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Félix Vallotton, image empruntée sur Twitter
Un voyage à pied
Un voyage à pied
tout seul, rien que pour entendre
l’écho de mes pas,
le bruit sourd des pierres
sur l’eau.
Un voyage à pied
arpentant de mes larmes
les tranchées en ruine ;
frôlant, sous l’herbe et l’ortie,
les silhouettes floues
des morts.
Un voyage à pied
pour évoquer un à un
les regrets scandaleux
qui m’assomment.
Un voyage à pied
en guettant la lueur
d’une chandelle solitaire
qui brûle à l’abri
de cette carapace de tortue
que je porte sur moi.
Un voyage à pied
jusqu’au terminus de la plaine
me creusant un destin violacé
au milieu de la grève
d’un fleuve de boue.
Une marche tourmentée
par l’ombre branlante
de mon vieux sac à dos
alourdi d’inepties
et de livres ennuyeux
que j’ouvrirai au soir
bénissant la paresse ouatée
d’un refuge effondré
dans une gorge de fraises
et de ronces.
Une quête engourdie
parmi les monologues
des amis abandonnés
que reflètent
la mer oubliée
les villes inoubliables.
Une fuite distraite
parmi les angoisses indomptables,
les hurlements de douleur,
les visages durcis
se glissant dans le vent.
Un slalom circonspect
autour d’un lit défait
où depuis des siècles
la poussière a effacé l’amour.
Un prudent parcours de guerre
dans un monde étranger
qui ne cesse de scruter
dans le vide.
Une brève intense bataille
bras dessus bras dessous
avec d’autres comme moi
brandissant des drapeaux
pendant la longue allée.
Un geste opiniâtre
que cette solitude
ne rendra pas plus fort
parce que ces retrouvailles
ne m’aideront pas
à tirer les choses au clair,
parce que de toute façon
tout se vaut.
Un voyage à pied
mes mots sous le bras
jusqu’au bout d’un labyrinthe
de lumières et d’échecs
où béatement me perdre.
Adieu.
Giovanni Merloni
TEXTE ORIGINAL EN ITALIEN
Cette poésie est protégée par le ©Copyright, tout comme les autres documents (textes et images) publiés sur ce blog.
sombre poésie mais à l’arrivée du voyage peut-être une éclaircie ?