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À quoi bon ?
À quoi bon de vivre ainsi
anxieux ou mélancoliques
enthousiastes ou désabusés
figés ou disponibles ?
Par quel enjeu ou envie
nous devons forcément cumuler des fautes
en mêlant les besoins et les désirs
la matière et le mythe
la terre fangeuse et le ciel ?
D’ailleurs, que ferions-nous
si l’on nous ôtait cet élan d’émigrants
vers tout ce qui est dehors
vers d’autres seuls comme nous
marchant sur de terres détendues
aux vagues noires et perdues ?
Nous partons donc, assurés
attirés par de péripéties inutiles
jusqu’à l’heure où le désarroi arrive
avec la sourde incapacité
le sentiment-certitude
de ne pas suffire à la besogne.
Nous partons tout en reculant
incapables de donner ni de prendre.
Tels des ballots dans la laine
aventureux et désespérés
(visionnaires renonçants)
nous comprimons à jamais
nos forces les meilleures
nos routes les plus inavouées
nos rêves les plus honnêtes.
Nous n’avons pas de refuge ni tanière
et pourtant nous demeurons encastrés à la terre
nous ne savons pas voler
et pourtant nous demeurons dans l’air
suspendus, verrouillés
à cette question hideuse :
à quoi bon ?
à quoi bon ?
à quoi bon ?
Giovanni Merloni
TEXTE ORIGINAL EN ITALIEN
Cette poésie est protégée par le ©Copyright, tout comme les autres documents (textes et images) publiés sur ce blog.
L’aquoibonisme est une sorte de philosophie dont Cioran serait peut-être un représentant caché ?
En fait, je ne serais pas, du moins jusqu’au bout, un aquoibonniste. Mais, surtout à ce temps-là (1974) je vivais un peu en dehors des limites, partagé entre la positivité d’un travail utile (bien sûr mal payé, mais cela n’était pas un problème) et les ruptures existentielles. En plus le climat politique de cette « Bologne rouge » dont j’ai maintenant autant de nostalgie, ne laissait pas trop d’espace à la fantaisie… Merci beaucoup pour avoir pensé à Cioran, poète incontournable que j’aime beaucoup, mais peut-être je n’ai pas souffert autant que lui…
J’aime beaucoup tes portraits, c’est un bel hommage aux femmes. J’aime les re-regarder 🙂