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Sur cette table, des feuilles
Sur cette table, des feuilles
et des cahiers
et des livres
et le sang des baisers.
Non, ne t’effondre pas.
Attends qu’elle revienne
pour lui dire tout
pour lui dire combien tu l’aimes
et tu l’aimeras
même dans la mort.
Tes mots
seront simples,
chastes, purs,
calmes.
En les disant,
tu te découvriras éloigné,
même indifférent
au voile méchant
qui tombera sur tes yeux.
Elle tombera à tes pieds,
elle embrassera tes mains
en laissant couler
des yeux
à chaque larme
un baiser.
Dans ce délire, tu découvriras
trop tard
qu’entre vous deux
peut-être
une vie heureuse
aurait pu
se déchaîner.
La mort approchera,
tout en glissant, légère,
entre tes mains et ses yeux,
entre son corps
frémissant et mouillé
et ton regard
emprisonné et sec.
Au loin, le crépitement du soir
rendra ta mort
moins triste,
moins évidente
tandis
qu’un souffle imperceptible
apaisera ton front
en y posant
une pensée coupée
qu’il laissera voltiger
le temps d’un instant
sur ton étrange sourire.
Elle sortira dans la rue,
l’unique femme que tu aimais.
Elle, qui t’aimait
jusqu’à en mourir
portera ton sourire
collé, de biais,
comme une fleur,
parmi les gens et les toits.
Toute seule, elle parlera
en répétant à chacun
ta dernière phrase :
«Voyons, mon amour,
chacun va à la rencontre
d’une mort originale,
sur mesure,
ressemblant à sa
propre vie.
Tu peux la voir
toi même :
belle ou laide,
cette mort-ci c’est la seule
qui existe
pour moi. »
Giovanni Merloni
Cette poésie est protégée par le ©Copyright, tout comme les autres documents (textes et images) publiés sur ce blog.
Un peu de Picasso dans l’œil du deuxième dessin…