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Ce que j’avais vu de ce monde insaisissable, ce que tu avais lu de mes découvertes. Ce que j’avais lu dans ce que tu avais vu (complètement différent vis-à-vis de ce que je voulais
— ou pouvais ou devais — dire)… Cela a déclenché une bagarre absurde, une déchirure inutile entre nous, car « les paroles s’envolent, mais les écrits restent », et les mots prennent corps, devenant des ogres, des géants, des armées féroces, des gueules raides renfermées en elles comme des étuis de fer. Peut-être, m’étais-je donné des airs d’importance ou alors mon attitude était tout à fait déplacée, maladroite ou abrupte… Je ne saurai jamais ce que tu penses à présent ; et j’ai peur aussi que tu n’auras pas envie de lire, maintenant, le pénible feuilleton de ma déception et de mon chagrin. D’ailleurs, tu aurais raison à me le dire : « que sais-tu de la vie et de l’amour, ainsi que de l’ennui paresseux et de la mort ? » Pendant une vie entière je suis resté là, immobile, devant de belles images ou des paysages laids, les yeux vides, limpides ou aveugles, lointains ou voisins, hagards ou découragés, tout en croyant que ce que je voyais c’était ma vie ou alors notre vie… La vie n’a pas d’yeux et probablement elle ne se promène pas au long d’une balustrade. La vie ne contemple pas
les paysages.
Ce que j’ai vu ne restera même pas dans mes yeux. Mais je serai là, tous les jours, auprès de cette terrasse accoudée sur la mer où j’attendrai ton regard et ta voix au passage. J’écrirai finalement que ce soir d’octobre c’était un matin de juillet et qu’il n’y avait ni plume ni cahier dans la poche de nos yeux orphelins de toute joie et de tout sens (même le plus provisoire) de la vie.
Giovanni Merloni
écrit ou proposé par : Giovanni Merloni. Première publication et Dernière modification 10 juillet 2014
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« La vie n’a pas d’yeux »… (une pensée secrète de Ray Charles)
J’aime beaucoup le dernière dessin !
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