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001_un monsieur silencieux 180

Versailles, 1961

Les nouveaux mots que tu m’apprends (*)

Les nouveaux mots que tu m’apprends
je te les rends ;
les vieux mots que j’oublie pour toi
c’étaient ma vie à moi.

Assis dans un bistrot
sous un rayon de lumière
un jeune homme au chapeau
maladroit, silencieux
interrogeait son verre.

Regardant peu à peu
dans le noir de mes yeux
ce garçon malchanceux
a éveillé, sans un mot,
ma merveille.

Il n’est pas le neveu
de Richelieu
ni le frère de Molière.
Il ressemble plutôt
au persan de Montesquieu
vomi par le train bleu
de la banlieue.

On était en chemin
au canal Saint-Martin
lorsqu’il dit un petit mot :
je suis Monsieur Hulot
ou alors le petit oiseau
à l’aile cassée au pied tordu
ta gentille alouette
tes instants perdus.

Assis à l’Atmosphère
dans la soirée légère
ses mains m’ont parlé
et, la bouche bée
tout le temps j’ai dansé
dans ses gestes assurés…

Il s’appelle Paradis
ce géant très poli
qui m’emmène ravi
de la Gare de Lyon
jusqu’aux Buttes-Chaumont
devinant ma fortune
en bas de rue de la Lune
ou jouant de sa harpe
à la Contrescarpe.

002_un monsieur silencieux 180

Paris, Montmartre 1961

Nous étions comme des fous
bras dessus bras dessous
sous le Pont Mirabeau
voltigeant sans un mot
tout en haut dans le ciel
de la Tour Eiffel.
Je riais comme une folle
à Batignolles
j’avais mal au genou
au Centre Pompidou.
et je tombais à terre
sur la route de Nanterre.

Revenant en arrière
l’écharpe en bandoulière
il se met à chanter
un refrain de chimères
un manège insensé
où l’amour d’une journée
dure une éternité…

Saisies par l’atmosphère
de cette soirée légère
ses mains m’ont parlé
et, la bouche bée
je ne cesse de danser
dans ses gestes assurés…

003_un monsieur silencieux 180

Paris, Montmartre 1961

Giovanni Merloni

(*) Cette poésie ayant une femme comme protagoniste, a été inspirée par un texte en prose, publié ici le 2 juin 2013 : L’installation I/II

Cette poésie est protégée par le ©Copyright, tout comme toutes les autres poésies publiées sur ce blog.