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Ne vois-tu pas ?
Ne vois-tu pas ?
N’entends-tu pas le fracas
De feu et de sang, la tempête
Qui détruit en rafales la planète ?
Ne te sens-tu pas inquiète
En sachant que tout ça viendra
Sans que personne l’arrête ?
Ne vois-tu pas ?
Nous aussi creusons des fosses
Pour y cacher nos têtes d’autruche
Nous hissons des murs sans bosses
Pour y cacher nos corps farouches
Tandis que les plafonds s’écroulent
Les lumières de la nuit s’éteignent
Et les ombres du jour s’effondrent.
Ne vois-tu pas ?
Nous aurions pu nous unir
Nous charger de l’avenir
Consacrant notre sagesse
À notre malchanceuse jeunesse
La sortant de la détresse.
N’entends-tu pas les tambours
Appelant au secours
Tandis qu’auprès du comptoir
Nous nous faisons avoir
Par une rengaine renonciataire
Égoïste et solitaire ?
Ne vois-tu pas ?
Nous avons même évité
De nous rencontrer sous le soleil
Et de marcher, en chuchotant
Sur le trottoir très étroit
De ce quartier maladroit.
Ne vois-tu pas ?
Si l’on s’était mieux connus
Et que les gens l’avaient su
Ils nous auraient invités
À la ronde de leurs beautés.
Ne vois-tu pas
Juste au bout de la route
Une silhouette qui te scrute
Avant de te tendre les bras ?
Ne vois-tu pas ?
On est en plusieurs
À chercher notre âme sœur :
Elle est d’ores et déjà
Dans notre cœur qui bat.
Giovanni Merloni
en rouge et noir…