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Principe : le premier écrit chez le deuxième, qui écrit chez le troisième, etc. Aujourd’hui c’est le thème du « Silence », dans tous les sens possibles. J’ai le grand plaisir d’accueillir Joseph FRISCH, auteur du blog JFrish Ma propre contribution est publiée sur La dilettante de Marie-Noëlle Bertrand (@eclectante). Merci à eux deux, merci à tous ceux qui font la ronde.
G.M.
Août 1976, Rome (via Calandrelli)
Incapable de dire précisément qui il était, maintenant il hésitait entre ses propres souvenirs et ceux que les autres lui avaient transmis dans leurs livres, et il sentait chaque jour sa vie plus envahie, grignotée par les fumées du rêve : ni dates, ni repères donc, mais seulement jour après jour le glissement familier du soleil d’un mur à l’autre de l’appartement.
Ainsi ayant désormais abandonné la maîtrise de sa propre existence, il voyageait dans un univers de papier, d’images, d’architectures, dont jamais il ne serait propriétaire, spectateur des saisons, passager des cartes de géographie, sautant d’une décennie à l’autre, passant brusquement du sommeil à l’étonnement s’il apercevait son propre reflet dans un miroir, curieux de tout ce qui traversait son désordre mental, comme s’il était un voyageur clandestin, émerveillé, dans le dédale d’un musée désert, d’y rencontrer des formes et paysages connus, ou ces silhouettes fugaces de jeunes fantômes pleins de grâce, leurs voix survivantes, les chants d’oiseaux et refrains d’autrefois.
Joseph FRISCH
Spectateur et passeur 🙂
Rome, déjà confinée alors