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Giovanni Merloni, 2013

Je sais que je l’aime

Je te jure que la même Musique
allumée dans nos refuges lointains
se faufilera, dans une aube taquine,
dans nos esprits hautains
nous prenant dans un piège d’épines.

Elle :

Je sais que je l’aime.
Pourtant, ses lettres
arrivent lointaines,
comme s’il n’avait plus des yeux
pour me chercher.
Je ne sais pas me dire
pourquoi
je ne le poursuis encore
dans quelques étoiles
ni pourquoi
je ne verse des larmes pour lui,
dans les plis gris d’un soir sans voiles
tandis que
mes lèvres muettes
ne cessent de lui dire Amour.

Mais,
contre les vitres je désespère
en découvrant— quelle galère ! —
qu’il ne me manque pas.

Là-bas, très loin
(dans la chambre de nos tourments)
il se réveille à l’aube,
déjà coupable,
en quête de ses haillons,
impatient d’écrire pour moi des mots d’amour
en vain.
(Car il ne sait pas m’aimer.)

(Elle ignore
qu’il va bientôt retrouver
la clé perdue.)

Lui :

Dans la Musique elle revient
se recroqueviller dans ma chambre
(dans un après-midi de tourments).

Dans la Musique ses yeux reviennent
grands et distraits, son parfum
de piscine, sa voix exaltée.

Dans la Musique belle et damnée,
les longues heures d’attente ont perdu leur poids.

Certes, une seule chanson
ne peut pas effacer sans façon
le souvenir douloureux
d’un écho mal placé
d’un pied piétiné,
d’un rythme raté
et de la peur surtout
d’étreindre jusqu’au bout
le corps de la vie.

Mais,
vestale inséparable de cette Musique
(qu’à l’infini recommence)
je prétends maintenant, même au loin
qu’elle écoute, qu’elle rie, qu’elle danse
inséparable, elle aussi,
de ce tourbillon de voix et de sons
explosant partout à cette heure.
Jusqu’à ce qu’elle chante au petit monde
le jour heureux — ô joie immonde —,
où explosa pour nous deux, par hasard,
le destin d’un amour doux et hagard.

Giovanni Merloni

TEXTE ORIGINAL EN ITALIEN

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