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Je crois que tu vas me changer
Je crois que tu vas me changer
avec ton tic de m’emmener
dans un petit sac brodé
parmi la foule hurlante.
Je crois que tu vas me désarçonner
avec ton réflexe instinctif
de m’abriter et puis de m’étaler
au public.
Venez, venez !
Il est à moi,
ce pigeon lapin, pivoine
gosse, garçon, homme !
Il est à vous !
Entendez, entendez !
Il sait parler,
amadoué, mais bizarre.
Pourtant,
je crois en nous deux
restés seuls entre cendres et feux
les narines brûlées,
les corps noircis,
en train de nous enrouler
en des manches d’étoffe
de nous accouder, muets
devant l’immense eau
d’un fleuve devenu mer.
Je crois en nos longues caresses
à la paix d’une conversation
se déroulant silencieuse
entre nos cheveux débrouillés,
nos mains paresseuses,
nos rêveries sans temps.
Je crois à la distraction
qui nous affranchit
à notre envie de vivre
de tout et de rien
à notre fausse maîtrise des émotions
à notre faux effroi.
Je crois à notre barque
torpillée partout, qui va
juste un peu se révolter,
juste un peu se couler
s’échouant
dans les icebergs de l’impatience.
Je crois à notre train partant,
voleur de nos souvenirs, de nos espoirs,
de notre solitude à deux.
Je crois en ce train en voyage
offrant déjà à d’autres,
qui sait où,
cet étrange désir
(qui nous appartenait)
de paix et de partage.
Je crois en cette envie
de tout prendre,
de tout donner, en cette
quotidienne certitude anxieuse,
parenthèse d’une vie
entre parenthèses.
Giovanni Merloni
TEXTE ORIGINAL EN ITALIEN :
Cette poésie est protégée par le ©Copyright, tout comme les autres documents (textes et images) publiés sur ce blog.