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« Je t’ai choisi ! »
Nature ennemie,
temps ennemi.
Depuis des siècles,
une cohue d’adversaires
et d’invisibles faussaires
harcelaient sans pitié
notre naïveté.
Nature taquine,
temps inouï.
Dans les plis acérés
de notre austère abri,
une route s’est ouverte,
des fleurs vertes, des violettes
fanées, distraites,
un sentier de rochers
lumineux et tranchants
contre la ligne blanche
de la mer.
Nature méfiante,
temps sans esprit.
Seuls, affranchis
des béquilles de la patience,
des couleurs fades
des habitudes,
nous vivions, pourtant, incrédules :
quelle hallucination,
cette conscience nouvelle,
tumultueuse,
cette étrange liberté
qu’on n’avait pas conquise
ni gagnée, comme
s’il y avait encore
une interdiction,
emprisonnant nos corps
et nos pas.
Nature amie,
temps ami.
En un seul instant,
tels des colliers de caresses,
les coïncidences et les circonstances
se sont déchaînées.
Nature clairvoyante,
temps inattendu.
Tes yeux passionnés,
tes bras aveuglés,
ton corps incendié
à présent recroquevillé
(drôlement,
adorablement)
près du mien
bousculent mon destin,
sans trop de secousses,
pour qu’il découvre son chemin
limpide.
Nature heureuse,
heureux temps, enclin
à l’immobilité :
ton regard de biais
en cachette m’étudie,
par la joie anéanti.
Nature amie du temps,
elle n’a pas peur de briser
l’ordre de la vie
ni les reflets sourds
de la mort, tandis que
tes lèvres hurlent, ravies :
« Je t’ai choisi ! »
Giovanni Merloni
Cette poésie est protégée par le ©Copyright, tout comme les autres documents (textes et images) publiés sur ce blog.
une belle histoire..
Giovanni, ce qui est vraiment surprenant c’est la différence entre la lecture et la lecture à haute voix de ce texte. Avec la voix, il prend une ampleur…. Belle journée.
Il y a des poutrelles dans la nature comme parfois des poutres dans nos yeux (mais les ophtalmos sont là !)…
Incroyable beauté de la rambarde du métro, un chef d’œuvre en elle même.