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ti_009_Le va-et-vient de Monsieur Le Train III/III (Testament immoral IV/III)

12 mercredi Fév 2014

Posted by biscarrosse2012 in poèmes

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Testament immoral

001_le va et vien III def 180

Giovanni Merloni
Le va-et-vient de Monsieur Le Train III/III
(Giovanni Merloni, Testament immoral IV/III, Manni 2006)

12.
Pendant le long voyage
parmi les dialectes d’Italie
je rencontre, douce-amère,
une Babel toujours fière
de ses graves défauts.
Changent les parlers
à chaque traversée
du turbulent golfe de Naples
jusqu’à la mélancolique angoisse
auprès du Tibre, à Rome.
À chaque fois, je laisse,
enthousiaste
cette Rome grosse-tête
(patrie se feignant quiète
étrange station de poste).
Pour moi, bête de somme
Rome, « amour », « premier hôtel »,
ce fut une étreinte de bordel
une mère qu’il fallait abandonner
pour ne pas suffoquer.
Depuis les parapets de travertin
de cette ville de ruines
et d’églises,
la course en strapontin
m’emmène à la lumière
(voilà)
peinte sur les murs
de Florence. Une fresque
poussiéreuse
(voilà)
où la rivière de Dante
traîne des chevaux,
des carrosses, des arbres
sombres et légers
des balustrades enchevêtrées
aux madones accoudées.
Une fois quittée Florence
(ville de seigneurs)
on passe de l’autre côté
au-delà de la montagne,
du « sì » au « scì »
du parler toscane
a la cantilène émilienne.
Bologne a perdu son fleuve ;
cependant, cette plaine
c’est une mer infinie
où le naufrage m’adoucit ;
cependant, cette terre
c’est parfois un huis clos
où je peux imaginer
la chaumière du XIXème
le balcon du XIVe
le cardo des anciens Romains
rencontrant le decumanus
à piazza Maggiore.

004_santo stefano 180

13.
Parmi Naples, Venise et Florence,
je choisis  Bologne, ville de sciences,
de véritables correspondances,
mais aussi
pour ces «Lasagnes chaudes ! »
confortant, pendant la nuit,
les os rompus, les esprits hagards
et le besoin d’aventure
ne faisant qu’un avec la peur.
J’ai tout de suite aimé Bologne
pour cette langue qui songe,
écoutée chez Luisa et Dora
et dans le couvent
de la sœur Virginia ;
pour cette musique flûtée,
devinée dans la voix
inconnue de Zvanì
ce monsieur qui partit,
enthousiaste, s’accrochant
au premier train de Rome.
J’ai d’emblée poursuivi
le savoir-faire ancien
et l’esprit citoyen
voyageant dans cette voix
qui refusait l’axiome
de devoir s’embaucher
forcément
dans une vie d’employé ;
il me semble de l’entendre
maintenant, cette voix
qui aimait bien voyager,
se vautrant dans le rêve
d’être utile à la cause
perdante des pauvres.
Je devine
ardente son idée
susurrée depuis le tréteau ;
j’imagine
assuré son regard :
un faucon
s’il lorgnait sa Mimì
accoudée au balcon.
Jamais ne s’évanouit
son train vaporeux, élégant
unissant l’Italie d’infinis
innombrables pays.

007_cesenatico 180

14.
À mes quinze ans
(en juin)
(chaud, il faisait chaud)
je connus les rues de Bologne
en quête des étoffes
du costume gris « fumée de Londres »
pour Décio, un cher parent
tombé dans le piège
conjugal.
Je connus l’ombre des arcades
en découvrant que Bologne
ne laisse pas qu’on l’aime
avant que l’on s’y installe
et qu’on y retourne
plusieurs fois.
À dix-sept ans, en été
je voyageais incognito
sur le train de Cesenatico
sur le train du premier baiser
imprégné de sable
de la première balançoire
couinante sur la mer.
À vingt-cinq ans
le train m’emmenait à Trieste
(une seconde Venise) :
un voyage interminable
comblé de pensées
de  projets
de rêves en demi-sommeil
d’érotiques fantaisies
ainsi que des folies
très modestes.
Trieste m’accueillait,
souriante,
avec ses parquets,
son hôtel liberty,
ses grands cafés,
ses rues descendantes
balayées par le vent.
J’en revenais content
quitte à m’arrêter à Venise
pour gaspiller le temps
pour me souvenir ou espérer
jusqu’à tâtonner
dans une mer d’excuses
pour tromper mon épouse.
Je m’arrêtais à Bologne
pour les « Lasagnes ! »
pour ces voix plaintives
pour une promenade hâtive
au-dessous des arcades
tout autour de la gare
comme si j’avais pris déjà
la décision solennelle
(au rythme des ciseaux)
de couper Rome
et son amour en cage
et coller Bologne
(par strates de salive)
en devinant, mon Dieu
que mon amour déclaré
serait tôt partagé.

006_treno rm_bo 180

15.
Ensuite plus souvent
sans accompagnateurs
seul et pensif
et hardi
mille et mille fois
je pris ce train. Ici
(seul courage demandé),
l’on atteint le palier,
on installe la valise
ou le sac
ou le livre
ou le journal
et l’on se retrouve en voyage
dans un doux cabotage
entre poussière et  goudron
herbe médicinale et purin
au milieu des voix
intimes et amoureuses
parmi des hurlements
aigus et fatigants.
Certes, le train est constriction,
entassement, prison,
mais c’est aussi le grand prodige
de penser en mouvement
tout en regardant,
même sans en avoir envie
les paysages de la vie.

Giovanni Merloni

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écrit ou proposé par : Giovanni Merloni. Première publication et Dernière modification 12 février 2014

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ti_008_Le va-et-vient de Monsieur Le Train II/III (Testament immoral IV/II)

11 mardi Fév 2014

Posted by biscarrosse2012 in poèmes

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Testament immoral

001_il treno 180_risalto

Le va-et-vient de Monsieur Le Train II/III
(Giovanni Merloni, Testament immoral IV/II, Manni 2006)

6.
Quand j’étais dans les langes
quand j’avais ma première trouille
et qu’observant les inscriptions
sur les murs j’apprenais à parler,
quand l’Amour
ce n’était qu’une grande bagarre
de mères, de vice-mères,
de tantes et cousines,
le train courait déjà,
imperturbable,
dans une obscurité hostile
peureuse, inconnue.
Garçonnet
(obsédé par des impulsions
rebelles), je me promenais,
tout seul, au milieu des rails.
Dans mon esprit adolescent,
je me bornais, heureux, à me rendre
à la rencontre du train.

001_siena 180 NB

Siena

Ensuite, sous l’aube,
sous le prétexte
d’un devoir sévère
(je me figurais déjà, même si tôt,
que j’aurais sauté, léger,
tout temps d’arrêt),
fugitif
(en manque de collation),
je savourais, oisif,
le réveil dans la gare
le chagrin ou l’abjection
de la marginalisation.
(« Une fois vendue la dernière croûte,
la police m’en chassera
par la feuille de route ».)
Puis, de marquise en marquise,
d’horaire en horaire,
de poinçonneur en poinçonneur,
j’appris à m’affectionner
à Monsieur Le Train, tout en suivant
avec appréhension
sa décadence, tout en constatant
l’odeur de gomme brûlée,
le velours au halo noir,
le vacarme du ventilateur
branlant.

002_italia 1961 NB 180

Turin, « Italia 1961 »

7.
Ah oui, auparavant
(pendant beaucoup de temps),
blessé et meurtri
par ces carrosses de fer-blanc,
debout, assis,
j’ai longuement voyagé,
m’agrippant au poignet,
réduit comme un beignet
(qui sait combien renseigné
— par les continues débandades
par les sifflements
au milieu des rails —
jusqu’à deviner la vie
à engager une dure partie
où je serais trompé
tout en restant niais).
Certes, j’ai bien appris
à laisser sur le train
comme de vieux journaux
mes provisoires certitudes
ainsi qu’à y oublier
(en ouvrant la porte scellée)
les plus beaux souvenirs,
tout en rêvant
(en poussant la valise)
d’une nuée grise
(de chaud ou de froid)
heureuse d’hériter cette douleur
qui brise le cœur.
Embarrassée, accoudée
à la vitre empoussiérée,
mon identité séparée,
étourdie, pâlie
devant l’infini,
elle aussi a sombré,
se dissolvant dans le film
de villes brunes et blondes
de campagnes ébouriffées et rousses
de longues plages châtaines.

004_rm bo 180 8.
À Bologne
si l’on partait au soir
on était là au petit matin.
Moi, enfant
de huit ou dix ans,
je regardais le noir, haletant
contre la vitre, flairant
l’odeur de fumée, j’écoutais enchanté
le souffle des freins,
la trompette de la locomotive,
le sifflement du chef de gare.
« Lasagnes chaudes ! »
hurlait un homme
à la visière grise.
Le train poursuivait
jusqu’à son but lointain
le lendemain hautain
dans le beau site
abrupt et poignant
sous le mont menaçant.

004_dolomiti NB

Cortina d’Ampezzo (Dolomiti)

9.
De la malle grand ouverte
ressortait piquant
le chandail adhérent
le caleçon grandissant.
« Emmène-moi jusqu’au train !
Je veux faire demi-tour ! »
j’implorais, gémissant,
tout en lorgnant, ahuri,
les tournures lugubres de la nuit
surplombante.
« Ne vois-tu pas la pluie ?
Mais pourquoi, mon trésor,
veux-tu aller à la gare ?
Par le froid, on y meurt ».
Ma mère, assez savante
(se touchant le cœur,
regardant au-delà de la vitre),
nous donnait pour certain
le ciel serein.
« Demain matin, pour collation,
il y aura de la crème et du sabayon ! »
Elle fut patronne absolue
des souvenirs les plus enchantés
cette maison inconnue
toute seule au milieu des prés
dérangée à son insu
de but en blanc
par le fulgurant étau
de ce train costaud
(un aperçu de fumée
à l’arôme suave ;
un passage de rumeurs
maltraitant les fleurs ;
un rayon de lumière
éloignant le mystère).

001_cortina arabi 740

Cortina d’Ampezzo (Dolomiti)

10.
Dans ma famille très citadine
à défaut de terre et de cantine
on se régalait de villégiatures
à la montagne dans la nature
humant l’arôme de prairies bleues
avant de partir pour visiter
toujours Venise
(et ce n’était pas une bêtise).
Le train
(ne faisant qu’un avec l’eau)
dès son arrivée
sur le Grand Canal
(déférent gandin)
déjà saluait Venise
par une belle révérence.

002_venezia vaporetto 740

Venise, pont de Rialto

J’enfourchais la valise
en m’accoudant au parapet
par une nouvelle franchise
sur le radeau branlant.
Il y avait ce même effet
sur le bateau à vapeur
vibrant parmi les pierres
noircies de terre.
Achevé le va-et-vient
du train frénétique
(se taisant enfin la roue
de la balançoire d’eau)
nous, enfants, accoudés
depuis l’hôtel de l’Ange
nous scrutions la rame
en train de clapoter
parmi les algues, juste à l’angle
du ruisseau lagunaire.
« Oh ! Oh !»
s’écriait tel un héros
(plié sur son flanc)
le gondolier blanc.
003_venezia gruppo 1 740

Venise, Canal Grande

11.
Piétinant dans Venise
(indécise file indienne
de carrosses humains)
le crescendo de beauté
culminait dans la place
pullulante de pigeons
de drapeaux et de sons.
Impeccable, mon père
très rapide et précis
photographiait la promenade
des sortants entrants
de l’huis tournant
de l’Excelsior-Danieli
immortalisant, parmi les voiles
de ces limpides cieux
les actrices en chair et en os
les magnats à la rescousse
les personnes extravagantes
les milliers de jambes
les faces bronzées
hélas rassurées
par le grotesque succès
en matière de sexe.
004_venezia piccioni 740

Venise, piazza San Marco

Même nous, les enfants
grâce aux graines
qu’on donnait aux pigeons
grâce aux glaces
léchées et  effondrées
(et aux pantalons souillés)
nous arrivions excités
par ces mille émotions
à la rive des Esclavons
où, comme une épice
s’évanouissait Venise
et renaissait venteux
mais dépourvu d’arôme
le ciel menaçant
de mon retour à Rome.

005_venezia campanile 740

Venise, vue du Campanile de San Marco

Giovanni Merloni

P.-S. Les sous-chapitres 10 et 11 avaient été déjà publié ici le 4 juin 2013

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écrit ou proposé par : Giovanni Merloni. Première publication et Dernière modification 11 février 2014

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ti_007_Le va-et-vient de Monsieur Le Train I/III (Testament immoral IV/I)

10 lundi Fév 2014

Posted by biscarrosse2012 in poèmes

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Testament immoral

Mes chers lecteurs,
Tandis que le Strapontin avance dans sa périlleuse traversée, je me dois parfois d’interrompre le flux de la mémoire (et des digressions que le Strapontin même impose) pour vous faire part d’un nouveau chapitre du Testament immoral. En fait, l’histoire ici racontée par Alfredo B. ne reproduit pas comme un calque, à l’identique, mes mémoires publiques et privées.
Au contraire, s’éloignant du rôle discret de l’alter ego — comme c’était le cas de Mastroianni vis-à-vis de son maître Fellini dans « La dolce vita » —, celui-ci est devenu petit à petit un personnage à part entière. Il m’a forcé de toute évidence la main, en assumant parfois, contre ma volonté, des comportements que je n’approuverais pas du tout. Il raconte d’ailleurs des épisodes de sa vie, surtout amoureuse, que je nierais fermement avoir vécu moi aussi.
S’il avait bien pu être mon meilleur ami (« per la pelle », selon une expression italienne intraduisible), il est devenu malheureusement un sujet peu recommandable, que je ne désirerais pas vraiment rencontrer dans d’éventuelles retrouvailles en Italie.
Comme le révèle son prénom, Alfredo B. hérite beaucoup de la personnalité (et de la « napoletanità ») de mon grand-père homonyme, tout en partageant quelques souvenirs inquiétants avec le personnage d’un roman récemment cité, « Retiens la nuit ».
D’ailleurs, le Testament immoral respecte par hasard la même chronologie du Strapontin. Dans ce dernier, on est maintenant à la veille du déménagement crucial de ma vie (juin 1954), tandis qu’à partir de la deuxième partie du Testament immoral (avec le chapitre V, « Carrosse restaurant ») Alfredo B. rencontrera les personnages qui ont marqué les évènements successifs à ce déménagement.
Dans l’esprit de prendre une pause, avant d’exploiter d’autres moments de ces lointaines années 1950, le moment est donc venu pour vous présenter (en trois jours consécutifs) le quatrième chapitre du Testament immoral (« Le va-et-vient de Monsieur Le Train »), celui qui en conclut la première partie.
J’espère que vous me pardonnerez.
001_viaggiatore 180

Le va-et-vient de Monsieur Le Train I/III
(Giovanni Merloni, Testament immoral IV/I, Manni 2006)

1.
S’en va, Monsieur Le Train
en trouant les montagnes et les collines
s’insinuant parmi les lustres villageois
encore courant, pendant des mois.
S’en va, le train, aiguille et fil
en cousant sans façon
le costume faufilé.
(On m’a dit que l’aiguille
entraîne la douleur
de blessure en blessure
tandis que le fil,
cœur prophétique
de l’espoir trompé
transperce le cœur.)
Insidieuse comme l’aiguille
est la locomotive
(émotive, explosive) ;
tandis que les carrosses
(paresseux, voleurs)
dénoués en guise de fil
s’habillent et se déshabillent
à la hâte, comme Fregoli (1)
audacieux comme Marylin.

2.
Sur les champs
au milieu des fossés, dans le noir
je rêve du costume
de mort de mon père
du costume de mariage
de grand-père, des haillons usés
de l’épouvantail
ainsi que
de la chemise voltigeante
(accrochée à la vitre)
d’un fantôme galant.
Ils voyagent
ensemble, séparés
en long et en large
dans l’Italie sans marges
un habit gris et un homme.
C’est juste moi, cet homme
en quête de moi-même
en long et en large
dans le train.

002_anni 70 giovanni 1803.
Le train seul la connaît
la longue histoire incertaine
ensevelie avec moi
dans une catacombe
silencieuse et profonde
où s’effondre une étoile
et s’allonge, jumelle
Cécile la belle. (2)
Dans mon corps de gruyère
sans péage ni frontière
sans aucun pied sur le frein
rentrait et sortait le train.
En chaque sombre galerie
j’affichais mon euphorie
ma désespérée énergie
en voyant s’éclipser
ou revenir l’allégresse
de petites phrases ambulantes
que je saisissais au vol
dans le fracas des roues
et je perdais, ô tristesse
dans le soleil aveuglant.
Je l’ai mille fois racontée
jamais jusqu’au bout
ma vie étourdie
avilie et impunie
bercée et violée
par la course sans arrêt
du train.
Ce fut la vie gentille
pas du tout escomptée
d’un homme en voyage
depuis mai jusqu’en avril
(passager clandestin
oubliant ses billets
ainsi que ses propres effets
abusant de sujets
battus et rebattus).
Je fus encombrant
comme une grosse dame,
incommode
comme un strapontin en bois
pourtant je voyageais léger
subtil comme un dessin
confus comme Homère
aveugle et inconnu
comme un chaman aztèque
(il a fort déraillé
celui qui a glissé, imprécis
dans son journal jauni
qu’on m’aurait bien tué
sans retourner les cils
par un rite sommaire).

4.
Lent comme un vieux train
mal en point et plein
je fus parfois imprudent
comme une locomotive.
Par traits contrariant
par mon énergie excessive
je vivais au milieu de gens
aux reproches hâtives.
Ignoré ou contrasté
(un Ulysse désarmé)
je me suis foncé
sur le chemin ferré
tout en apprenant
(de ce truc ambulant)
comment jeter vers le ouest
de mes fautes le lest.
Dans mon aller pendulaire
j’ai appris même à aimer
à me taire, à écouter.
Il n’y a rien d’inconnu
(quoique j’y tourne autour)
dans l’entière planète
pour moi, pauvre ascète
voyageur flegmatique
de la mer Tyrrhénienne à l’Adriatique.

003_autobus 180

5.
Pour ce pastiche
qui m’a rendu postiche
ainsi qu’esclave du caprice
(comme tout voyageur
qui passe toutes ses heures,
tout en courant assis,
en regardant au dehors
en racontant de soi
en buvant du thé) ;
pour cette diversité
qui me rend banal ;
pour cette ubiquité
qui me rend absent,
celui qui s’efforce
d’enlever mon écorce
celui qui, impatient
n’en saisit pourtant rien
(et derrière son petit doigt
ne cache pas son effroi),
celui-ci vaguera
assez loin de tout cela
à cent lieues de soupçonner
le bizarre profil
du destin inhumain
qui me toucha.

Giovanni Merloni

(1) Leopoldo Fregoli, célèbre acteur transformiste italien.
(2) Cécile Metella

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écrit ou proposé par : Giovanni Merloni. Première publication et Dernière modification 10 février 2014

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ti_006_Je peux me souvenir III/III (Testament immoral III/III)

26 dimanche Jan 2014

Posted by biscarrosse2012 in poèmes

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Testament immoral

001_signore 180

Je peux me souvenir III/III
(Giovanni Merloni, Testament immoral III/III, Manni 2006)

13.
Ce fut un coup bas
(à juste neuf ans),
lorsqu’on déménagea
de la maison vieille
à la maison neuve
tandis que sur le camion
on avait hissé la commode
le buffet, la toilette,
le miroir noir
l’encadrement voltigeant
le service de Ginori
les œuvres de Leopardi
et que notre regard
ondoyait, troublé
du boulevard partant
(pas trop saluant)
au boulevard accueillant
(pas vraiment rassurant).
Ce fut un choc envoûtant,
tout ce blanc éblouissant
des escaliers et des portes,
cette boue
sur les sandales,
ce changement
de but en blanc
de petits lords
à gamins de rues.
14.
Il y eut d’emblée
l’émerveillement
pour ces paroles aiguës
portées par le vent
pour ces voix désagréables
affectées, impitoyables
(pas vraiment agressives)
corrompues et rompues
(même si encore blanches)
déjà vieilles et fatiguées.
D’abord,
je ne comprenais pas
(je n’osais pas le demander)
ce que veut dire « ta gueule »
et même « va te faire foutre »
« Vas-y et reste là
et prie Dieu
qu’il t’y envoie ! »
Et j’avalais
les malédictions,
les rengaines obscènes
entre escaliers et terrains
vagues,
ainsi que la condamnation,
petit garçon,
au rôle d’arrière.
Mais, j’appris vite la leçon
en devenant Gascon
rêche et insolent
avec la jeune fille
innocente.

002_delusa 180

15.
Le temps d’un long instant
en grandissant
(toujours courant)
je me concentrai
sur toute sorte de ballon
comme unique fixation.
Mais, assez tôt,
tout le fou contexte
de foot
(et de tout le reste)
ne devint qu’un ingrédient
tout à fait indifférent.
Je m’engageai à lorgner
toutes les femmes du quartier ;
essayant de deviner
(sans jamais le demander)
où allaient-ils finir
ce masculin courir
(et ce féminin s’enfuir).
« On le fait sans le dire »,
chantait Milly la fatale,
accrochée au réverbère
des Variétés Le Phénix.
« Non, on le dit sans le faire »
ricanait tante Augusta
de son air
faussement grossier
de flibustier :
« Il y en a plusieurs variétés
d’amourettes et d’amours
pour tous les âges !
Ceux qui aiment
se scandaliser
peuvent bien le faire. Mais
ce n’est pas du tout fatal
que cela doive finir mal ! »
16.
Mes envies les plus rares
je pourrais les peindre
au pinceau sec
(ou mouillé
dans l’encre rouge et bleu)
au pinceau affolé,
sauvage, primitif
qui en fait de toutes
les couleurs.
Je finirai pour révéler
la folie contrôlée
des pieds nus
sur le marbre froid
tandis qu’Ariane
se déshabillait
jusque-là, là seulement
avant de jeter
le minuscule tablier
contre l’œil de la serrure.

003_guadino 18017.
Après les feux
de l’adolescence,
j’essayai de feindre
une sobre existence
(sans taper sur les pieds),
mais, une fois dépassés
les temps durs
(sans défoncer les murs),
j’ai contracté la démence
pour la féminine absence.
Jeune angoissé,
hors de thème, j’ai osé
de petites poésies insensées
soutenues
par un petit son caché,
des petits vers
hasardés et incompris
collés
comme des crottes de nez
au sommier.
Il n’y a rien à faire
Je suis un parfait incapable
ou plutôt un enfant maladroit
ayant le penchant
pour les cycles
d’humeur changeant
sans crachement de sang ;
j’ai aussi un penchant
pour les causes perdues,
les saisons moyennes,
la vie en ville,
les fantaisies,
les longues cours
sans vraiment espérer.
À quoi bon se souvenir
que ce gauche de guerrier
savait (très bien) parler ?
18.
Je connaissais un petit truc
pour remplir
le papier-toilette
de mots obsessionnels
bras dessus bras dessous,
mais je n’aimais pas révéler
au monde entier
comment faire à abîmer
une cloison avec la craie.
Est-ce que c’est moi
ce jeune homme (pâle, filiforme,
fané par ses passions)
qui s’en va en promenade
au long du quai
de son fleuve
tout en donnant
des coups de pied
dans le cul des feuilles ?
Oui, pourquoi pas ?
Je m’en souviens.
C’est moi, ce malintentionné
qui faufilait sa plume
(par un soin bizarre)
en sept bouteilles
de sept couleurs.

004_guadetto 180

19.
Quarante ans. Nous faisons
des dégâts et le monde
change complètement.
Il y a peu,
d’absorbant il n’y avait
qu’une pensée furibonde.
Le papier huilé tu ne la trouves pas
Même pas chez le charcutier
fini lui-même enveloppé
précuit et déjà mangé
au supermarché.
Même la plume
de monsieur Bic
se recroqueville comme
la jambe d’une fleur :
le crayon consommé
survivra à la disparition
d’une entière partie
d’encres sans vie.
Tout cela ne me sert plus
sur mes genoux abîmés
tandis que je frappe
(avec fougue)
sur les touches beiges
du ventre.
20.
Puisque de Rome je suis natif,
je n’oublie pas les autres fois
que j’ai vaincu la mort
(Gare à toi !) :
ce merveilleux
état de grâce,
la certitude provisoire
qu’on est sain et sauf,
sauf et sain ;
je n’oublie pas non plus
les autres fois
que j’ai pleuré, parce qu’elle…,
parce que moi…
Les autres fois
qu’un bruit sourd d’amour
m’a effondré le cœur.
Là-bas, je viens,
au milieu de départs illusoires,
d’arrivées sans pitié,
tandis que des interrupteurs
dans l’air brisent les nerfs,
coupent les os,
tout en faisant rebondir le sang
entre tête et cœur.
Je viens, tu vois, te chercher
toi aussi,
dernière écraseuse, égarée,
même plus que moi,
dans le lit gelé
de nos mots déplacés.
Je ne vois pas la honte,
maintenant,
d’avouer (avec en tête
le tricorne régulier)
que j’ai laissé
le travail apprécié
et l’affectueux quartier
pour l’amour d’une femme
coupée à moitié.

005_terrazzino 180

21.
Je n’aurais pas pu survivre
ni penser ou cheminer
à défaut des amis
que j’ai eus,
au-dedans (et en-dehors)
du Mamiani,
l’école où je n’ai rien
appris : les camarades,
les pizzas,
la grève pour les calorifères,
la géographie sans histoire,
la leçon d’italien
sans qu’il y eût rien de mystérieux
(Petrarca François
me sembla livresque ;
le Tasse fut mutilé
de son Amour tourmenté ;
quant à Foscolo
on lui avait éteint
son sépulcral teint).
De la vie
(tant bien que mal)
j’ai tout appris,
mais elle m’a rendu effronté
quand,
jeune remplaçant
au lycée Castelnuovo,
je n’ai pas du tout enseigné.
Voilà, la vidéo qui coule :
les élèves des deux genres,
les premières occupations,
les mégaphones
sans sons.
22.
J’ai eu confiance, j’ai voté
J’ai espéré, j’ai même appris
à parler en public,
tandis que le temps biblique
égrainait, petit à petit,
le parti, le syndicat,
le massacre d’état,
le corps mutilé
et la foule effrayée
(à chaque fois s’arrêtait
la jambe de pachyderme
de l’Italie descendue
en révolte).
Mais un destin privé
(honteux, hagard)
s’est frayé un dessin
(oh, pardon, un chemin)
dans la grande confusion
d’interminables voyages
à travers les gares
et les téléphones assourdis
par les annonces des trains
(en retard sous la plaque
numéro trois, quai Ouest).

Giovanni Merloni

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écrit ou proposé par : Giovanni Merloni. Première publication et Dernière modification 25 janvier 2014

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ti_005_Je peux me souvenir II/III (Testament immoral III/II)

25 samedi Jan 2014

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Testament immoral

001_severini l'aia 180

Gino Severini, Gemeente museum, La Haye

Je peux me souvenir II/III
(Giovanni Merloni, Testament immoral III/II, Manni 2006)

6.
Je sais par cœur les couleurs,
les dés et les murs pour faire
un château farfelu
ainsi qu’une maison détraquée
tachée d’encre bleue.
Je n’oublie pas les villes,
les maisons et les routes,
les poteaux électriques,
l’obscurité me séduisant
lorsque petit enfant,
emboîté et nabab,
je voyageais petit prince
dans la voiture du babbo.
Elles sont très vives, les odeurs
de la maison de la tante Maria
le couloir frais, la cave
en bas de l’escalier ;
dehors les grillons
au-dessous des étoiles
inoffensives de Romagne.
Ce n’est pas moins fatal
le souvenir des samedis
sous le toit parental
(le ciel aurait pu tomber,
tout le monde était là
autour de la table
ronde).
Plus jamais je ne reviendrai
à la saveur unique
des pâtes savoureuses
(soulagement
d’un estomac sautillant
et pleurnicheur
contraint, d’habitude
de refouler vers le fond
la vomissure affleurante
des pâtes réchauffées
du réfectoire).
Scrupuleux,
j’apprenais à engloutir
les boules de viande.
Jamais du monde
je ne pouvais m’autoriser
à lâcher, sur l’assiette,
le bouchon
de la bonne éducation
tandis que d’entières familles
ne vivent que de pain
et qu’il n’y a pas
d’autre solution
pour les garçons et les filles.
002_lido dei pini mimma romoli 7407.
On m’emmenait
(avec dévouement)
visiter les maisons
aseptiques, toutes en ordre
d’inaccessibles gens polis
capables de tout revêtir
de papier-peint,
jusqu’aux tiroirs.
Mais à chaque occasion,
je ressemblais à l’idiote
incapable de véritables projets,
paralysé et muet
(devant ce type délicat
qui ne faisait pas de dégâts)
(devant cet autre champion
qui était l’exception)
(tandis que ce tristounet
ne faisant que du charivari
allait devenir un Stradivari).
Ainsi disait-elle,
en pliant le doigt petit,
la femme incontestable
à son mari.
003_palais royal 1808.
Bruyamment, j’observais
l’exemple silencieux de mon père,
la rêverie chanteuse de ma mère
(toujours allègre jamais paresseuse)
lorsqu’elle donnait ses leçons
(pendant des heures et des heures)
d’italien et latin.
Ma mère
elle était au fond sérieuse
(que de pauvres gens
elle ne parlait,
jamais de misère)
tandis qu‘elle beurrait
du pain brûlé
et qu’elle nous arrangeait
de la belle manière
(à l’improviste, les chaussettes
étaient étroites,
les pantalons larges,
les cheveux rebelles).
Et vives les lumières allumées,
les serpentins accrochés,
les masques de carnaval
et qu’on plaisante, légers
dans le bal masqué
et tout beau jeu
ne dure que très peu
et (chut les enfants !)
le pape fait pipi ;
(je fus un follet rouge,
un cow-boy avec le pistolet
un Sioux avec la flèche).
004_macchina da scrivere 1809.
Dans mon horizon
épouvanté, il demeurait bien
le gâteau de châtaignes,
le beurre dans l’eau,
la maîtresse gentille,
la maîtresse méchante
et la Teresa
à la chevelure permanente,
romagnole ensanglantée
le souffle à la gorge
(à cause de la corvée crissante
d’emmener à plusieurs reprises
à Villa Borghèse
les trois fils de l’avocat
tout en sachant qu’elle sera
attendue sur le pré
par les prétentions exagérées
du soldat abruzzais
prénommé Fiancé).
Un beau jour arriva
(brun brun bruuuun)
la quinze, cinquante-trois, quatre-vingt-quatorze,
voiturette héroïque
qui brisa le rideau en peau d’âne
tout en illuminant
(par un seul feu)
la vue inhabituelle
du monde en fuite ;
je la revois, élégante,
en train de courir, tremblante,
ayant besoin
d’un coup de piston
et pourtant brillante
du pont à la source
de la ville flottante
au tourniquet sans pardon
vers la fourche.
005_dodo antonia cortina 18010.
Je reste la bouche ouverte,
encore à regarder
les pères et les oncles
qui ont vaincu
à voix basse la paix
tout en restant incrédules
vis-à-vis du miracle
de pouvoir finalement parler
librement aimer
se rouler dans l’herbe
sous les pins
hors des refuges alpins
de la Résistance.
Ici dedans je les ai renfermés,
comme autant
de bouquets de fleurs
ou précieuses marchandises,
les récits confus
de mes parents,
les mille péripéties
pour trouver l’huile
et le pain,
les rires nocturnes
dans le couvre-feu
comme si c’était un jeu
la guerre
(leur sacrifice
ne fut pas étalé,
leur bonheur
ne fut pas caché).
11.
Il est ici dedans
(quelque part
dans mon corps animal),
le même délire d’impuissance,
la même force
de survie
qui m’aide à supporter
la douleur de l’absence
des morts balayés
des vivants exilés
loin de moi
avec le chagrin pervers
pour tout cet univers
d’étoiles uniques et rares
qui n’en veulent pas
de moi.
006_separé NB 18012.
Je peux fouiller
dans ce pli crucial,
dans ce murmure lent, coupable
des grands, voltigeant,
mystérieux, autour du sujet
de l’amour.
« Ils sont des amants »,
riait ma mère
par des hennissements de lionne,
sans rien expliquer,
sans aucun scandale
pourtant.
Je la garde dans un écrin
mon idée héritée du destin :
un jeune père
(habillé en homme,
les poches remplies peut-être
de mouchoirs)
se lie à une jeune mère
(habillée en femme,
peut-être en tailleur) ;
la nature faufilée
dans chacun d’eux
fait le reste.
Je subissais
(hélas !) l’armistice
entre l’étrange vérité
des fauteuils fleuris de maman
et les photoromans
(ô attirail sauvage !)
des femmes de ménage.
J’aurais juré, parjuré,
que l’amour c’est un pré
sans ombre de péché,
ou alors c’est une poursuite
de tristes promenades
à l’orée de la nuit.
Sinon, c’est une parenthèse,
un nid de fraîches frondes,
le cilice d’un restaurant
froid et élégant.
Ô combien c’est difficile,
dès que l’on est assis,
de parler
et, en même temps,
de manger !
007_separé 2 NB 180

Giovanni Merloni

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écrit ou proposé par : Giovanni Merloni. Première publication et Dernière modification 25 janvier 2014

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ti_004_Je peux me souvenir I/III (Testament immoral III/I)

24 vendredi Jan 2014

Posted by biscarrosse2012 in poèmes

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Testament immoral

Mes chers lecteurs, comme vous avez vu, la publication du Testament immoral représente un contre-chant vis-à-vis du Strapontin, qui en profite pour marquer des brèves pauses. Le chapitre n. III qui suit (« Je peux me souvenir ») mériterait une lecture sans arrêt, en une seule fois. J’essaie pourtant de vous le proposer en trois parties (de vendredi à dimanche prochain) en fonction de la meilleure articulation possible de la narration et du rythme de lecture. Vous pourrez bien sûr relire l’entier chapitre avec la publication du troisième volet.

001_mi posso ricordare 180

Je peux me souvenir I/III
(Giovanni Merloni, Testament immoral III/I, Manni 2006)

1.
Dix-sept ans c’était mon âge
spécial ou normal. Dès lors
quarante ans se sont déjà déroulés,
exhalés, jouis, bien connus
inconnus, que je voudrais
vomir, cracher,
mais pas du tout régaler
à la poubelle.
Plutôt je les mets
dans un chiffonnier
au-dessous de mon lit.

2.
Quarante ans, quoi de plus
puis-je faire
de spécial ou de normal
pour réussir à éviter
de me faire pendre ?
Je serais fatigué ou ennuyé
de gouverner en souverain
dans une île exclue par les routes
sans salopes ni bigotes ;
épuisé de me barioler
à chaque exploration
à chaque exécution
à chaque procession.
J’en ai marre de feindre
de recruter,
d’entraîner,
d’embrigader
ces restes de galère
qui ne savent
même pas trébucher
qui jamais n’apprendront
à savoir se démêler
un-deux dans la vie.

3.
Si l’île s’effondre,
si ce gouffre
attendu et inévitable
engloutit toutes les boîtes,
les lettres, les dossiers,
les congés,
les bavardages du bar,
le parfum unique
de la belle Irène
si nonobstant cela
nous tous survivons
et moi aussi je survis
que pourrai-je faire ?
Comment pourrai-je éviter
à nouveau de me tromper ?

002_mi posso ricordare 1804.
J’essayerai de déménager,
d’émigrer,
de recommencer
sans rechercher
le juste milieu
la maîtrise ou l’harmonie
(d’ailleurs, personne ne s’attend à cela).
Je sortirai et jamais
je ne rentrerai.
Je m’habituerai
à défier la mort.
Hop-là !
Après le saut mortel,
jamais plus je ne renoncerai
à mes besoins cachés,
car je suis fait ainsi.
Je serai heureux de m’apercevoir
que j’ai oublié
cette étrange
obligation ancestrale
de prouver ou alors de renoncer
(c’est là mon
prendre ou lâcher) :
enthousiaste
et ressuscité à la vie
si je pourrai esquiver
la sombre condamnation
à me garder
sensible et  spécial,
tourmenté, mais original,
marginal, mais doué
frais, mais surgelé.
Jamais plus, jamais plus
un tel volume de jeu
en échange
d’une survie triste.
Fourmi ou géant
il n’y aura plus d’obstacle.
Ce sera désormais indifférent
que parler ou se taire ;
écrire ou effacer ;
inventer ou se souvenir.

003_mi posso ricordare 1805.
Je peux me souvenir
d’avoir été un acteur,
un fin diseur,
un book-maker,
un relieur,
un observateur aigu
ou alors un trompettiste,
un grenadier,
un contrebandier,
un voleur de drapeaux,
un facteur,
un jockey,
un buveur de vin,
un divin amateur,
un conquérant,
un personnage sage
doué de courage
un otage
de haut lignage, Titire
au-dessous du feuillage
et même Caravage.

Giovanni Merloni

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écrit ou proposé par : Giovanni Merloni. Première publication et Dernière modification 24 janvier 2014

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ti_003_Nous ne nous entendons pas, le monde et moi (Testament immoral II/II)

11 samedi Jan 2014

Posted by biscarrosse2012 in poèmes

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Testament immoral

000_coppia 180

Nous ne nous entendons pas, le monde et moi (deuxième partie)
(chapitre II/II, Testamento immorale, Manni Edizioni, Lecce 2006)
(voir le texte précédent)

9.
Je n’aime pas
un monde comme ça :
avec des paroles rares
disparaissent les gens
auxquels on peut parler.
De plus en plus seul,
je dois me dégager,
briser le miroir
de mon aller-retour
pendulaire,
à l’intérieur
d’un MOI
vrai ou faux
freiné ou poussé
vainqueur ou vaincu
peintre peint
écrivain écrit
conquérant battu.

009_foro romano per blog 740

10.
En grimpant peut-être
sur un rocher sombre
hérissé de brindilles,
je comprendrai la raison
de cette impénétrabilité
du monde
qui rend ma propre vie
inapprochable
et mon destin
incompréhensible.
Versant de la colle, peut-être
sur mes cils gris
j’oublierai les lueurs
des boulevards de la banlieue,
j’effacerai de ma tête
l’essoufflement des voix,
les petites douceurs volées,
les coups de cravache cruels
engloutis en riant.

010_foro romano 180

11.
Raréfié dans le silence
(tout le monde dort,
même les fantômes et les morts)
à contrepied, incertain,
j’écoute un par un
les mots brisés
désordonnés, délirants
sombres comme un cortège,
vivants comme une ritournelle
que ne peux pas arrêter :
« Toi, tu t’es trompé,
dans la faute tu as insisté,
tu n’as pas fait ceci
ni cela ». « Et elle ?
Où était-elle ?
L’avez-vous vue ? »
Je me souviens
de l’onde disgracieuse
de la foule, de l’onde
unique de tes cheveux
courant à ma rencontre.
C’est ainsi,
c’est comme tu dis :
tout disparaissait.
Belle ou laide,
voletait légère, autour de nous,
la couverture chiffonnée
du monde.

012_foro romano

12.
Dans le bout sombre du ciel
devenu mon miroir,
nos paroles se sont
perdues.
Je ne trouve plus ces paroles,
mais toujours d’autres paroles.
Ils ne sont pas là-dehors
dans le monde
ceux qui m’ont appris
à parler, à rigoler
à renfermer
les mots dans les gestes.
Et pourtant
elles sont encore
ici dedans,
flamboyantes et mortelles
les anciennes correspondances
de sentiments d’amour,
les vieilles cartes égorgées
par des rubans parfumés.
Ou alors je les ai perdues.
Ma vie de trépassé
reprend à pendiller
tristement
dans un seau gelé
au fond d’un puits lunaire.

013_foro romano 180

13.
Du moins, un œil,
je dois le fermer,
si je veux les voir
affleurer, soudaines
(par-delà la rambarde aveugle)
les voix hurlantes,
éloignées, fuyantes
et pourtant claires et immortelles.
Sur l’écran poussiéreux
du film exhumé,
une passerelle de mots
déguisés en personnes
traverse le château en ruines
d’un cerveau dépassé
arrivé, parti.
Le mien.

011_foro romano

Giovanni Merloni

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écrit ou proposé par : Giovanni Merloni. Première publication et Dernière modification 11 janvier 2014

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ti_002_Nous ne nous entendons pas, le monde et moi (Testament immoral II/I)

10 vendredi Jan 2014

Posted by biscarrosse2012 in poèmes

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Testament immoral

001_testina per testamento 180

Giovanni Merloni, 2013

Nous ne nous entendons pas, le monde et moi (première partie) 
(chapitre II/I, Testamento immorale, Manni Edizioni, Lecce 2006)

1.
Nous ne nous entendons pas
le monde et moi.
À tour de rôle, nous arrivons
tard, lui ou moi
au rendez-vous.
Nous ne faisons aucun effort
peut-être. Certes,
nous ne savons pas
écouter.
Nous ne trouvons pas
une voie adaptée
pour nos mots
différents et adversaires.
Il nous manque
le champ de bataille
pour de glorieuses débâcles
pour d’honneurs au mérite
ou dégradations solennelles.
L’Histoire n’enregistre rien,
elle préfère passer sous silence, ou alors
elle ne s’en aperçoit
même pas.
Rien que du soleil, de la pluie,
du vent et de l’air qu’à peine
l’on respire.

002_foro romano 180

2.
Incommunicabilité,
cette longue parole
semblait une plaisanterie,
un jeu de société
il y a quarante ans.
Michelantonioni,
arpenteur soliste
des paysages urbains
de Vespignani et Sironi,
s’inventait des listes
de personnages étranges :
le moribond
qui ne peut pas parler ;
le mort
qui ne sait pas marcher ;
le ressuscité
flanqué aux premiers rangs,
incapable pourtant
d’écouter
la femme trompée,
l’enfant égarée,
l’amie avilie
et même la vie.

003_bis foro romano 180

3.
Une vague de tristesse
parcourait les histoires
du Bergman italien
engagé et hautain.
Voyageant ainsi, de la nuit
d’Antonioni aux effets de nuit
de Truffaut,
on arrive à dire :
« On est en train de désapprendre
même à parler, attention
à la désadaptation ».

014_foro romano 180

4.
Le monde global
a englobé
dans un seul supermarché
du quartier
l’artiste engagé
et l’artiste empêtré.
Le colloque a été coincé
et l’écoute, violée, préretraitée
va subir des coups de pied
telle une serpillère essorée
dans un pré.

005_foro romano 180

5.
« Il n’est plus le temps
d’Antonioni
ni de jeunes lions »,
nous disent, sans façon,
les chefs de bande
des télévisions,
les maîtres à penser
des maisons d’édition osées.
« Disait juste
ma femme de ménage
à propos du mariage :
nous ne sommes plus
au Moyen Âge ;
tandis qu’on ne repêche
plus désormais
la jeune fille
aux joues de pêche. »
Combien de vivants et de morts
pendant des années et des années
ont-ils traversé
les fleuves et les marines
les plaines grises,
les tristes collines ?
Il y a eu, peut-être
une titanique
invisible guérilla
disparue des journaux.
Un accrochage désespéré
à bout de souffle.
On a laissé passer
pourtant la censure
la vie par procuration,
l’usure, l’abjuration.
Le technocrate a gagné
ainsi que le fin diseur,
l’aigu commentateur,
le faux chevalier,
le vrai mufle,
l’imposteur
plein de soi.
Et finalement,
le vide de mots a rempli
le gouffre du monde
par une absence
encore plus grave
de mots nécessaires,
de mots justes.
Il ne nous reste
aucun mot
pour espérer
un ciel blanc plus blanc,
un ciel noir plus noir.

 006_foro romano 180

6.
Nous ne nous entendons pas
le monde et moi.
Lui, il ne me pardonne
pas
les bouchons aux oreilles,
la télévision éteinte,
les livres immortels,
la naïve obstination
en disant ce que je pense.
Moi je ne lui pardonne
pas
le bruit de fond,
les phrases faites,
le sempiternel hommage
aux gagnants, l’outrage
impuni fait aux faibles
à tous ceux qui ne savent pas
transformer en fiction
leurs vies difficiles.

007_foro romano 180

7.
Incapable de communiquer
avec insistance le monde
fait couler, devant nous,
un film vide
assez répétitif
peuplé d’automates,
comblé de gens égarés
défaits dans le corps
et dans la gueule
ce n’est pas la peine
de hurler
puisque personne
n’entend, personne
ne voit, personne
ne parle.

008_foro romano

8.
Incommunicabilité,
on ne rigole pas !
Il y a toujours quelqu’un
qui en profite. Un type
comme moi, peut-être.
Rendu muet, incompris,
il a renoncé à aimer.
Maintenant, il veut
se placer,
s’enrichir, ensuite.
Pourtant il ne saura pas
se contenter
et alors il acceptera
de tromper, de tuer,
de tout partager avant
de se taire.
Pour s’enrichir de plus
pour ne s’appauvrir plus.
Voilà le portrait-robot
du  ver solitaire
qui croît dans mes tripes
tout en mangeant
mes mots
tout en les brouillant
avant de les renverser
contre moi.
Voilà
qu’il bouleverse,
torture, anéantit
mes pensées et mes gestes ;
ou alors il me copie
en me volant même le stylo
ou le pinceau
pour redessiner
de son gré
l’Histoire effacée
du monde.

009_foro romano

(continue)

Giovanni Merloni

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écrit ou proposé par : Giovanni Merloni. Première publication et Dernière modification 10 janvier 2014

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ti_001_Je suis ici, au-dessous de Rome (Testament immoral, I)

09 jeudi Jan 2014

Posted by biscarrosse2012 in poèmes

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Testament immoral

001_cappello verde 2006 180

“Cappello verde” di Giovanni Merloni, 2004

Testament immoral

Je me suis borné à transcrire — essayant de le rendre compréhensible, par d’amples coupures et quelques notes ici et là —, le « brouillon en vers » d’Alfredo B., un des innombrables qu’il m’est arrivé de rencontrer au cours de mes voyages pendulaires entre Naples et Venise. Son histoire, compliquée et répétitive comme celle d’un Giacomo Casanova assez vieux, s’affiche parfois sombre et obsessionnelle comme celle d’un Werther un peu plus âgé. Mais, ce qui m’a vraiment convaincu à la proposer, c’est l’étrange fouillis de rhétorique et d’ironie qui fait prévaloir sur toute chose, avec la conscience de l’immuable précarité de nos destins, une extravagante morale esthétique de la vie.
G.M.

002_aventino 180

Je m’appelle Alfredo B., j’ai la barbe toujours inculte et je sens le train. À force de voyager en haut et en bas dans l’Italie il me semble, parfois, de m’être libéré du passé. Mais ensuite, sur le train, je les rencontre, faufilées dans quelques wagons à demi pleins ou à demi sombres, et, comme si l’on s’était rencontrés juste hier pour la dernière fois, je me trouve à parler rapidement avec Diva, ou Ambra, Nuvola, Stella, Ossidiana, Luna.
Je dédicace ce livre à chacune d’elles et aux autres, amies ou ennemies (il n’y aura jamais des femmes indifférentes).

I. Je suis ici, au-dessous de Rome
(chapitre I, Testamento immorale, Manni Edizioni, Lecce 2006)
1.
Je suis mort, enseveli
au bout d’ici-bas
au-dessous de tonnes de terre.
Sous ce manteau
de verre transparent
(un bout de bouteille ?
Une loupe Zeiss ?)
la mort
libérée de la claustrophobie
serpente heureuse,
tout en déclarant à la presse
sa pourriture éternelle.

2.
Je suis ici, au-dessous de Rome,
dans une branche de catacombe
où ne passe pas, jusqu’ici,
le métro.
Pendant quelques siècles,
mes chairs auront
tout le temps qu’il faut
pour disparaître
et mes os pourront
s’amonceler
s’éboulant doucement,
se rapprochant entre eux
avec la lenteur de pierres
dans le sable.
Mes mains, tout en continuant
à ressembler à des mains,
soutiendront la tête
ronde, lisse,
sans yeux ni lèvres ;
parmi les doigts,
ma gueule remplie de terre
aura à disposition
tout le temps de l’éternité
pour se souvenir et vivre
calmement la mort,
cette solitude impraticable
où l’âme s’effondre.

003_lungorevere 180

3.
Je suis ici,
mort en poésie
au lieu qu’en prose
condamné au rythme digne
d’aller toujours à la ligne.

4.
Ce fut par cette circonstance
physique et mentale
que je trouvai une mort
vraiment originale.
Indécis, jusqu’à la paranoïa,
si mon vers devait
tomber sur la rime, rester
solidement en prose ou bien
se promener à jamais sur le fil
je décidai une nuit de me rendre,
bien que fatigué, aux fouilles
de Cécilia Métella.

5.
Je cheminais tout seul, un rayon de lune sur la nuque,
débitant en cent manières
le même vers. Vers la fin
(deux fois la jambe avait cédé)
il ne restait que Penna ou Caproni
Pasolini ou Amélia Rosselli
Volponi ou Bertolucci
Bellezza ou… il faisait noir,
mon cercle déformé
recherchait, chancelant,
une cabane carrée
quand le temps a expiré :
sur mon dos silencieux
a tombé inattendu
un grondement anxieux
(et ma gorge éreintée
étendue sur le pré
telle la corne de Roland
vainement a appelé
au secours).

004_panorama 180

6.
Le destin m’a donné
un égarement spécial
(personne ne peut
me trouver, si loin
de ma voiture désarmée
étrangement garée)
et l’on a projeté
un puits défoncé,
à ma taille adapté.
Et j’y suis bien tombé
ou plutôt coulé
comme un beignet.
La mort m’a raidi,
et je suis finalement fini
sous un mas de granit
sans jardinières
ni bannières de parti.

7.
Je suis ici, mort en poésie
au lieu qu’en prose,
condamné au rythme digne
d’aller toujours à la ligne.

Giovanni Merloni

Heureux les aimés et les amants et tous ceux qui peuvent se passer de l’amour.

Jorge Luis Borges

Les hommes changent très peu. Ils demeurent toujours les mêmes. D’ailleurs, depuis le commencement des temps il n’existe qu’une seule histoire d’amour, se répétant à l’infini, sans perdre d’ailleurs sa terrible simplicité, son irrémédiable malheur.

Àlvaro Mutis

Voyager ? Pour voyager il suffit d’exister. Je passe d’un jour à l’autre comme d’une gare à l’autre, dans le train de mon corps, ou de mon destin, accoudé sur les rues et les places, sur les gestes et les visages, toujours égaux et toujours différents comme au fond le sont les paysages… La vie est ce que nous faisons d’elle. Les voyages sont les voyageurs. Ce que nous voyons ce n’est pas ce que nous voyons, mais ce que nous sommes

Fernando Pessoa

Il prenait le train pour ne pas être en reste.

Enzo Jannacci

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1960-1965 ambra 1966-1971 nuvola 1972-1974 stella 1975-1976 ossidiana 1977-1991 luna 1992-2005 roma2006-2013 paris

écrit ou proposé par : Giovanni Merloni. Première publication et Dernière modification 7 janvier 2014

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TIex7_Venise VII/VII

12 mercredi Juin 2013

Posted by biscarrosse2012 in poèmes

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Testament immoral

001_venezia capovolta 740Venise VII/VII (chapitre XI,15, Carrosse n. 5, Testamento immorale, p.169-170 Manni Edizioni, Lecce 2006)

(Dernière Escapade)

Le train glisse
comme un traîneau
sur la lagune ;
les briques noircies
de l’arrière-boutique vénitienne
voudraient éteindre
l’enthousiasme.
Un doute s’affiche :
est-il vraiment possible
qu’au-delà de ce sombre rideau
il y ait vraiment
(encore)
Venise ?

002_biennale 740 Venezia, Biennale 1976

Giovanni Merloni

écrit ou proposé par : Giovanni Merloni. Première publication et Dernière modification 12 juin 2013

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