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Ne cogite pas !
« Ne cogite pas ! »
Et pourtant
(me bouchant les oreilles)
je m’adonnais aux délibérations hardies
pour combattre le désordre,
pour lancer des actions immédiates,
pour offrir une voie souple et adaptée
à chacun des efforts qui se somment.
« Ne cogite pas, arrête !
Cela tue, il y a là pis
que les cigarettes ! »
Néanmoins j’ai de la nostalgie
pour mes méditations farfelues
m’aidant à me libérer
d’une mélancolie sans nom
me suggérant un autre titre
à la douleur, aux causes
véritables, me trouvant
– ô libre arbitre ! –
des fausses jolies réponses.
Oui, c’est vrai,
c’étaient des solutions
presque toujours trompeuses ;
quant à moi, indispensables
pour ruminer encore.
« Ne cogite pas !
Laisse tomber les cercles oisifs
les fausses idoles, le rythme vain
de longues heures solitaires. »
Cela dit, je ne me repens pas
de toutes ces divagations solennelles
qui cultivaient le rêve
d’une journée géniale ou folle
où le monde changeait
de mes propres mains ;
je ne me dérobe pas non plus
au compte-rendu vaniteux
de mes rares instants raisonnables
de mes petits bonds d’intelligence,
d’indulgence, d’abrupte vitalité.
« Arrête ces examens répétitifs,
obsessionnels, ces paperasses
toujours inachevées, imprécises !
Renonce au lyrisme exagéré
de situations qui sont toujours
trop particulières. Efface
tes maladroites admissions
de faiblesse !
Ne cogite pas ! »
Et pourtant je reviens en arrière
(en quête du bonheur perdu)
à ces rares sorties dans la nuit
au courage, à l’insouciance
de ces feuillets de paroles
explosives, aux dénonciations
des comportements ambigus
des desseins scandaleux
qui démasquaient la ruse
d’un système touche-à-tout
invisible, inouï
qui enregistre, photocopie
vire, embauche,
affichant de la tolérance
même pour la débauche…
(pourquoi m’arrêtais-je
à la débauche ?)
« Ne cogite plus ! »
Oui, d’accord, je me sauve
vais survivre dans ce monde
qui cogite à vide…
[Il se tut.]
Giovanni Merloni
TEXTE ORIGINAL EN ITALIEN
Cette poésie est protégée par le ©Copyright, tout comme les autres documents (textes et images) publiés sur ce blog.
et pourtant tu avais raison