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En profitant de la briéveté des vers d’aujourd’hui, je voudrais adresser à mes lecteurs une recommandation cruciale. D’abord, je ne suis pas le seul à aimer Venise, voyant en elle la plus belle ville du monde. Ensuite, j’en ai écrit et rêvé à plusieurs reprises. Tout à fait banalement, comme il arrive à des armées d’autres mortels, Venise a été pour moi le but de voyages de famille, de voyages de travail aussi, d’escapades culturelles ou de spectacle, le but de mon premier voyage de noces, mais aussi d’escapades secrètes et inavouables, réellement vécues ou imaginées…
Il est vrai qu’en avril 1965 j’avais croisé Le Corbusier, mythe incontournable pour toute ma génération, qui traversait avec ses grosses lunettes et une cravate à papillon la piazza San Marco tout en suivant une diagonale parfaite.
Ce n’est pas du tout vrai, au contraire, que je n’eusse jamais eu de rencontres rapprochées avec cette Diva, personnage mythique elle aussi. Je ne peux pas nier d’ailleurs qu’au cours de notre cohabitation au sein de mon adolescence, elle m’avait suscité de véritables et intenses pulsions d’expérimentation amoureuse.

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Photo : Collection Frères Merloni. Reproduction interdite

C’est surtout à cause de mes rêves inaboutis que j’ai appelé « immoral » le testament poétique d’une vie où l’enthousiasme, la maladresse et le provisoire manque d’attention n’ont jamais frôlé une méchanceté quelconque. Est-il immoral de le dire ?

Venise II/VII (chapitre V,14, Carrosse Restaurant, Testamento immorale, p.72-73 Manni Edizioni, Lecce 2006)

Nous étions à Venise ;
juste au petit matin
la famille dormait.
Au dos de la ruelle
à côté du ruisseau
elle était dans l’ombre la terrasse
de l’Ancien Tatillon : [i]
la jeune fille au balai
caressait les feuilles
(un pigeon-poinçon
lui becquetait les pieds).

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Tintoretto, Susanna e i vecchioni, Vienne Kunsthistorishes Museum 

Je feignais de dormir
dans un lit de bataille
accoudé sur la cour
(unique issue
à mon corps de canaille).
Silencieuse Diva
elle frottait sa jupe
contre le mur
en devinant bien dur
mon réveil impur.
Pour atteindre l’escalier
elle devait y passer.
Je fermai les yeux
Diva souleva le drap
par un fort soupir
et posa doucement
la pointe de sa bouche
sur la mienne
(puis je crois elle s’évanouit)
(et moi mes plumes je perdis).

003_affiche 740Giovanni Merloni 

[i]  “Antico Pignolo”, un des plus fameux restaurant de Venise.

écrit ou proposé par : Giovanni Merloni. Première publication et Dernière modification 5 juin 2013

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