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Giovanni Merloni, 2013
Dans l’enclos de la nuit
Dans l’enclos de la nuit
un train a sifflé
et brisé les oreilles.
Deux ou trois mères ont pleuré.
Je suis le seul à partir,
avec le seul bagage des jours
de la terre, des baisers
d’une fille que j’aime
du fond du cœur.
Là-dehors
un chien a bâillé
un homme a aboyé
un rêve — de fleurs — est mort.
Le soir est sombre.
Le vent le trépasse.
Derrière la vitre
coulent les larmes
que je vois s’essuyer
contre les poteaux
d’un autre jour
d’un autre soir. Hier.
Ces contours majestueux
vont me dessiner dessus
un triste pli de douleur.
Il sont là, placides contours
de petits mots entassés,
douloureux contours
de toits, de chambres
de placards, de lumières.
Parti. Je laisse de moi
ce qu’ils voudront, en gage.
L’obscurité de la nuit
est interrompue par la lueur
de tout petites gares
ces petits miroirs
où tu verras d’autres gueules
d’autres odeurs
de terre et de mer
où tu vois moi aussi
en attente de baisers et d’abris
de paroles et de trains.
Dans l’enclos de la nuit
mon cœur se brise
sur les rails
il court pourtant
long ruban d’étincelles jaunes
comme une sirène heureuse.
Giovanni Merloni
TEXTE ORIGINAL EN ITALIEN
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