le portrait inconscient

~ portraits de gens et paysages du monde

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Archives de Tag: Ambra

Pourtant, je courais, la main appuyée sur le point rouge du cœur… (La pointe de l’iceberg n. 3)

31 vendredi Août 2018

Posted by biscarrosse2012 in contes et récits, poèmes, portraits inconscients

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Ambra, La. pointe de l'iceberg

« Je faisais des rêves à thème escompté, je ne voulais rêver que d’une seule manière : les mots et les rambardes devaient suivre des marches imprégnées de lumière, tandis que petit à petit, telles des révélations, jailliraient du rêve même des femmes nues…
Pourtant, je courais, la main appuyée sur le point rouge du cœur… je descendais dans la sombre terreur de grottes abruptes où je sentais la lumière s’estomper doucement dans le noir. Et c’était monstrueux de me découvrir renfermé là-dedans, ô combien seul ! »

Nous marchons

Nous marchons
les yeux humides
les rêves cachés
les mains et les cœurs serrés
avec le remords et la peur
de cette joie stupide
qu’on appelle bonheur.

Nous nous regardons
dans les yeux, à travers
une poussière de lumière
qui frôle nos cœurs cachés
et nos mains enchevêtrées
tandis qu’au coin sombre de la rue
nos lèvres inconnues
se rencontrent volontiers.

Giovanni Merloni

Amour et goudron – Intervalle poétique du Journal d’Alfredo (Journal de débord n. 45)

23 jeudi Mar 2017

Posted by biscarrosse2012 in poèmes

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Ambra

Giovanni Merloni, mars 2017

Cette poésie de 1963, « insouciante et polémique » à la fois — traduite et déjà publiée sur ce blog le 5 mai 2013 —, marque un moment de pause, un intervalle  entre les deux premières parties du Journal d’Alfredo (« Une mère française » ; « À Rome ») et la troisième partie (« L’île ») consacrée au récit de cet été inoubliable à Procida, l’île d’Arturo (1) et de Graziella (2). Avec ce nouveau récit, l’histoire d’Agata et Alfredo démarrera le prochain dimanche 2 avril et se terminera à la moitié du mois de mai. Les 19 épisodes relatifs sortiront tous les dimanches, mardis et jeudis.

Avec la suivante « citation poétique » inspirée par la « nostalgie de la désacralisation », les lecteurs sont autorisés à faire des hypothèses au sujet des ressemblances, certes impressionnantes, entre l’Agata qu’aime Alfredo et cette Ambra, elle aussi blonde et également souple, moqueuse et idolâtrée.
Tout est possible, même si les personnages d’une fiction s’éloignent inévitablement de leur premier modèle avec une incoercible pulsion à le démentir et même à le trahir. Sinon, combien de différences y a-t-il, selon vous, entre l’Agate et l’Ambre ?
Giovanni Merloni

(1) « L’île d’Arturo », Elsa Morante, Einaudi 1957. Traduction en français : Michel Arnaud, 1963. Folio Gallimard, 1978
(2) « Graziella », Alphonse de Lamartine, 1852. Folio Gallimard, 1979

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Giovanni Merloni, Vive le 14 juillet 1789 ! – 1998-2013

Amour et goudron 

Je me moque de toi
de ton odeur de savon
de tes joues sans fard
de tes yeux sans artifices
de tes chaussettes blanches.

Tu te moques de moi
de mes cheveux longs
en désordre parfait
qui me font délinquant
et tu ris également
de mon air trop sérieux
si j’affiche, souriant
des cheveux coupés courts
d’apprenti militaire
diligent et ordinaire.

Je m’amuse à ridiculiser
ta mode pervertie,
tes jupes imprévisibles,
tes lunettes fumées.

Tu me juges égoïste,
un faux sentimental
rangeant tant bien que mal
les femmes dans une liste
un type qui tire à vue
sur les pigeons de la rue
traînant ses yeux d’épervier
au hasard dans le quartier.

« Un remède au verbiage,
au chagrin de l’ennui
ce serait, tu me dis,
qu’on installe un grand lit
sur ce pénible goudron
au beau milieu du tourbillon
de laques et poussettes

ce serait — quel défi ! —
s’embrasser à l’infini
devant ces gens normaux,
dérangés, indignés, apeurés
ne faisant qu’un, mon chéri,
avec ces sombres poteaux
au feuillage hébété

ce serait un bouchon routier
des voies érogènes
se frayant un chemin fantaisiste
parmi les alambics et les gênes
d’une liturgie conformiste

ce serait finalement le baiser
de deux langues ensanglantées
dans le grabat mortel
d’une église abandonnée ! »

002_République part 740

Ciao, ma belle morveuse,
évitons de trop fouiller !
Respirons du fond du nez
les aiguilles de pin
se mêlant aux piqures sans fin
de nos rhumes étourdis !

Marchons, les pieds légers
— un, deux ! un, deux ! —
à l’abri de l’amour et du vice
au-dessous des ombres complices
de notre tout premier
quatorze juillet !

Giovanni Merloni

TEXTE ORIGINAL EN ITALIEN :

Cette poésie est protégée par le ©Copyright, tout comme les autres documents (textes et images) publiés sur ce blog.

Je serai dans la mer, tel un rêve lointain, 1963 (Ambra n. 6)

02 vendredi Déc 2016

Posted by biscarrosse2012 in poèmes

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Ambra

l'eterno femminino 740

Giovanni Merloni, 1987

Je serai dans la mer, tel un rêve lointain

Tu me racontes, essoufflée, le secret souvenir
de ton île lointaine où ton cœur s’engloutit.

Tu m’esquisses, ravie, des maisons et des roches
les contours et les ombres, que de sombres couteaux
creusent à fond, dessinant de ruelles bien étroites.

C’est un homme qui ressemble à ma sombre jalousie
l’être flou, imprégné de soleil et de sel
qui marchant et courant dans le port s’enfouit.

Toi aussi, tu t’imprègnes de l’écume de la mer
comme ce port qui t’attend et cet homme solitaire
que tes mots revenants contraindront à sourire.

Si ce port, un beau jour, te voyant arriver
s’empreindra de soleil et de barques
et tes gestes enivrés grimperont cette terre
je serai dans la mer, tel un rêve lointain.

002_freccetta-001-180

Giovanni Merloni

TEXTE ORIGINAL EN ITALIEN 

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Soixante-deux poèmes pour Ambra, « idole de la nuit »

12 mardi Jan 2016

Posted by biscarrosse2012 in poèmes

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Ambra

001_legata granello

Soixante-deux poèmes pour Ambra, « idole de la nuit »

Chers lecteurs et lectrices,
Je suis en attente d’une réponse, de la part de Caramella, que je juge très importante pour notre correspondance et pour la suite de mon engagement réel et virtuel avec notre commun passé reculé… Une époque très adaptée d’ailleurs aux chants poétiques de femmes mystérieuses comme Caramella ou carrément inexistantes sinon liées à des grains de sable… Une époque où la page blanche se voyait consacrée aux larmes désespérées tandis que la page grise, verte et rose de la réalité quotidienne ne manquait pas, au contraire, de moments inattendus d’insouciance et d’allégresse…
Je profite de cette rupture momentanée pour vous faire part aujourd’hui d’un deuxième résultat de mon engagement obscur… visant à rendre mon blog de plus en plus transparent et disponible pour une consultation mieux organique qu’avant.
Après vous avoir mis en relation avec l’ensemble des poèmes du recueil « Ossidiana », dorénavant, vous pouvez trouver ici, si cela vous intéresse, la totalité des 62 poèmes du recueil « Ambra », qu’on peut aussi lire « en continu » — renversés par rapport à l’ordre chronologique —, en cliquant sur « Ambra », le mot de passe qui figure aussi dans le « nuage » sur le côté gauche de la page d’accueil.
Je ne suis pas en condition d’encadrer « historiquement » ce groupe de poésies, adressées pour la plupart à la jeune femme qui partageait mes premières vicissitudes moins passionnées que sentimentales. Je peux simplement vous certifier que celle-ci avait de cheveux longs à la Catherine Spaak ainsi qu’un authentique humour napolitain. Elle avait tellement bien réussi, dans son but de me faire sortir de mon cocon, que parfois j’eusse frôlé la folie ou alors l’idolâtrie. Accompagnées par une certaine incrédulité de ma part, deux expressions à elle resteront sculptées dans ma mémoire. La première était au sujet de Venise, à mon avis la ville plus belle au monde, où je voudrais pouvoir me rendre au moins une fois par an, si cela était possible. Bon, pour Ambra « Venise puait, sentait l’œuf pourri… » ! La deuxième était un peu sa carte de visite : « l’exception confirme la règle ». Décontenancé par ces deux phrases, j’ai toujours résisté quant à Venise, sans pourtant réussir à la convaincre de m’y suivre… et, pour ce qui concerne l’exception et la règle j’ai essayé de suivre la règle quand elle s’attendait à l’exception, et vice-versa. On ne peut rien contre la mathématique appliquée à la vie d’un jeune homme exubérant et maladroit.
D’ailleurs, je ne peux pas considérer comme accompli mon devoir envers ce morceau encore vif et important de mon « vécu désormais révolu », appartenant à la première moitié des années 1960. L’engagement qui m’attend, comme dans le cas d’Ossidiana, ce sera surtout celui de retravailler une à une les poésies d’Ambra encore imparfaites ou inexpliquées.
Pour conclure, un petit mot sur le ©Copyright. J’ai abandonné le système Créative Commons par ce que la presque totalité des textes que je publie ici sont originaux. Je les ai assujettis à une double forme de tutelle : soit en posant le blog sous les soins de Copyright France soit en déposant les textes au fur et à mesure dans un lieu sécurisé. Donc, dans la pleine liberté de visite et de consultation, je demande à tous les visiteurs du « portrait inconscient » de respecter mes droits d’auteur des textes et des images graphiques ici publiés.

Giovanni Merloni

002_spaak - copie

Perdono, chantée par Catherine Spaak, texte et musique de Gino Paoli

ARCHIVES DE TAG: AMBRA

J’arracherai ces haillons, 1962 (Ambra n. 1)
02
Mercredi
Jan 2013

Ma vocation à la vie, 1962 (Ambra n. 2)
04
Lundi
Feb 2013

Ils vont récupérer leurs habits quittés, 1962 (Ambra n. 3)
04
Lundi
Feb 2013

Tout seul je marchais, le soleil à la nuque, 1962 (Ambra n. 4)
04
Lundi
Feb 2013

Un nuage te cache, 1962 (Ambra n. 5)
28
Jeudi
Feb 2013

Tu racontes tes souvenirs, 1963 (Ambra n. 6)
12
Mardi
Mar 2013

La cigarette, 1963 (Ambra n. 7)
15
Vendredi
Mar 2013

Les pieds sur terre, 1963 (Ambra n. 8)
16
Samedi
Mar 2013

Amour et goudron, 1963 (Ambra n. 9)
19
Dimanche
May 2013

Tu me parles d’une autre ville, 1963 (Ambra n. 10)
19
Dimanche
May 2013

Ici/là, 1963 (Ambra n. 11)
19
Dimanche
May 2013

Tu es le soleil et la pluie, 1963 (Ambra n. 12)
21
Vendredi
Jun 2013

Hier, je fouillais des cieux sales, 1963 (Ambra n. 13)
22
Samedi
Jun 2013

Rideau noir, 1963 (Ambra n. 14)
16
Samedi
Nov 2013

Au musée, 1963 (Ambra n. 15)
17
Dimanche
Nov 2013

Je ne cesse de t’aimer, 1963 (Ambra n. 16)
29
Vendredi
Nov 2013

Nous partirons un jour, 1963 (Ambra n. 17)
01
Dimanche
Dec 2013

Ma guitare a mille voix, 1963 (Ambra n. 18)
01
Dimanche
Dec 2013

Même pas une caresse, 1963 (Ambra n. 19)
01
Dimanche
Dec 2013

J’avais rêvé (Ambra n. 20)
01
Dimanche
Dec 2013

Dans l’enclos de la nuit, 1964 (Ambra n. 21)
01
Dimanche
Dec 2013

Le corps renversé dans la nuit, 1964 (Ambra n. 22)
01
Dimanche
Dec 2013

L’attente, 1964 (Ambra n. 23)
01
Dimanche
Dec 2013

L’étranger, 1964 (Ambra n. 24)
01
Dimanche
Dec 2013

Plongeons-nous dans l’incompréhension, 1964 (Ambra n. 25)
01
Dimanche
Dec 2013

Je ressemble, 1964 (Ambra n. 26)
17
Mardi
Dec 2013

Je sais que je l’aime, 1964 (Ambra n. 27)
17
Mardi
Dec 2013

Tu me parles en anglais, 1964 (Ambra n. 28)
18
Mercredi
Dec 2013

Nous attendons, 1964 (Ambra n. 29)
19
Jeudi
Dec 2013

Quand tu n’es pas là, 1964 (Ambra n. 30)
20
Vendredi
Dec 2013

L’aube rentre dans le fleuve, 1964 (Ambra n. 31)
21
Samedi
Dec 2013

Le matin gris frappe aux rideaux de fer, 1964 (Ambra n. 32)
22
Dimanche
Dec 2013

Idole de la nuit, 1964 (Ambra n. 33)
02
Jeudi
Jan 2014

Non, 1964 (Ambra n. 34)
07
Mardi
Jan 2014

Toi qui passes toute seule, 1964 (Ambra n. 35)
07
Mardi
Jan 2014

Mémoires de la plateforme (d’un bus), 1964 (Ambra n. 36)
07
Mardi
Jan 2014

Le train est parti, il nous a séparés, 1964 (Ambra n. 37)
28
Vendredi
Mar 2014

Dans le cœur sombre et noir de la rue, 1964 (Ambra n. 38)
29
Samedi
Mar 2014

Adieu, amour du vrai amour, 1964 (Ambra n. 39)
28
Mercredi
May 2014

Pour nous qui oublions toujours, 1964 (Ambra n. 40)
06
Vendredi
Jun 2014

La police défonça la porte, 1964 (Ambra n. 41)
16
Lundi
Jun 2014

« Papa est mort… », 1964 (Ambra n. 42)
17
Mardi
Jun 2014

Renfermez dans quatre lignes nettes, 1964 (Ambra n. 43)
20
Vendredi
Jun 2014

Je me joins au cortège de pas, 1965 (Ambra n. 44)
20
Vendredi
Jun 2014

Des ombres roses et célestes, 1965 (Ambra n. 45)
20
Vendredi
Jun 2014

La banlieue  allume des réverbères  démesurés, 1965 (Ambra n. 46)
20
Vendredi
Jun 2014

Vraiment personne, 1965 (Ambra n. 47)
20
Vendredi
Jun 2014

Vous, gens rusés, 1965 (Ambra n. 48)
20
Vendredi
Jun 2014

Le cirque de la vie, 1965 (Ambra n. 49)
22
Dimanche
Jun 2014

Viens, de nouveau ! 1965 (Ambra n. 50)
25
Mercredi
Jun 2014

Jour et soir, 1965 (Ambra n. 51)
26
Jeudi
Jun 2014

J’attends, 1965 (Ambra n. 52)
26
Jeudi
Jun 2014

J’ai écrit sur le rocher, 1965 (Ambra n. 53)
26
Jeudi
Jun 2014

La grotte à la forme d’oreille, 1965 (Ambra n. 54)
26
Jeudi
Jun 2014

Sur cette table, des feuilles, 1965 (Ambra n. 55)
26
Jeudi
Jun 2014

Des carrosses sous les pieds, 1965 (Ambra n. 56)
26
Jeudi
Jun 2014

Je serai un nomade, 1965 (Ambra n. 57)
22
Mardi
Jul 2014

Ne dis rien, 1965 (Ambra n. 58)
23
Mercredi
Jul 2014

Les chiens, je les rends à la pluie, 1965 (Ambra n. 59)
26
Samedi
Jul 2014

À présent, 1965 (Ambra n. 60)
29
Mardi
Jul 2014

Le calme adieu du vent, 1965 (Ambra n. 61)
29
Mardi
Jul 2014

Je te suis redevable, 1965 Ambra n. 62)
13
Mardi
Jan 2015

Giovanni Merloni

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Toutes ces poésies sont protégées par le ©Copyright, tout comme les autres documents (textes et images) publiés sur ce blog.

TEXTES EN ITALIEN

Je te suis redevable, 1965 Ambra n. 62)

13 mardi Jan 2015

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Ambra

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Giovanni Merloni, Une rencontre ratée, janvier 2015

Je te suis redevable

À présent, je sais bien
ce que j’aurais dû faire
ce que je n’ai pas fait
m’en dérobant, au contraire,
sous le prétexte de tes fautes
de tes silences
de tes grimaces.

Si je fouille là-dedans
dans nos rencontres dissymétriques
dans nos souffles biais
je vois ce que j’aurais pu donner
en échange de ton manque
de force et de courage.

Et pourtant
je te suis redevable
d’un après-midi
où j’ai ri, j’ai pleuré,
de ce jour de souffrance absolue
où j’ai sculpté
jusqu’au bout silencieux
de mon cœur,
pour y laisser ce que je ne savais pas
ce que je n’avais pas compris.

Je te suis redevable
de longs jours de silence
et de foudroyant bonheur.

Je te suis redevable
de cet étrange cynisme
qui m’a fait rouler en arrière
dans le néant et le vide.

Je te suis redevable
d’un « non » sec
que j’ai tranché de but en blanc,
sans hésiter,
de cette force absurde
de refuser l’amour
— pourquoi pas ? —
à jamais.

Si tu venais me chercher
dans la rue sombre,
tu ne m’aurais pas reconnu.
Ou alors, me voyant rire
et pleurer, indifférent
à la pluie battante,
tu n’aurais rien compris,
peut-être.

Giovanni Merloni

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TEXTE EN ITALIEN

Le calme adieu du vent, 1965 (Ambra n. 61)

29 mardi Juil 2014

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Ambra

001_le calme adieu du vent def 740

Giovanni Merloni, 1991-2013

Le calme adieu du vent 

De milliers de balayeurs
passent au-dessus
sur ces feuilles de novembre
éparpillées dans la boue
triste adieu du vent.

La nuit, surprise par les pas
se ratatine dans les pâles néons
de rares vitrines.

Ils s’en vont. Peut les voir
juste quelqu’un qui se lève
qui s’étonne avec eux
découvrant les enseignes et les murs
encore là, inchangés depuis hier.

Dieu seul sait pourquoi
oui, pourquoi se sont-ils échappés
(comme des voleurs)
de cette assez laide pension
sans vue sur la mer ?

Ce sont deux ombres difformes
au départ, qui piétinent
au milieu des feuilles
leur mutisme matinal.

Cette ambiance de la rue
ne sait devenir ni adulte ni aimable ;
il n’est ni mort ni vivant
cet amour empêché
sans lits ni toits
et vraiment sont bien vides
leurs énormes valises.

Mal assurés, zigzaguant
autour des confins de l’aube
ils s’en vont les amants
du plein air, ils s’en vont
les habitués des heures de soleil
tout en cherchant
derrière le mur de la nuit
le calme adieu du vent.

Giovanni Merloni

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TEXTE EN ITALIEN

À présent, 1965 (Ambra n. 60)

29 mardi Juil 2014

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Ambra

001_à présent 180

Giovanni Merloni, gouache, juillet 2014

À présent 

I
À présent, les marches
de l’escalier
entre toi et moi
ont augmenté.
À présent, on se comble
de mots, de la peur
que le silence nous tue.
À présent,
chacun de nous devient
inutile à l’autre,
chacun se perd
dans un cercle
de plus en plus froid
et lointain.
Et pourtant,
même dans nos mots
bien connus, arides,
de plus en plus idiots,
un élan sincère survit
envers ces jours lointains
(heureux, béats,
insouciants aussi),
quand les mots
se mêlaient aux baisers,
quand — te souviens-tu ? —
nous descendions
(moi, depuis Mars,
toi, depuis Venus),
chacun à la rencontre
d’un imparfait
inconnu.

II
« Je pensais alors à l’adieu
entre deux muets.
Je souriais à l’idée de deux statues
qui s’avouent l’une l’autre
des secrets inacceptables.
Je ricanais en imaginant
l’emportement
de deux malades
en train de lancer
leurs oreillers
contre le mur invisible
qui les sépare.
Je disparaissais dans la nuit
avare de mots, en nous
voyant, moi et toi,
en train de nous
effondrer,
comme les profils noirs
de deux îles,
dans la mer. »

Giovanni Merloni

TEXTE ORIGINAL EN ITALIEN

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Les chiens, je les rends à la pluie, 1965 (Ambra n. 59)

26 samedi Juil 2014

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Ambra

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Giovanni Merloni, gouache, juillet 2014

Les chiens, je les rends à la pluie

Personne, entre nous deux,
ne se repentit plus.

Personne ne cherche plus
les mots adaptés.

Personne n’attend
que le jour du présent
se couche, que le jour
du futur se lève.

Personne ne vit
jusqu’au bout.

Personne, entre moi
et toi, ne sait plus
ce que cela veut dire
espérer.

Personne ne trouve
le courage
de dire
que nous ne nous aimons
plus.

002_cocca a2 180

Giovanni Merloni, gouache, juillet 2014

Les chiens, je les rends à la pluie
pour qu’elle les trempe
jusqu’aux os.

Au vent, je rends ce train
qui m’a guidé ici, près de toi,
pour que tu me rendisses tous les jours
que tu m’avais volés.

Demain, quand je serai parti
sous la pluie
tu te rendras, timide,
près de la gare vide
tourmentée par le vent.

Sous cette marquise
fouettée par la brise
tu vieilliras
au jour le jour
de plus en plus seule
dans la pénible besogne
de compter
tous les jours perdus
de cet amour tordu
et que personne
ne nous rendra
plus.

Giovanni Merloni

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Ne dis rien, 1965 (Ambra n. 58)

23 mercredi Juil 2014

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Ambra

001_ne dis rien b iPhoto 180

Ne dis rien

La première chose
essaie de comprendre
le schéma du monde.

Puis, sans rien
dire, cloue trois
planches de bois,
couvre-toi
de sable et d’ivresse.

Puis, si tu veux,
mets-toi à pleurer,
ou alors rame.

Accroche-toi
à l’arbre,
au fil,
au train.

Ne dis rien.

Il suffit de se taire,
de laisser que ce soient
les autres
à parler.

Enfin, laisse
que la lumière rentre,
révélatrice.

Et, même si
tu auras perdu
tout ce que tu avais,
n’arrête pas de te taire,
ne dis rien.

Giovanni Merloni

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Je serai un nomade, 1965 (Ambra n. 57)

22 mardi Juil 2014

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Ambra

221_nomade 01 180

Giovanni Merloni, gouache juillet 2014

Je serai un nomade

I
Je quitte le lit
de plus en plus fatigué.
Je m’accoude sur la rue,
sachant déjà
qu’il ne m’excite plus,
le ciel, même
purifié par la pluie.
Je découvre
que cette violente lumière
ne m’invite plus
à savourer l’air du matin,
l’odeur de café
et de journaux.

Aujourd’hui, je ressens le poids
de millions de regards
comme le mien,
de millions de pas démesurés
qui se croisent sans façon,
d’innombrables énergies
qui se brûlent, sans prendre
le temps
de réfléchir ni de penser.

Aujourd’hui, renfermé
dans une nouvelle désolation,
j’éprouve presque de l’envie
pour ceux qui n’ont
qu’une façon d’être,
pour ceux qui vivent
une vie seulement.

002_frescona 180

Giovanni Merloni, gouache juillet 2014

II
Je serai un nomade
je me passerai de ces murs
j’oublierai
ces vitrines,
ces bancs publics
ces fontaines.

Ils me manqueront
nos pas
nos croche-pieds
nos pièges.

Je serai parti
pour chercher dans les ombres
nos ombres,
dans les rencontres
nos rencontres,
dans les baisers
nos baisers.

Je voyagerai
tout en retenant
le souffle,
dans l’attente
d’une petite voix
égale à la tienne
se frayant un chemin
inespéré
dans le lourd manteau
du silence.

Tu es la terre que je quitte
celle que je suis en train
de trouver.

Je partirai, inévitable-
ment. Entre-temps, ton image
(prisonnière,
sur la vitre,
entre la buée et la pluie)
se décolorera
doucement
en hommage à l’esprit
décadent
(qui m’avait anéanti),
que je vais, finalement,
abolir.

Giovanni Merloni

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