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Archives de Tag: Françoise Gérard

Mon premier bouquin français

10 jeudi Sep 2015

Posted by biscarrosse2012 in les unes du portrait inconscient, poèmes

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Angèle Casanova, Ève de Laudec, Brigitte Célérier, Claire Dutrey, Claudine Sales, Elisabeth Chamontin, Florence Zissis, François Bonneau, Françoise Gérard, Hélène Verdier, Hervé Lemonnier, Jocelyne Turgis, José Defrançois, Marie-Christine Grimard, Marie-Noëlle Bertrand, Nicole Peter, Noël Bernard, Noëlle Rollet, Serge Marcel Roche, Vital Heurtebize

Il m’est arrivée par la poste, juste hier, 9 septembre, le jour de l’anniversaire de ma fille cadette, un joli colis contenant quelques copies de mon premier bouquin français : « Poèmes d’avant l’amour », publié par les Editions des Poètes français. Je suis bien conscient de ce que cela signifie. En même temps, je suis tranquille, confiant, heureux de pouvoir transmettre quelques miettes d’un trop long discours.

Giovanni Merloni

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J’approche d’un mur de plâtre (Vers un atelier de réécriture poétique n. 21)

26 jeudi Mar 2015

Posted by biscarrosse2012 in portrait d'une génération

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Atelier de réécriture poétique, Françoise Gérard

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Rome, photo de Giorgio Muratore, da Archiwatch

J’approche d’un mur de plâtre (Vers un atelier de réécriture poétique n. 21)

203_J’approche d’un mur de plâtre (Avant l’amour n. 21)

Comme vous avez pu le constater, dans cette deuxième phase de « réécriture poétique » je me suis aventuré « sans filet » dans mes acrobaties. Je me suis toutefois accordé une petite béquille de sauvetage : le jour avant chaque publication j’interpelle, selon le sujet du poème et mon inspiration du moment, quelques-uns de mes correspondants pour les inviter à intervenir « ex post », soit par mail soit à travers des commentaires à l’article spécifique.
Les personnes contactées sont tout à fait libres de se dérober à la tâche si elles n’ont pas le temps ou l’esprit pour intervenir.
Le fait de constituer ainsi, à chaque publication, un petit « forum pour invités », dont je considère l’avis et le conseil au fur et à mesure très utile pour moi, n’exclut pas d’autres interventions, suggestions et conseils.
L’invitée d’aujourd’hui est Françoise Gérard (@leventquisouffl) que je remercie vivement pour ses suggestions très sensibles et appropriées.

Giovanni Merloni

Notre histoire à nous tous (Vers un atelier de réécriture poétique n. 2)

04 mercredi Fév 2015

Posted by biscarrosse2012 in portrait d'une génération

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Atelier de réécriture poétique, Françoise Gérard

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Notre histoire à nous tous (Vers un atelier de réécriture poétique n. 2)

094_Notre histoire à nous tous (Avant l’amour n. 2)

Aujourd’hui, c’est Françoise Gérard qui m’a aidé à revoir mon texte. Ayant parfaitement compris mes exigences, tout comme Brigitte Célérier, elle m’a signalé les deux ou trois passages où les expressions adoptées n’étaient pas suffisamment évidentes pour un lecteur français. Comme il arrive souvent, lorsqu’on intervient sur un passage, l’équilibre de la poésie en résulte modifié. Alors, il ne faut pas hésiter à rechercher une nouvelle « clé ». Cela peut demander beaucoup de temps et quelques fois interrompre le flux créatif. Heureusement, les observations de Françoise semblaient dictées par la connaissance « a priori » de la solution poétique que j’aurais tôt ou tard trouvée. Pour ce qui me concerne, je suis ravi de cette épreuve.
Alessandro Manzoni, avant d’écrire « I promessi sposi » (Les fiancés) dans une langue italienne parfaite, avait écrit une première version du roman, sous le titre de « Fermo et Lucia » qui laissait au contraire transparaître ses origines de Lombardie et du lac de Como en particulier. Entre ces deux éditions, Manzoni se rendit à Florence, la ville italienne où le dialecte est plus proche de la langue nationale. Tous les lycéens de toutes les générations savent qu’il avait alors « lavé son linge dans l’Arno », voire dans la langue italienne.
Françoise Gérard, tout comme Brigitte Célérier et les autres personnes qui sont en train gentiment de m’aider, représente pour moi ce que l’Arno a représenté pour Manzoni… Mais ce n’est jamais une chose facile, ni automatique, ni escomptée. Cela demande une grande ouverture mentale de la part de ceux qui offrent une telle collaboration !
Donc, c’est avec un sentiment d’immense admiration et d’amitié que je remercie tous ceux qui ont accepté de partager spontanément et sans arrières-pensées mon travail de réécriture poétique.
Ce sera, bien sûr, un passage bref et circonscrit. Ensuite, je me renseignerai et, lorsque je ne serai pas en condition de faire front à mes engagements, je demanderai l’aide professionnel d’une stagiaire… Mais, bien avant de me décider à cela, j’aurai pu profiter d’une très grande et belle démonstration de générosité et de confiance.
Je vous invite maintenant à la lecture de « Notre histoire à nous », la deuxième des 28 poésies qui sont publiées quatre jours par semaine (du mardi au vendredi) jusqu’au 24 mars 2015.
Merci à Françoise Gérard, qui a participé avec enthousiasme au travail de révision de ce texte.

Giovanni Merloni

Croisement et point de fuite. Rencontre avec l’enfance de Françoise Gérard

31 mardi Déc 2013

Posted by biscarrosse2012 in échanges

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Françoise Gérard, vases communicants

(Ce texte a été publié une première fois sur le blog de Françoise Gérard [link] à l’occasion des Vases communicants de décembre 2013.)

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Les enfants âgés de quatre à sept ou huit ans sont des hommes (ou des femmes) en miniature, capables aussi bien de chevaucher le vélo de leurs parents que de se faufiler dans une minuscule barque jouet.
Ces objets — le guidon de la bicyclette, la voile en plastique de la barque — ont la fonction d’autant de rochers, auxquels s’accrocher, comme aux genoux de la mère ou le veston rugueux du père. Autour de ces petits riens de métal ou de bois (ou aussi en plastique), les enfants ont l’indomptable pouvoir de construire des mondes merveilleux où le désir se transforme en découverte et la peur se fabrique un abri toujours adapté.
Les enfants n’ont pas besoin de s’évader dans des endroits forcément confortables, car ils possèdent la pleine conscience de l’inadéquation des instruments de leurs fantaisies et en même temps ils devinent l’existence d’un lien robuste entre ces objets récupérés n’importe où et les mondes extraordinaires où leurs fantaisies vont s’installer.
Je crois, ma chère Françoise, que nous avons beaucoup joué, tous les deux, avec la boue et les débris abandonnés dans les terrains vagues, que tu as secondé ton frère dans le jeu du ballon, comme je faisais avec mon frère à moi, souvent n’utilisant que de vieilles boules dégonflées ou donnant des coups de pied à des cailloux…

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« Cette photo a été prise près de l’endroit où, cet été-là, j’ai failli me noyer. C’est mon frère qui m’a repêchée avec des amis qui jouaient non loin ». J’imagine un fleuve ou un ruisseau apparemment tranquille. Peut-être, ce jour-là, tu essayais de saisir quelques objets qui flottaient au fil de l’eau (une plume blanche ?). Moi j’étais plus petit quand une femme moins distraite vis-à-vis des autres s’aperçut de cette petite île — un slip blanc qu’on aurait pu confondre avec une boule de savon — affleurer de la surface lessiveuse du lavoir. Évidemment, je ne me souviens de rien. D’ailleurs, après un long silence (assez inquiétant chez mes parents), le premier mot que j’ai prononcé de ma vie a été « acqua », c’est-à-dire « eau ». Donc je suis peut-être fondamentalement amphibie.
Mais toi, est-ce que tu te souviens de ce jour « particulier » ?
En te lisant, suivant les péripéties de tes textes, on a souvent l’impression d’avoir juste la bouche et le nez en dehors d’une mer heureuse et de s’y aventurer avec toi, sans aucun souci des distances ni des tempêtes. La mer et l’eau en général sont peut-être, pour toi, des moyens essentiels pour te rapprocher, physiquement et sentimentalement, de questions cruciales et engageantes. D’ailleurs, « le vent qui souffle » auquel s’inspire ton blog, c’est ton toit, ton baldaquin, ton abri. Si le toit est le vent même et que la mer est l’unique point d’appui, tu es bien courageuse, car la seule chose qui reste solide c’est toi, dans toutes les traversées que tu entames et que tu achèves.

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« Je sais bien que je n’ai pas l’air d’une fille et qu’il fallait que je le précise… ». Oui, j’avais appelé cette image, selon l’usage italien « le portrait des deux frères », bien sachant que la petite sur la droite est une jeune fille, arborant d’ailleurs un foulard autour du cou. Curieusement, cette photo pourrait se titrer « Croisement et point de fuite ». Car en fait la petite Françoise est juste au centre d’une curieuse perspective reliant sur trois niveaux une rue avec son garde-corps en ciment et briques, un mur en briques auquel tu t’appuies et l’autre mur en pierre blanche qui borde un petit gouffre végétal. Les axes visuels convergent vers leur point de fuite tandis que les jambes maigres de ton frère se croisent. Il y a donc un sentiment d’attente ou de vrai suspens : d’un côté, le bonheur d’avoir la vie sauve, une joie évidente moins dans les regards des deux jeunes que dans l’esprit du photographe ; de l’autre côté, l’épée de Damoclès  du reproche voltigeant sur les deux têtes. Est-ce que ton frère ressentait ce jour-là le même sentiment de culpabilité du frère du Petit fugitif ?

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« Ici, j’ai grandi et je suis habillée en fille… »
On ne se souvient que des beaux jeux, des livres aux illustrations colorées, de l’oncle sympathique ou de la tante bizarre. On ne se souvient pas de la faim. Notre génération, issue de l’après-Seconde Guerre, n’est pas morte de faim. Pourtant, nous avons bien sûr connu l’importance des repas et sommes redevables d’une reconnaissance infinie à toutes ces mains qui, souvent au prix de grands sacrifices, se sont précipités pour nous offrir le pain, les pommes de terre, les soupes ou le pot au feu. À cette époque-là, le fait de pouvoir manger c’était toujours des prix gagnés en échange de notre obéissance et bonté envers les autres. Sinon, au lit sans dîner !
Dans cette image de famille, je crois te reconnaître au centre, les yeux un peu resserrés pour te défendre du soleil. Un soleil bienveillant, qui caresse toute la famille d’une couche affectueuse. Je crois que vous êtes à Armentières, dans le nord de la France, en hiver, que vous venez de déjeuner et que vous êtes heureux. On le voit aussi bien dans l’air poli de ton frère (qui ne croise pas les jambes, ici) que dans le combatif de ta mère. Je trouve en elle une singulière affinité avec mes cousines de Romagne — Dora et Luisa — aussi vivantes que sérieuses, aussi prêtes à la lutte que disponibles aux sourires innocents. D’ailleurs, on dit que les gens de Romagne héritent beaucoup des anciens peuples de la Gaule… 

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Dans cette photo, l’enfant armé de pistolet ressemble beaucoup à ta mère et bien sûr à toi aussi. À sa gauche, je crois reconnaître son frère cadet. C’est une photo qui exprime parfaitement la paresse de celui ou celle qui actionne l’appareil photo et reflète en même temps ce typique climat de recherche d’un motif, d’un prétexte pour entamer un jeu, pour inventer une situation : « J’étais… Napoléon ! », « J’étais mon grand-père en charrette ! », « J’étais Jeanne d’Arc », « J’étais… »

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Ici, tes deux enfants ont déjà grandi. Et pourtant, ils aiment se faufiler dans une trappe. Il n’y a rien de plus suggestif qu’une porte serrée à l’embouchure d’une galerie souterraine. L’imagination part au galop.
Bien avant l’enfance, je crois, quelque dieu invisible décide pour nous le numéro magique qui nous fera de guide. Si on est enfant unique, ce 1 qu’on nous colle à la peau nous donne surtout des sentiments de responsabilité et de solitude. Si l’on est deux, ce numéro 2 nous poursuivra pendant toute la vie :
— M’accompagnes-tu ?
— C’est à toi de porter le cartable, maintenant !
— Tu en profites parce que je suis plus petit.
— Allons chercher quelqu’un pour jouer aux trois Mousquetaires !
En fait, le duo devient presque toujours une force dans les groupes de gens du même âge, surtout s’il y a entre les deux partenaires un expérimenté jeu d’équipe. Mais après, c’est la vie qui nous débarque dans une troupe nombreuse ou exigüe, et ce n’est pas évident de se débrouiller si quelqu’un d’entre nous est l’Eau et qu’il a affaire avec le Vent (qui souffle), la Terre (au-dessous de la trappe) et le Feu (de son âme inquiète).

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« Plus tard, je n’ai peut-être pas encore vraiment l’air d’une fille, mais il est plus facile de faire du vélo en pantalon. »
En voyant cette photo, j’ai tout de suite imaginé une promenade avec toi au bord d’un lac. Moi je me promène à pied, tandis que toi tu avances en bicyclette. Moi je suis obligé de courir un peu, mais toi tu es toujours prête à t’arrêter pour m’attendre. Ou alors tu décides carrément de marcher toi aussi, tout en poussant le vélo par le guidon.
De quoi parlerions-nous ?
Moi je me lancerais dans une divagation sur le thème de l’inconscience. Elle était absolument nécessaire si l’on voulait que ton portrait fût sincère et inoubliable. Donc, en raison de la beauté évidente de cette photo je conclurais que tu étais bien consciente du fait que quelqu’un essayait de t’encadrer dans une photo. Pourtant tu n’avais pas résisté dans le rôle du modèle insouciant ou indifférent, car tu étais intéressée à celui ou celle qui te pointait. Il ou elle te parlait, et tu t’oubliais de toi-même…
Dans un esprit philosophique qui me dépasse toi, au contraire, tu affirmes qu’à ces temps-là « les corps croyaient avoir une âme ». Donc, pendant que le photographe suait et soufflait, essayant tout de même de te convaincre — à arrêter la bicyclette et dire tout simplement « Cheese » —, ton corps se tenait péniblement en équilibre entre le vent et l’eau. Cela donnait à ce corps même l’illusion d’avoir une âme et cette âme en profitait pour voltiger comme un nuage invisible entre tes yeux et l’objectif qui les photographiait…
Mais, où allait vraiment cette bicyclette ? Et maintenant, où s’est-elle installé cette chasseuse de papillons poussée par le vent qui souffle ? Apparemment, un bûcher de la mémoire — ou le manque de temps pour s’y appliquer — empêche de reconstruire un à un les passages d’une vie de réflexions et de rêves, mais aussi la maturation d’une intelligence vive, subtile, émotive, ouverte vers les autres. Pourtant, cette fois-ci, en dépit de toutes les techniques ultra-sophistiquées du futur qui nous hante, il ne nous suffira pas de « cliquer pour agrandir » la photo et y voir l’éclair bruyant et venteux qui souffle dans tes yeux.

Siffle le vent, hurle la tempête
Souliers cassés et pourtant il faut continuer
Pour conquérir le printemps rouge
Où se lève le soleil de l’avenir
Pour conquérir le printemps rouge
Où se lève le soleil de l’avenir…

Chanson : Fischia il vento, urla la bufera

Photos : Françoise Gérard

Texte : Giovanni Merloni

écrit ou proposé par : Giovanni Merloni. Première publication et Dernière modification 31 décembre 2013

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Enfance de l’art par Françoise Gérard (les #vases communicants décembre 2013)

06 vendredi Déc 2013

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Françoise Gérard, Italie

ladri di biciclette - copie

Le Voleur de bicyclette (Ladri di bicyclette), film réalisé par Vittorio De Sica (1948)

Pour les vases communicants (*) de décembre (voir liste complète des participants), Françoise Gérard et moi nous avons décidé d’exploiter notre échange autour du sujet de l’enfance. Mon enfance, son enfance, celle de mes enfants, celle de ses enfants et petits enfants. Nous nous sommes tout simplement envoyées quelques photos. À partir de ces traces assez incomplètes de passés révolus mais encore présents dans nos âmes sensibles, chacun de nous a essayé de se plonger dans le passé mystérieux et tout à fait inconnu de l’autre. Dans cet esprit ce blog-ci héberge Françoise Gérard et ses réflexions poétiques à partir de quelques photos d’enfance, tandis que je me suis invité pour le même but dans Le vent qui souffle, le blog de Françoise, que je trouve très intéressant, ouvert, accueillant, inspiré depuis sa naissance à l’idée de l’échange, de la réflexion et du partage.
Giovanni Merloni

Enfance de l’art, par Françoise Gérard

Les mots me manquent… Je me sens incapable… Je ne saurai pas… Trop, trop d’émotions, de sentiments confus et contradictoires me submergent soudain en découvrant les simples mais très belles photos que m’a envoyées Giovanni… J’imagine que le sourire confiant, que le visage radieux de cet enfant est le sien… Aux commencements de sa vie… Quand tout n’était encore vraisemblablement que promesses… Quand il n’était possible d’imaginer que bonheurs présents et à venir…

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Au milieu de tous ces enfants, frères, sœurs, ou peut-être cousins cousines, une femme fait converger sur elle leurs regards aimants et heureux. Manifestement, elle les a aidés à grandir en les armant de son amour pour affronter la vie, et les voici, grands, adolescents, jeunes gens, sur cette photo où les visages moins ronds n’ont pas complètement trahi l’enfance, autour de leur mère ou de leur parente dont les cheveux ont commencé de grisonner...

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Trahir, le mot est lâché… Sans doute suis-je déjà en train de trahir Giovanni, aussi bien l’enfant qu’il a été que l’adulte se souvenant de cette enfance qui lui est propre et dont lui seul a la clé!… Mais n’est-ce pas plutôt l’enfant qui abandonne l’adulte à ce qu’il est devenu?… Nostalgie de l’enfance, que cherchons-nous à découvrir ou à déchiffrer sur ces visages qui se sont laissés photographier par les adultes d’alors pour fixer les moments de bonheur et baliser la vie qui passait?… L’enfance est-elle vraiment cet âge d’or qui nous tend le trésor de ses souvenirs? Quelle perception avions-nous de nous-mêmes quand nous n’étions encore que des enfants soucieux de devenir grands et de quitter les enveloppes trop protectrices? La vie ne se montrait-elle pas déjà un peu rude?… La grâce de l’enfance est parfois meurtrie par l’expérience du malheur; et même les enfances heureuses sont blessées par l’apprentissage de la vie qui montre fatalement l’envers du décor… Comment se défendre contre les monstres, réels ou imaginaires?… Les petits d’hommes sont ambivalents comme leurs parents, et balancent entre leurs peurs et leurs joies!…
Dans la famille de Giovanni, les enfants sont heureux et font la fête. Le petit Giovanni est fier de sa cravate qu’il arbore en bombant la poitrine entre son frère et sa sœur.

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« Oui, c’est moi, je suis en train de devenir grand et cette cravate le prouve. Pourquoi me regarder comme un enfant? »… Comme si les adultes eux-mêmes n’étaient que des adultes et n’avaient pas gardé au fond de leur cœur une part d’enfance?… Mais quelle est-elle? Comment la définir?… Le jeu et toute l’inventivité qui lui est associée est sans doute ce qui sépare ou réunit au plus haut point, selon les degrés d’interférence, le monde des adultes et celui des enfants…
Mais voici que je parle de l’enfance en général et que je m’éloigne de l’enfant Giovannino. Quels étaient ses rêves mais aussi ses cauchemars? Quel était l’axe structurant autour duquel l’enfant apprenait à penser sa/la vie? La première photo a été prise à Paris, la seconde à Siena. La France, l’Italie. Ce partage géographique (du côté de… ou de…) a nourri son imaginaire. Quels reliefs particuliers le bilinguisme apportait-il aux histoires lues ou racontées?

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Infans, l’enfant qui ne savait pas encore parler découvre que les émotions qui bouillonnent dans les coeurs correspondent à des mots qu’il est possible de cueillir sur les pages d’un livre. L’adulte aimée est une lectrice, une liseuse qui adorait la France et la peinture de Renoir.

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Giovannino aimera la peinture autant que les mots. Il entame à cette époque, au gré des déplacements de sa famille entre l’Italie et la France, un long voyage intérieur qui n’aura jamais de fin, et qui s’apparente à un exil. Pour rassembler tous les morceaux de sa vie, Giovanni apprend à composer de grands tableaux qui ressemblent à des puzzles. C’est son jeu de prédilection. Il y a toujours deux ou trois pinceaux dans sa trousse de voyage, à côté d’un stylo. Car il s’est mis aussi à raconter de longues histoires foisonnantes qui parviennent à peine à traduire le bouillonnement des sentiments qui mènent la danse tout au fond de son coeur. Il y a tant et tant à explorer! Mais aussi tant de choses essentielles ou inessentielles (comment savoir?) à laisser de côté au moment des départs et à tenter de retrouver pour se ra-ressembler (à) soi-même et se sauver de l’oubli! Tâche épuisante et vouée à l’échec, car les mots sonnent toujours un peu comme le tocsin de la mort… Le geste d’écrire ou de peindre se fond alors en un seul qui s’apparente à celui qui nous vient des profondeurs de l’histoire humaine quand les premiers hommes avaient découvert et mis en oeuvre le pouvoir de laisser des traces sur les parois de leurs cavernes… Que ne connaissaient-ils l’informatique à cette époque! Prescience des chamans qui tentaient d’ouvrir des liens sur les portes de l’au-delà?!… Nous portons tous en nous l’énigme des premiers jours et de la fin du monde…
Mais que serait ce billet sans la personne hors champ qui a pris les photos qui lui ont servi de support? Que conclure sinon que l’invisible permet le visible?… Et que, à l’inverse, le geste de l’inscription dans le monde par les chamans-artistes, en ouvrant-ouvrageant des espaces-temps qui, sinon, resteraient hors de portée, permet la révélation de ce que le réel a d’insoupçonné?… Magie de l’écriture et/ou de la peinture… n’est-ce pas, Giovanni?
Giovanni devenu grand devient un père visible au milieu de ses propres fils… Mais alors, si ce n’est plus le père qui prend les photos, qui donc se dissimule hors champ cette fois ?

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Depuis la nuit des temps, c’est ainsi, les grands transmettent aux petits. Les fils reçoivent donc du père ce qu’il a de meilleur, les mots et les couleurs.

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Paolo le cadet suivra le père à Paris, tandis que l’aîné Raffaele restera à Rome. Ainsi continuera l’histoire d’une famille métronomique…
Les humains ont inventé la photographie automatique. Le regard de Gabriella ne rencontre pas, ici, celui de son père.

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Sans doute a-t-il choisi de s’effacer momentanément pour prendre en artiste cette photo de sa fille… De profil mais en réalité de face, brouillage de la perspective, mise en abyme… Une soeur et deux frères, trente ans auparavant, à Siena… etc, etc…

Texte de Francoise Gérard

Photos : archive Giovanni Merloni

(*) Rappelons que le projet de « Vases Communicants », lancé par Le tiers livre et Scriptopolis consiste à écrire, chaque premier vendredi du mois, sur le blog d’un autre, chacun devant s’occuper des échanges et invitations, avec pour seule consigne de « ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre ». La liste complète des participants est établie grâce à Brigitte Célérier.

écrit ou proposé par : Giovanni Merloni. Première publication et Dernière modification 6 décembre 2013

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