le portrait inconscient

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Archives de Tag: Avant l’amour

Mon cœur est une charmille (Avant l’amour n. 38)

27 mercredi Mai 2015

Posted by biscarrosse2012 in poèmes

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Avant l'amour

001_charmille n&b 001 180

Mon cœur est une charmille

Mon cœur est une charmille
qu’au vent s’égosille
s’arrachant au sable.

Enchevêtrés par leurs mots embarrassés
devant mes veines se promènent
des couples dégoulinants d’euphorie :
je voudrais m’extirper
aller à la rencontre de la vie
et aimer.

Giovanni Merloni

Cette poésie est protégée par le ©Copyright, tout comme toutes les autres poésies publiées sur ce blog. 

Deux chansons aux étoiles (Avant l’amour, n. 37)

26 mardi Mai 2015

Posted by biscarrosse2012 in poèmes

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Avant l'amour

001_zodiaco Iphoto 180

Deux chansons aux étoiles (1962)

I.
Moi et toi
nous sommes deux petits Soleils
qui brûlent égoïstes
dans leur lumière
immense
qui ne savent pas pourtant
combien le monde leur ressemble.

Nous sommes deux présences toutes proches
dans un jeu irréel
d’explosions
et d’échecs.

Dans un vide d’ombre
entre deux murs
nous nous éloignons
de moi et de toi.

Si je savais voler
je ne voudrais pas y être
en cette fiction.

Si je savais m’envoler,
je n’aimerais pas que toi
et cette terre dont tu t’habilles
cette terre dont tu te nourris…

Pourtant j’y reste, sur cette terre
léchée par la lune
où je te redécouvre
différente, à chaque matin,
avec ton haleine parfumée
de constance…

002_la pineta di belsito 62 180

II.
Toi
tu es un petit soleil
qui brûle égoïste
dans sa lumière
dense,
tu ne sais pas pourtant
combien le monde te ressemble.

Cesse de m’aimer,
éclipse-toi !
Fais demi-tour
en une seule fois !

Je veux atteindre maintenant cette haleine différente
qui ne sent pas la poussière.

Adieu.

Toi aussi tu es libre
de voltiger
et de te perdre
dans une musique
insaisissable.

Ne te tourne pas,
ne scrute pas mes larmes
enregistrant mon chagrin
pour ce « big bang »
qui nous sépare

pour mon égarement
sans remède

pour un matin comme ça
qui jamais ne reviendra.

006_1960cortina_033 180

Giovanni Merloni

TEXTE ORIGINAL EN ITALIEN 

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J’aime les blancs rouleaux (Avant l’amour, n. 36)

26 mardi Mai 2015

Posted by biscarrosse2012 in poèmes

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Avant l'amour

001_paxos 1990 (63) 180

Île de Paxos (Grèce), 1990

J’aime les blancs rouleaux

Sous l’eau mille poissons
se poursuivent au milieu des algues
seuls et muets

sous la lumière qui filtre
un thon gris lutte
avec une langouste
une sirène les yeux fermés
traverse l’encre
de mille calamars

sous les rayons croisés
de la lumière dans l’eau
le monde s’enroule
sans cesse, révélant
des jardins secrets,
absorbant sans regrets
dans le silence d’une chanson
la voix secrète de la mer.

002 Sardegna Paolo (36) 180

Sardaigne, 1980

Se retourne et se gonfle
autour de moi, la vague
qui jamais s’apaise, la vague
qui ne meurt jamais.

Nous sommes impuissants !

Au loin, dans l’horizon
toujours nouveau
pour ceux qui s’approchent
tout se perd :
là-bas la mer est ciel.

S’adossant au vaisseau en voyage
les rouleaux menaçants
(de plus en plus gonflés et superbes)
voudraient nous noyer
ou alors nous caresser,
nous recouvrir du sel
qui brûle, en nous donnant
un parfum de tempête
messager d’une mort violente,
sans issue.

 

004 Sardegna Paolo (38) 180

Sardaigne, 1980

Quelqu’un,
impuissant vis-à-vis de la force
de ces gifles inhumaines
de cette eau infinie,
pourrait même haïr les rouleaux.

J’aime l’écume des océans
les algues des écueils
j’aime les blancs rouleaux
qui ne connaissent pas leur force.
J’aime l’océan.

003_arcachon 19 180

Cap Ferret (Aquitaine), 1996

Ici, dans nos abris,
n’arrivent pas les baleines
ni les os des requins.
Ici, où la mer semble se calmer
tout autres rouleaux
qui connaissent leur force
déchirent et écrasent les cœurs.

Ici, nous sommes impuissants !

Nous cueillons de blanches
méduses, nous empochons
le coquillage des siècles.

Mais nous ne savons pas
aimer
ceux qui sont loin de nous
ceux qui nous aiment
sans nous comprendre.

005_ringhiera 180

Île de Chios (Grèce), 2004

Giovanni Merloni

TEXTE EN ITALIEN

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Des marines (Avant l’amour, n. 35)

26 mardi Mai 2015

Posted by biscarrosse2012 in poèmes

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Avant l'amour

001_des marines 001 180

Sardaigne, 1980

Une épine dans le sable

Une épine dans le sable
parmi le coquillage,
des ossements, une arête.
On voit un œuf souillé
une écorce.

(Je caresse tes cheveux
c’est dans tes yeux que je me perds.)

Il n’y a pas de fleurs
ni de cailloux brillants.
Au loin, les pins volent
agitant leurs ombrelles.
Je crois t’aimer.
— Tiens, quel plongeon !
Il se noie ! Non, ce n’est rien.

(Je me perds dans tes yeux
ce sont tes cheveux que je caresse.)

002_des marines 002 bis 180

Sardaigne, 1980

Un cœur vulnérable étudie 

Un cœur vulnérable étudie
le déferlement des vagues
et la coulée de larmes et de sel
sur deux paupières
limpides.

Il étudie son silence
tout en demeurant assis
sur son peignoir.

Il voit s’approcher
un voile parfumé
deux pas
brûlant sur le sable.

Un cœur vulnérable
est frappé à l’improviste
par le souffle de l’amour
par le regard de l’amour
par la voix de l’amour.

003_des marines 003 180

Sardaigne, 1980

Si la mer est profonde 

Si la mer est profonde
ainsi que notre amour

si les étoiles ont la même lumière
que notre amour

si l’aube étendue sur l’horizon
est violacée
défaite, effrayée
et pourtant vivante, heureuse
tout comme notre amour

si la mer est profonde,
si les étoiles sont éblouissantes
si les jours retentissent de lumière
de changements et de vie

si toutes ces choses en cercle
sont heureuses
notre amour
qui est tout cela
est heureux,
ravi de se promener
ici et là dans le monde
tout en respirant
de sa propre vie.

Et pourtant,
qu’est-ce que c’est cet amour
auquel nous ne savons pas
donner le juste nom
le vrai nom, ni la gueule
qui sincèrement lui ressemble ?

S’il n’y a pas un seul instant
où qu’il puisse éclater
se révélant à nos cœurs,
notre amour c’est un rien
juste une saveur, une sensation
brève, un bonheur fuyant
une attente désespérée.

004_des marines 004 180

Giovanni Merloni

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« Ciao » (Avant l’amour, n. 34)

26 mardi Mai 2015

Posted by biscarrosse2012 in poèmes

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Avant l'amour

001_ciao_testaccio 2 180

Ciao

1
Elles sont encore
dans les oreilles
les paroles
ne faisant qu’un
avec ton bâillement indifférent.

Elles sont collés aux ombres
suspendues au milieu des reflets,
des lumières jaunes,
des rectangles des vitrines,
des murs abîmés,
des miroirs gelés.

002_ciao testaccio 180

2
Elles sont encore ici
tes paroles
me brûlant dans les yeux.

Avec elles je m’accoude
sur la scène au ralenti
où les adieux se promènent
où des gueules quelconques
glissent une à une
contre l’écran flou
des miroirs gelés
des murs abîmés
des rectangles des vitrines
des lumières jaunes.

003_ciao caffarella 180

3
Je dois dire « ciao »
depuis ces rails des tramways
au-dessous des fils noirs
se croisant dans le ciel
tandis que sur les marches
d’où nous sommes montés
des lueurs opaques
clignotent encore,
échos de lumières d’or
prêts à s’éteindre
dans un instant.

004_ciao_fontanone 180

4
Je dois dire « ciao »
et répéter « je t’aimais »
au milieu d’une rue sans nom
adressant de nouveau la parole
à ton froid imperméable :
« Attends, reste, ne pars pas ».

Sur la montée
de gravier et de terre
nos deux misères
— ô combien petites ! —
savourent dans un baiser
qui sera le dernier
d’éclaboussures de peur.

« Je suis un homme timide
qui se tait, attendant
une parole.
Toi, tu es une ombre
— ô combien subtile ! —
qui rêve indifférente. »

005_ciao_ponte sisto

5
Elles sont encore
dans les oreilles
tes paroles
à la silhouette subtile
se sauvant
dans les angles obscurs,
devant
les rectangles des vitrines,
sur les murs abîmés.

Ils sont encore ici
leurs souffles
chauds et piquants.
« Je t’aimais »
susurrent les fils dans le ciel.
« Attends, reste, ne pars pas ».

Giovanni Merloni

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Dans l’immense soupir de l’aube (Avant l’amour, n. 33)

26 mardi Mai 2015

Posted by biscarrosse2012 in poèmes

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Avant l'amour

001_respiro dell'alba 01 480

Dans l’immense soupir de l’aube 

Contre la baie vitrée
s’enchevêtrent
les couleurs gelées de l’aube.

Je me tourne et retourne
dans mes solos nocturnes
où tes tristes yeux bleus
paraissent et disparaissent
sans qu’il y ait la raison.

002_respiro dell'alba 02 480

Je me glisse sans courage
dans d’étranges voyages
tandis qu’au loin résonne
le craquement des glaces
et que j’entends le cri
qui déchire, sans oubli,
le rideau de l’automne.

003_respiro dell'alba 03 480

Étendue sur le disque,
une divine chevelure,
caressant ma figure,
me rappelle l’instant
de la danse avec elle
se figeant comme neige
au milieu d’un tournant.

« Sur les tristes balcons,
sur les bords des fenêtres,
sur les nids des pigeons
que la neige emprisonne,
mes désirs s’enchevêtrent
tandis que, sans façon,
nos deux joues s’effleurent
et nos lèvres s’empêtrent. »

004_sospiro dell'alba 480

Oui, se taisent, désormais,
dans le blanc d’un jour biais
toutes ces plaintes nocturnes.

Dans sa course, le train
va chercher la fortune
parmi des collines brunes
sur des rails bleus de neige,
entraînant de son vent
telles de voiles en cortège
des croissants blancs de lune
aux reflets d’or et argent.

Le salut
est tes gestes
dépourvus de sens.

L’adieu
est mon souffle brisé
dans l’immense
soupir de l’aube.

005_respiro dell'alba 480

Giovanni Merloni

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De bandes légères de nuages en rubans (Avant l’amour, n. 32)

26 mardi Mai 2015

Posted by biscarrosse2012 in poèmes

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Avant l'amour

001_des bandes 180

De bandes légères de nuages en rubans 

De bandes légères de nuages en rubans
vont ensevelir, avec le vent,
le promontoire esseulé
les crêtes dures des rochers.

Dans la baie, les reflets
se font de plus en plus vagues ;
de plus en plus sombres sont les ombres
aux contours solennels.

Tu te sauves
à travers la pinède
insouciante des sentiers
aux aiguilles piquantes.

002_pineta toscana 180 antique

Tu te plonges dans le noir
redoutable de la nuit
désormais descendue
sur l’ultime horizon, saluant
en premières
les montagnes, recouvrant
nos extrêmes regards
nos étreintes naïves.

Elle nous harcèle déjà.

Contre le ciel assombri,
depuis des siècles immobiles,
des statues se tordent
près d’escaliers de marbre
arborant les sandales blanches
de Minerve, la flèche luisante
de Diane.

003_vernazza 180

Contre le ciel enchevêtré
d’amants nus et perdus,
nos bras détendus
jamais ne sauraient saisir
tous ces corps renfermés.

Contre le ciel orageux,
tes cheveux en rubans
font semblant de voiler
ton sourire silencieux
dans leurs bandes légères.

Giovanni Merloni

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Avant, Pendant-Durant et Après l’amour

09 jeudi Avr 2015

Posted by biscarrosse2012 in échanges, les unes du portrait inconscient, poèmes

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Avant l'amour

001_il satirone 180

Avant, Pendant-Durant et Après l’amour

Je ne saurai jamais créer une « distance au personnage » suffisante. Même si ce personnage ne me ressemble pas, même s’il endosse des noms extravagants et neutres, celui-ci gardera toujours un aspect redoutable et embarrassant.
D’ailleurs, le déroulement des années ne suffit pas non plus à créer un filtre, un décalage acceptable.

Je me lève
et ma tête se tourne
poursuivant la lumière.
Toi, derrière,
de ton pas taciturne,
tu t’éclipses au-delà
de la ligne incolore
du dernier horizon. (1)

Les fragments de vie que ces poésies « d’avant l’amour » m’ont reportés dans leur inquiétante intégralité ont-ils servi à quelque chose ? Ont-ils créé ou élargi encore plus un gouffre déjà existant ? Ont-ils ouvert une différente vision de ce passé perdu, mort enterré à plusieurs égards ? Est-ce que je serai enrichi ou amoindri au terminus de cette course brinquebalante ? Et les lecteurs fidèles, ceux qui ont essayé de reconstruire la mosaïque ou le puzzle, est-ce qu’ils ont compris ou deviné quelque chose ? Est-il important, voire indispensable, de deviner ou savoir quelque chose ?
Si je m’éloigne vraiment, si je me cale dans ma fosse et que je regarde cette vie écoulée comme le film d’un autre, d’un ami ou d’un frère, je peux tout simplement évoquer une époque révolue, où les vies des jeunes hommes et des jeunes femmes avaient des contours et des couleurs tout à fait inimaginables aujourd’hui. Des vies dérangées et contrariées par des ordres aussi péremptoires qu’inapplicables voltigeant comme de nuages noirs sur un désordre de fond, sur un besoin inné d’insouciance, d’allégresse et d’amour.

Elle est la dernière lune
se perdant dans la chaleur du jour.
Elle est
ce coin reculé
où nos voix s’égosillent
et nos corps se croisent
encore une fois.
Elle est
notre lit endormi
où nos ombres silencieuses
s’effondrent. (2)

Ces poésies « d’avant l’amour » ne sont pas le résultat d’une méticuleuse récolte de traces et de preuves incontestables. Elles ont été « sauvées » plusieurs fois, de façon abrupte et charitable, lors de déménagements qui ressemblaient à des véritables tremblements de terre ou des naufrages. Impossible de leur donner un ordre, d’y discerner ce qui rentre effectivement dans ce limbe de « l’adolescence infinie » et ce qui appartient, au contraire, à d’autres phases de la vie adulte.
Les amants de la poésie savent bien que chaque poésie est un monde, cependant que trois ou quatre poésies en file indienne ne font jamais une histoire cohérente. Mais comment ne pas s’apercevoir, en lisant la poésie de mardi 7 avril, que les deux personnages se promenant le long d’un canal ne sont pas deux adolescents en train de mâcher des gommes américaines ? Elle n’est pas ma camarade du lycée qui se maria à l’improviste, peu après les examens finaux, avec un homme de trente ans qu’elle rencontrait depuis un an désormais. Elle n’est pas non plus la première ni la seconde femme que j’ai aimée dans une alternance de générosité et de masochisme. Il ne rentre pas dans ce climat flou « d’avant l’amour » une histoire de familles traversées par les tabous, les hypocrisies et la peur… Tout agit dans le fond d’un corps embaumé dans une espèce de chasteté protégée et chérie par mille caresses féminines…
Avant l’amour, on assiste à l’amour des autres. Pendant l’amour, on subit le regard envahissant et jaloux des autres. Après l’amour… Il n’y a pas vraiment un véritable « après l’amour », même après notre mort. Nous aurons été vivants, et amoureux, comme Monsieur de La Palisse, jusqu’au dernier instant, jusqu’au dernier souffle.

Ô combien me ressemble
cette mort souveraine
soufflant sans peine
sur nos fronts détendus !
Avec quelle élégance passe-t-elle
avec la nuit, sa sœur jumelle
devant les murs, les vitrines
et nos médiocres rétines
au milieu d’une joyeuse traînée
de cendres et fumées… (3)

Et pourtant la vie reste un mystère. Comme dans cette poésie de mardi ci-dessous. Nous étions mal compris, frustrés, visiblement souffrants : « avec ce poème… nous assistons à un être inquiet… Je pense que vous avez dû vivre une expérience pénible avec une femme que vous avez beaucoup aimé et dont le souvenir vous a laissé un malaise emprunt de remords », m’a écrit une chère amie dans un message très récent. Cependant, quelque chose doit être arrivé, un beau (ou mauvais) jour. Parce que ce même personnage désespéré et pathétique s’effondrant dans les bancs publics avec des attitudes de Pierrot lunaire… est devenu tout d’un coup un homme désinvolte. Un « satirone » (4)

Giovanni Merloni

(1) J’approche d’un mur de plâtre
(2) Foulard céleste
(3) Tes cils clairs font des tours
(4) Un « vieux satyre » en italien

Villa Borghese (Avant l’amour n. 31)

08 mercredi Avr 2015

Posted by biscarrosse2012 in poèmes

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Avant l'amour

002_romamor (24) 180

Villa Borghèse

I
Rome est une sorcière hypocrite
qui dort avec nous,
une femme débraillée,
malicieuse et sauvage
qui s’allonge dans nos lits
avec le seul souci
d’épier nos étreintes.

Évitant de scruter les étoiles,
fuyant ses mauvaises pensées
qui se croisent en voiles
au-dessus des places pavées,
ma ville-antre ignore le couchant.

Rose, sereine, avenante,
ma ville-terre, mère, grand-mère et tante,
fontaine et jardin de mon cœur jaloux
elle n’a pas vu la mort.
Rome dort avec nous.

003_romamor (7) 180

II
Hier,
ignorant
l’enchantement
que nous allions violer,
nous avons frôlé
les statues de marbre
et les haies touffues, à l’anglaise,
de Villa Borghèse.

Contre les pins, de grandes girafes
aux écorces luisantes,
les lauriers agitent leurs feuilles odorantes.
En retenant le souffle, tu joues mon épitaphe
béate de m’emmener
dans les prés trempés par la rosée.

Je te suis, sans comprendre
le sens de notre réveil
sous ces ombrelles de cendre
filtrant une lueur blanche.
Dans ce silence étanche,
je ne réussis même pas
à t’effleurer la manche.

En marchant sans émoi
devant moi,
tu fredonnes la sérénité,
tu prêches la liberté,
mais dans tes yeux je ne vois pas de fierté
dans tes vœux je n’entends pas de pitié,
tu n’es qu’une ombre mensongère
de ce calme lumineux et sincère.

Dans ton respect envieux
de ce monde luxuriant, fabuleux,
fabriqué de façon insouciante
sans aucune contrainte
par des mains légères,
tu ne vois pas le gouffre ennuyeux
qui nous bande les yeux.

Étrangers à nos pas,
éloignés de nous-mêmes,
nous n’irons nulle part.

004_DSCN2092 180

004_bis_DSCN2081 180

III
Je le sais, mais se brisent
d’un bond, telles
de soudaines bêtises
mes intentions solennelles.

Tu m’appelles
du bord de la fontaine,
cachée derrière
une colonne de lierre.
De loin, tu me caresses
du vent de ton parfum
imprégné de tristesse
de musc et de pluie.

Coule ma vie, derrière toi.
Je ne suis pas sage
poursuivant sans regrets
ton sinistre sillage :

un soupir esseulé
qui m’attire pourtant
jusqu’au bout de l’allée

un salut bref, se refermant
comme une porte
au milieu des feuilles mortes

un baiser léger
sur ta bouche inanimée.

005_balla giulia part

Giacomo Balla, Valle Giulia, part.

Giovanni Merloni

Merci à Joceline T. pour sa lecture de ce texte.

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TEXTE ORIGINAL EN ITALIEN 

Il est parti (Avant l’amour, n. 30)

08 mercredi Avr 2015

Posted by biscarrosse2012 in poèmes

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Avant l'amour

001_campo de fiori anni 80 180

Il est parti

J’ai planté dans la serre des graines de cyclamen
J’ai écrit une longue lettre à ma fiancée
J’ai bu quatre tasses de café amer
J’ai tapé sur mon clavier ce que je vous dois
J’ai entendu les sanglots sourds du ruisseau
J’ai dormi jusqu’aux ténèbres
J’ai lu un verset de la Bible en cuir
J’ai écouté une chanson en bouchant mes oreilles
J’ai fermé toutes les fenêtres
J’ai éteint toutes les lumières
J’ai fumé une nationale jusqu’au filtre
J’ai tiré sans toucher la cible
J’ai tiré encore trois fois
(et je me suis écroulé sur le tapis).

Lorsqu’ils m’ont amené à la morgue
je n’ai entendu que trois mots :
il est parti.

002_statues saint-denis 180

Giovanni Merloni

TEXTE EN ITALIEN

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