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Giovanni Merloni, 1972

Le lest (1976)

Il jette dans son dos
le lest des choses ramassées
tout au long du long chemin lent
des oranges, des glycines, de la neige.

Il se tourmente, seul.
La main dans l’eau, il confond
l’ombre de l’étreinte multicolore
le souvenir douloureux
d’un cri ouvert et scandaleux
d’un petit joli mot secret.

Il se jette dans la poussière
de gestes engourdis
de soliloques noyés dans l’inutilité.

Il traîne, comme s’il portait sur lui
son sperme mort
avec l’odeur emprisonnée
de ces corps enroulés
de ces cheveux empêtrés
de ces caresses dans le vent
frais et léger de la chambre.

002_le lest 740 Festival de l’Unità 1974. Giovanni Merloni, avec Francesco Curtarello et Paolo Ravaldini en train de monter le stand « Pourquoi l’Émilie est-elle rouge ? »

Jamais il ne pourra se passer
de cette apparence de facilité
de cet embarras d’humanité
mensongère sur fond de  sincérité
de cette désolation d’homme
seul et sale, désormais
obligé de courir
d’agir même violemment
contre l’écorce grise
d’une vie qui se répète.

Il ne pourra non plus
se passer de cette vie
qui le rend indisponible
insensible, muet,
prisonnier de sa patience,
esclave de son talent
qui l’empêche
de se rejeter totalement.

Giovanni Merloni

TEXTE ORIGINAL EN ITALIEN 

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