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Les amants IV/IV (de « Il quarto lato », Éditions « Il Ponte Vecchio », Cesena, 1998, chap. V, pages 60-62)

Ils montèrent dans la vieille Skoda rouge de Libero, sortirent de la ville, longèrent un quartier populaire aux grands immeubles gris, tournèrent à gauche, s’acheminant vers la grande route en direction de la mer. À Cesenatico, la voiture se faufila dans une ruelle tout abîmée qui longeait de hauts murs couronnés de haies. D’un coup, elle se trouva dans un grand boulevard baigné de lumière. Plus avant, au-delà d’un bar-tabac, l’hôtel Plaza les attendait.

Libero se glissa en dehors de la voiture en laissant Solidea interloquée. Il chuchota avec un gardien africain. Laissa en gage son sac de prestidigitateur obtenant en échange une clé démesurée.

Une fois la porte fermée derrière eux, ils s’abandonnèrent sans attendre à un baiser intense et total. Solidea enleva la lourde couverture. Ils se déshabillèrent avec naïveté et résignation. La chambre ressemblait à une gloriette auquel des draps décolorés seraient accrochés. La semi-obscurité faisait lever le lit à une hauteur moyenne entre le plafond et le sol. L’odeur de tapis mouillé montait depuis la terre tandis que deux tableaux tout à fait inattendus d’un timide peintre du dimanche se noyaient dans les murs.

Libero dans sa fougue se réjouit de la rondeur de ces seins durs, de ces aisselles humides, de cette taille fine, de ce corps clair et menu et aussi de cette bouche qui tendait la langue au-dessus des dents en exhalant un son douloureux et enchanteur. Mais, il souffrit de son incapacité à transformer cet embarras en totale dévotion.

Solidea dans son abandon se réjouit de cet homme lisse et souple, capable d’autant de force et de gaieté, de cette bouche qui poursuivait chaque repli de son corps heureux et épuisé avec une insistance aussi sauvage que méticuleuse. Mais, elle souffrit de ce roulement incertain qui semblait amener le plan incliné de sa vie vers un gouffre où la douceur et le plaisir tantôt fusionnaient tantôt se séparaient brusquement.

La Skoda rouge parcourut à rebours la route pour revenir de l’hôtel au lieu de leur rendez-vous. Les deux amants étaient sereins et rassurés. L’action terrible et interdite s’était révélée en vérité assez simple, il n’y avait pas besoin d’adjectifs et de commentaires sur cela.

Maintenant, l’histoire pouvait continuer à l’infini, protégée par des divinités bienveillantes, c’est-à-dire des hôteliers complices ou des amis accueillants.

Ou alors elle pouvait assumer une allure tout à fait contraire.

Mais, il n’aurait pas pu se présenter le risque de monotonie et de  désolation dans la tour sans portes ni fenêtres et  clés où habitaient les rêves et les délires de Libero et Solidea !

Giovanni Merloni

écrit ou proposé par : Giovanni Merloni. Première publication et Dernière modification 30  avril 2013

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