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Avec le temps (col tempo sai…)
Si notre intelligence ne flanche pas, si notre mémoire réussit à garder le cap des choses indispensables, des lieux chéris et des visages qui ne cessent pas de nous sourire… une métamorphose physique est pourtant inévitable.
Au fur et à mesure des années qui s’enchaînent, il arrive toujours le jour où nous devons commencer de but en blanc à choisir… Quel pied fera le premier pas ? Quelle main osera s’aventurer sur le rocher à la recherche d’une saillie pour s’y accrocher ?
Des images nous traverseront à grande vitesse, telles des silhouettes insaisissables (féminines, dans mon cas) qui s’envoleront aussitôt dans le brouhaha de la vie. Des personnes qui auront des rendez-vous dont elles reviendront fatiguées, mais déjà prêtes à repartir, à faire, à défaire… montant et descendant l’escalier de notre immeuble tout en conversant avec nos voisins encore jeunes…
Nous ne sommes pas malades, pour l’instant. Et nous avons même des énergies à gaspiller…
Cependant, nous ne sommes plus en condition d’affronter la compétition de la vie avec des armes adéquates. Nous glissons inévitablement vers la solitude et la détresse même si nous avons beaucoup de choses à donner à ce monde blindé qui nous sépare des silhouettes (encore féminines) en train de courir sans qu’on sache où…
Nous avons bien de richesses… qui disparaîtront pourtant, avec tout ce qui a revêtu notre vie.
Peut-être, quelqu’un s’occupera de stocker quelque part (on ne sait jamais !) notre héritage de mots et d’images, avec les fragiles décors où des années de travail acharné se sont déversées.
Mais nous ne le saurons pas.
Jusqu’au dernier souffle, nous noircirons des feuilles, en y ajoutant des couleurs périssables comme le parfum des roses…
Giovanni Merloni
je sais (tant mieux parce que ne le souhaite pas) que nul ne gardera mots de moi… d’autant qu’avec mes proches, ou au fond un peu avec tout un chacun, les mots seraient détournés ou vidés de sens.
Les mots sont ailés, et un peu divins… qui sait?…
et pourtant des splendeurs
et pourtant un regard humide et bon
au vieux cerisier moussu
le fulgurant envol des pétales tourbillonnant
dévoile ces discrètes rondeurs au vert tendrement nimbé du premier soleil
Des vers doux aux couleurs merveilleuses
Pour célébrer la résistance du vieux cerisier
Qui nous habite tous…
…
Merci infiniment, cher Noël ! Tu sais bien que l’amitié est dans l’échange et l’écoute mais aussi dans le plaisir de s’exprimer du vrai poète que tu es !!