Étiquettes
Giovanni Merloni, gouaches juillet 2014
Les objets inutiles (1976)
Tes bras s’abandonnent
et tombent
comme des feuilles chaudes
parmi les objets inutiles
d’une chambre sans
lumière.
Les cris de la vie
et de la mort
(éclatés violemment
dans le petit théâtre
de notre étreinte
embarrassée)
vont aboutir,
à présent,
dans la lueur ferme
d’une lente promenade,
tout au long
d’un fleuve de neige
entouré d’arbres
jaunes.
J’engloutis
péniblement
la douleur glacée
impromptue
remplaçant
la joie foudroyante
de cette petite
force
retrouvée.
Devons-nous
confier notre chance,
ce désir aigu
de bonheur
au temps capricieux
ou galant homme,
impatient
ou patient ?
Et pourtant
(au jour le jour
feuille après feuille),
elle est sincère
cette bataille des corps
ensommeillés,
elle est indomptable
cette constance
qui nous pousse
à nous poursuivre
l’un l’autre,
à protéger
notre petite
bonne humeur,
à défendre
coûte que coûte
la paix orgueilleuse
d’une petite
affinité.
Ça ne sert à rien,
contre l’amour,
tout dessin sombre
ou schématique.
Toute hypothèse
de bon sens
(heureusement)
s’épuise, bien avant
de produire
des résultats.
Elle ne remplacera
jamais la solidité
et le charme
de deux mains serrées
au milieu des odeurs
et des profils nets
de la rue.
Nous apprenons
à accepter
que la vie amène toujours,
en promenade,
bien serrée contre son corps
souple et provisoire,
la silhouette définitive
de la mort. Le bonheur
n’est qu’un enchevêtrement
d’objets inutiles
et d’élans indispensables
que nous devrions
toujours
protéger
contre les pièges
invisibles
de la mort,
contre les illusions
inévitables
de la vie.
Giovanni Merloni
TEXTE ORIGINAL EN ITALIEN
Cette poésie est protégée par le ©Copyright, tout comme les autres documents (textes et images) publiés sur ce blog.
» Les objets inutiles « ..C’est une marche terrible que d’errer sans une présence à ses côtés, c’est comme d’aller sans voir… pourtant il ne faut pas dévier et continuer sa route sans hésiter. Est-ce bien vrai, cela ? dans sa cruauté la mort s’arrange presque toujours pour séparer ceux qui flânent ensemble, main dans la main parce qu’ils s’aiment. C’est une nuit d’encre et je sais pourtant qu’il faudra continuer à marcher seule, s’étant perdus l’un et l’autre, interminablement. Derrière un rideau de grands arbres envelopper la terre et dormir, dormir aux sources du silence et sentir ma main sur ton corps pour sécher toutes mes larmes.
Gardez vos mains enlacées. BB17
« Derrière un rideau
de grands arbres
envelopper la terre
et dormir, dormir
aux sources du silence
et sentir ma main
sur ton corps
pour sécher
toutes
mes larmes. »
(BB17)
Tu m’as donné des mots merveilleux, et positifs aussi. Dans ma poésie d’il y a presque quarante ans il n’y avait pas la mort physique au passage, mais la mort de la séparation aussi inévitable qu’insupportable.
Merci à toi ! Ciao !