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Photo : Collection Frères Merloni. Reproduction interdite

Venise I/VII (chapitre IV,10/11, Le va-et-vient de M. Le Train, Testamento immorale, p.50-53 Manni Edizioni, Lecce 2006 –

Dans ma famille très citadine
à défaut de terre et de vigne
on se régalait de villégiatures
à la montagne dans la nature
humant l’arôme de prairies bleues
avant de partir pour visiter
toujours Venise
(et ce n’était pas une bêtise).
Le train
(ne faisant qu’un avec l’eau)
dès son arrivée
sur le Grand Canal
(déférent gandin)
déjà saluait Venise
par une belle révérence.
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Photo : Collection Frères Merloni. Reproduction interdite

J’enfourchais la valise
en m’accoudant au parapet
par une nouvelle franchise
sur le radeau branlant.
Il y avait ce même effet
sur le bateau à vapeur
vibrant parmi les pierres
noircies de terre.
Achevé le va-et-vient
du train frénétique
(se taisant enfin la roue
de la balançoire d’eau)
nous, enfants, accoudés
depuis l’hôtel de l’Ange
nous scrutions la rame
en train de clapoter
parmi les algues, juste à l’angle
du ruisseau lagunaire.
« Oh ! Oh !»
s’écriait tel un héros
(plié sur son flanc)
le gondolier blanc.

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Photo : Collection Frères Merloni. Reproduction interdite

Piétinant dans Venise
(indécise file indienne
de carrosses humains)
le crescendo de beauté
culminait dans la place
pullulante de pigeons
de drapeaux et de sons.
Impeccable, mon père
très rapide et précis
photographiait la promenade
des sortants entrants
de l’huis tournant
de l’Excelsior-Danieli
immortalisant, parmi les voiles
de ces limpides cieux
les actrices en chair et en os
les magnats à la rescousse
les personnes extravagantes
les milliers de jambes
les faces bronzées
hélas rassurées
par le grotesque succès
en matière de sexe.
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Photo : Collection Frères Merloni. Reproduction interdite

Même nous, les enfants
grâce aux graines
qu’on donnait aux pigeons
grâce aux glaces
léchées et  effondrées
(et aux pantalons souillés)
nous arrivions excités
par ces mille émotions
à la rive des Esclavons
où, comme une épice
s’évanouissait Venise
et renaissait venteux
mais dépourvu d’arôme
le ciel menaçant
de mon retour à Rome.

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Photo : Collection Frères Merloni. Reproduction interdite

Giovanni Merloni

écrit ou proposé par : Giovanni Merloni. Première publication et Dernière modification 4 juin 2013

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