou d’une école renommée), si cette culture plus ou moins officielle accepte sans aucune réaction les logiques économiques et quantitatives qu’on voit de plus en plus s’imposer (dans le numérique tout comme dans le papier)… alors je ne me scandalise pas si par une certaine naïveté ou même par une « barbarie cosaque » des gens de talent essaient de frapper bruyamment aux portes closes.

Giovanni Merloni

écrit ou proposé par : Giovanni Merloni. Première publication et Dernière modification 12 juillet 2014 CE BLOG EST SOUS LICENCE CREATIVE COMMONS Ce(tte) œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Pas de Modification 3.0 non transposé.

La gloire éphémère d’un blog

09 lundi Juin 2014

Posted by biscarrosse2012 in échanges, commentaires

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Brigitte Célérier, Claudine Sales, Dominique Hasselmann, Elisabeth Chamontin, Francis Royo, Jan Doets, Laurent Margantin, Le Tourne à Gauche, Lucien Suel, Métronomiques, vases communicants

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Ceux qui lisent plus fréquemment mes textes, savent bien que rarement je suis un parcours linéaire ou, pour mieux dire, une piste décidée avant. Je préfère monter sur le strapontin d’un train ou, parfois, sur le redoutable support aérien du télésiège, en me laissant transporter par le vent, par une émotion tourbillonnante ou par un mot. Je fais cela même si je dois affronter un sujet sérieux ou inquiétant ou aussi dramatique. Car pour avancer j’ai absolument besoin d’un guide, d’une musique intérieure ainsi que de la sensation profonde de savoir où je veux arriver. Au sommet d’une montagne ? Dans une île cachée par les tempêtes ? Dans une ville triste et méconnue qui pourtant recèle d’incroyables trésors ? Je veux arriver là où tout le monde veut arriver. À une simple petite vérité capable de nous faire avancer, nous rendant provisoirement heureux. Parfois, la vérité est évidente. Mais pas tout le monde la voit. Certains ne sont pas en condition de la voir, d’autres s’y refusent. Même si parfois cette vérité est gentille, honnête, incapable de faire du mal à une mouche. Je me demande souvent pourquoi la plupart des hommes et des femmes n’ont pas envie d’exercer à fond leur naturelle curiosité, en dépassant les préjugés, les tabous et les idées reçues… Y a-t-il vraiment, dans cette attitude, une dose de masochisme, indispensable comme une drogue ou comme l’air, qui pousse les êtres humains à creuser des trous dans le sable (pour en faire des châteaux éphémères), avant de se consommer dans le besoin acharné et désespéré de montrer leurs chefs d’oeuvres à tout le monde ? Où est-il d’ailleurs le masochisme ? Dans la fabrique de châteaux que la déferlante effacera en un seul instant ? Dans la petite vanité de se mettre en compétition pour avoir la meilleure place au passage de la lumière ? Je ne vois aucun masochisme là-dedans. Mais je vois qu’il est bien stérile tout travail qui se répète chaque jour avec les mêmes rythmes et rituels. Ou, plus exactement, puisqu’aucune action humaine n’est en elle-même vraiment inutile… Mais de quoi parlé-je, au juste ?

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Je parle du travail culturel des blogs, de leur pulsion créatrice, de leurs créatures, ayant souvent de l’originalité, sinon de la vitalité expressive à part entière. On pourrait comparer les blogs aux anciennes boutiques des artisans d’une rue de Rome ou de Paris jusqu’aux années soixante et soixante-dix du siècle passé. Évidemment, les artisans de certains quartiers du centre avaient des chances majeures de voir rentrer dans leur boutique de bons clients. Mais, les rumeurs circulaient et tout le monde savait que quelque part (dans les faubourgs ou dans la banlieue) il y avait des artisans aussi capables que ceux-ci… Par conséquent, si les clients se déplaçaient volontiers, les artisans se rencontraient ou se faisaient la guerre sous les yeux de tout le monde. Le côté physique du déplacement des humains ne faisait qu’un avec celui du territoire… Tandis que maintenant rien n’est physique, au-delà des images renvoyées par les photos. Il n’existe plus un territoire unique pour l’échange réel des expériences ni vraiment un territoire tout court. En plus, les blogueurs ne sont pas de vrais travailleurs. Ils ne font que des démonstrations de leur talent, ou alors des exploitations gratuites de tout ce qu’ils ont à donner de mieux… D’un côté, pour les boutiques artisanales d’antan, on pourrait voir dans le marché — un marché bien sûr assez artisanal — le deus ex machina de la situation… de l’autre, pour notre constellation de blogs plongée dans un monde sans usines et même sans bureaux… il est presque impossible d’envisager une règle, des paramètres de jugement, un système de valeurs capables de donner à chacun ce qu’il s’attend et qu’il mérite. D’ailleurs, je crois que personne parmi ceux qui consacrent leur temps à la publication « par blog » n’accepterait l’idée qu’il le fait pour soi-même, pour se faire plaisir, pour remplir les vides d’une vie de plus en plus sombre et solitaire.

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Depuis une année et demie, par le biais du redoutable réseau social nommé Twitter, je fais partie d’une petite communauté francophone où beaucoup de personnages que j’estime vivement font leur apparition de temps en temps. C’est un petit village, qui reproduit, et cela est inévitable, tous les vices et toutes les vertus de tout village ou communauté au monde, et pourtant manifeste, dans le fond, une grande vitalité positive, une grande envie de sortir de l’anonymat. Ici, une des inventions le plus originales est représentée par les « vases communicants » fondés par François Bon, auxquels n’importe qui peut participer à condition de trouver un partenaire avec qui travailler, le premier vendredi de chaque mois, sur un sujet commun. On assiste d’ailleurs à plusieurs expériences « associatives » comme « les cosaques des frontières » guidés par Jan Doets ; la « dissémination » de la « web association » guidée par Laurent Margantin ; le « contrepoint » de Francis Royo et Claudine Sales et cætera. Les blogueurs se chargent souvent d’un temps d’écoute vraiment admirable si l’on considère le temps de plus en plus réduit que chacun a à disposition pour réaliser matériellement son propre blog. La lecture réciproque rapproche ces nouveaux artisans entre eux. Donc ils s’entraident, par petits groupes, dans le but de rompre l’isolement de l’un et de l’autre. Un petit radeau avance joyeusement à la dérive, grâce à l’enthousiasme de plusieurs volontaires ainsi qu’à la présence constante de témoins et guides comme le Quatrain quotidien d’Élisabeth Chamontin et Paumée de Brigitte Célérier. Ici et là, la qualité des publications — articles-reportages, textes littéraires, poésies ou œuvres graphiques — est vraiment remarquable. Je voudrais citer le SILO de Lucien Suel, ainsi que les textes de Claude Meunier et les articles métronomiques de Dominique Hasselmann. Mais le travail des blogueurs — quotidien, arythmique ou carrément irrégulier — produit beaucoup d’autres « belles choses », faisant entrevoir une possibilité… une nouvelle façon de s’exprimer à côté de tout ce qui existe et en même temps une nouvelle façon de s’exprimer tout court. Cela arrive spontanément, grâce à l’initiative de chacun ainsi qu’à ces formes embryonnaires d’échange et de partage dont j’ai parlé. Et cette activité crée des contextes, des lieux d’échange virtuels… Pourtant le caractère éphémère qui caractérise cette activité même — avec les soudaines disparitions de blogueurs qui avaient donné le sang pour cet échange aussi nécessaire à la créativité comme à la langue et à la culture francophone — nous révèle aussi l’absence dramatique d’un véritable contexte. Ainsi que le manque de toute possibilité de mettre en relation les blogs avec les produits artistiques et littéraires reconnus, en établissant évidemment des critères de choix et de sélection aussi… On dirait que la solution de cette fracture est dans le numérique, c’est à dire dans une différente forme de publication virtuelle. Je ne crois pas que ce soit là le centre du problème.

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Une première génération de blogueurs s’est déjà sacrifiée devant un mur de sous-évaluation ou d’indifférence de la part des milieux culturels et artistiques crédités. On est maintenant à la deuxième génération et l’on souffre encore le même problème, tandis que l’évolution qualitative dans ce domaine demanderait, je crois, la présence active et constante de nouveaux Zola — ou Breton, ou Elio Vittorini — désintéressés, se chargeant de suivre de près le travail de tous ceux qui apportent quelque chose d’intéressant et de sincère, en brisant le cercle vicieux de la compétition individualiste de quelqu’un ainsi que la générosité naïve de quelqu’un d’autre. D’ailleurs, il ne faudrait pas permettre que certains patrimoines d’énergies et d’idées — par exemple le travail généreux que nous avons aimé dans le Tourne-à-gauche ainsi que dans Métronomiques — se dispersent tout à fait, pour rester juste dans la mémoire éphémère d’une dizaine de suiveurs attentifs.

Giovanni Merloni

écrit ou proposé par : Giovanni Merloni.  Première publication et Dernière modification 9 juin 2014

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Un fort Bastiani parmi les toits de La Haye

20 mardi Août 2013

Posted by biscarrosse2012 in échanges, commentaires, contes et récits

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Dino Buzzati, Jan Doets, la haye

001_ballons_montgolfières DH_BC

Depuis la terrasse de Jan Doets, en plein centre de La Haye, j’ai vu des ballons voltiger parmi les sombres clochers en brique. C’était au couchant de la mi-août et les deux ballons-montgolfières auraient bien pu arriver de la France, cette patrie littéraire qui avait comblé nos étranges discours de passionnés incertains. Alors, j’ai formulé l’hypothèse selon laquelle Dominique H. était accroché au ballon qui occupait le quartier du ciel plus en haut, devenu pâle et transparent, tandis que le deuxième ballon, aussi agréable que l’autre mais plus hésitant — apparemment dégonflé et prêt à tomber parmi les toits — cachait, cela venait par conséquent, l’élégante silhouette de Brigitte C..

Mais, personne n’a frappé à la porte. Pour le moment, juste un lien virtuel s’était transformé en connaissance réelle, avec l’avantage, pour moi, non seulement de découvrir le « village » de La Haye et ses alentours ordonnés et insouciants, mais aussi, surtout, de connaître un personnage tout à fait hors du commun.

002_jan 2 part BN Voilà deux photos que j’ai prises de Jan Doets sans qu’il s’en aperçût. 003_jan tre quarti NB

Elles sont déjà expressives de la personnalité pleine d’énergie de ce vieux loup de mer dont l’air joyeux et discret semble inversement proportionnel à une vie que j’imagine intense et parfois difficile. Ce qui m’étonne le plus est son choix opiniâtre de vivre « en français » dans un monde, la Hollande d’aujourd’hui, qui ne reconnaît plus cette langue comme indispensable pour les échanges culturels et humains.

Cet homme qui a lu tous les livres de Camus et nous a raconté, dans son blog, l’histoire de la Russe Moussia, « Française de goût », se considère un cosaque de frontière, le Giovanni Drogo du Désert des Tartares de Dino Buzzati se trouvant relégué dans une forteresse très éloignée et sombre, isolée du reste du monde : « Quelle triste erreur, pensa Drogo, peut-être en est-il ainsi de tout, nous nous croyons entourés de créatures semblables à nous et, au lieu de cela, il n’y a que gel, pierres qui parlent une langue étrangère ; on est sur le point de saluer un ami, mais le bras retombe inerte, le sourire s’éteint, parce que l’on s’aperçoit que l’on est complètement seul. » (Dino Buzzati, Le Désert des Tartares, chapitre 10, Robert Laffont, 1949)

Pourtant cet homme plein d’enthousiasme et d’ironie ne se contente pas de la seule consolation des livres… Il lance des signaux de fumée auxquels j’ai eu la chance de répondre en premier et d’autres aussi y répondront bien sûr, s’accrochant à des ballons-montgolfières ou à des trains à grande vitesse.

Les Pays-Bas ne sont pas vraiment si éloignés que l’on peut imaginer. Mais les distances physiques sont toujours réelles. Et, si j’y pense, si je me vois assis ou pour mieux dire verrouillé à mon fauteuil au milieu du quartier parisien des deux gares, si je me souviens de l’interminable hiver dernier, qui ne devenait jamais printemps, je crois que Jan Doets a raison lorsqu’il dit que je suis, moi aussi, un des cosaques des frontières dont il veut causer dans son nouveau blog…

Giovanni Merloni écrit ou proposé par : Giovanni Merloni. Première publication et Dernière modification 20 août 2013 CE BLOG EST SOUS LICENCE CREATIVE COMMONS Licence Creative Commons Ce(tte) œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Pas de Modification 3.0 non transposé.

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