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047_labirinto assenza antique

Giovanni Merloni, 1979-2013

Le labyrinthe de l’absence (2004)

1.
[L’année suivante]

Je n’arrive pas à savoir
si pour moi tu es un écueil
ou bien un robinet.
Je ne sais pas si je m’échoue
contre toi
ou alors je me lance
vers toi.
Je ne sais pas si mon navire noie
par hasard ou fatale
distraction.
Je ne sais pas si mon tronc
d’arbre finlandais s’arrêtera
pour toujours à ton écluse.
J’ignore ce que tu feras
immobile devant le labyrinthe
étranglé et insensé
de mes débâcles.
Riras-tu ou alors tu pleureras ?

2.
[Deux ans depuis]

Je ne sais plus qui es tu vraiment
Je t’aime et je te crains
te cherche et t’esquive
et pourtant
(t’ayant vue
ayant renoncé à te voir)
mon cœur, agitant
la terre douteuse,
glisse par terre, à plat ventre
au milieu des ruines.
Je ne sais pas. Jamais je ne comprends
ce qu’il m’arrive
si je cogne contre toi
si je ne te rencontre pas.
S’il y aura une collision
et se cassera
désastreusement ma quille
je ne sais pas si ton écueil
invisible sera teinté
par le violet de mon sang.
Lorsque tu tourneras
le dernier robinet
par l’invisible tenaille
du silence et
horriblement
je serai étranglé
je ne sais pas si
(rapide et compatissante)
tu fermeras même ma bouche
mes yeux mon nez.
Je ne se pas si tu te sauveras
ou alors toi aussi
tu seras étouffée
par l’excès
de robinetterie.

3.
[Trois ans depuis]

J’ai essayé de nouveau
(téméraire, suicide)
de voir ce qu’il arrive.
Si devant moi tu te places
par sûr tu m’écrases.
Si tu glisses, rapide
dans un nuage d’acier bleu
je le sais déjà
celle-là c’est toi.

Encore toi, tu va remplir
d’une douloureuse espérance
le labyrinthe de l’absence.
Moi, j’ai apporté
mes pensées confuses, enveloppées
dans les jardins excités
où tu m’avais promis
ne plus venir.
Là, je me suis transformé
en un pré mouillé
qui gît inaperçu
pourtant, seule seulette
j’y ai vu tourner ta bicyclette
dans la roue parfaite.
Voilà, même si l’on ne veut pas
on se rencontre,
même si on nous sépare
par un viaduc
par un passage souterrain
par un fil barbelé
ou alors par un fossé.
D’ailleurs, je fais semblant
de devenir absent
si je pince en flagrant
tes yeux sur le volant.

4.
[Dix ans depuis]

Si je finis en galère
(dépourvu de tes soins)
dans le quart d’heure d’air
je ne saurai pas trouver
une raison à tes tortures.
Nuitamment
je poursuivras les voix
les cris la joie
rebondissant sur les murs
la défunte fringale
désormais pâle
qui frappera à la porte
du pensionnat guindé
où tu m’auras envoyé.
Alors, on réussira bien
à ne pas s’étreindre
physiquement
à ne pas s’entendre
poétiquement.
Tu lèveras ta main pour dire
« Absente »
je me sauverai
parmi les cintres
du placard,
éteindrai la radio
et ne dirai plus rien.

Je n’arrive pas à savoir
si pour moi tu es un écueil
ou bien un robinet.
Si devant moi tu te places
par sûr tu m’écrases.
Si tu glisses, rapide
dans un nuage d’acier bleu
je le sais déjà
celle-là c’est toi.

Giovanni Merloni

écrit ou proposé par : Giovanni Merloni. Première publication et Dernière modification 20  février 2013

TEXTE ORIGINAL EN ITALIEN : http://wp.me/p343bA-9B

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