Étiquettes
Et nous ne sentirons plus rien (1971)
I
Je n’ai plus envie
de parler de moi,
creusant
dans la mémoire
ou dans le reste.
Je ne veux pas découdre
les personnes
comme si c’étaient des objets.
Je ne veux surtout pas
effeuiller la chair comme
du papier.
Quant à nous, je ne veux plus
me leurrer : jamais
personne ne contournera
nos inébranlables
états d’âme ; nous-mêmes
ne saurons pas
anéantir
ta peur
et mon vide.
II
« Il y a peu, hier, ils se sont mariés.
Il en souffrait déjà.
Quelque chose de lui
mourait à jamais,
car il avait trop
décidé, trop
voulu, trop
assumé
pour tous les deux.
Et maintenant un vide
étrange
le possédait.
Il aurait dû attendre
qu’elle le cherche
qu’elle meure pour lui
qu’elle lui parle.
Et pourtant
(dans un silence
à l’Antonioni),
sans obéir aux nombreuses
voix sub-liminaires
se croisant bruyamment
dans le désordre
de cette étrange journée,
il s’obstinait
à la chercher
à la vouloir
à la gâter.
Tout le monde
devinait ses tempêtes
tandis qu’il posait à jamais
les pieds
sur la pierre tombale
des sacrements
des ornements
et de l’ennui. »
III
Dorénavant nous ferons partie
d’un monde d’hommes
et de femmes d’action.
Nos peines seront
les mêmes qu’on traverse
dans un lupanar
ou dans un cirque.
Nos veines gonflées
(obligées de se passer
de l’esprit et de l’âme)
travailleront activement
pour la joie de nos sens….
Et nous ne sentirons plus rien.
Paolo Merloni, Le mariage de mes parents (2005)
Giovanni Merloni
avant l’amour – 1960-1965 ambra – 1966-1971 nuvola – 1972-1974 stella – 1975-1976 ossidiana – 1977-1991 luna – 1992-2005 roma – 2006-2014 paris
écrit ou proposé par : Giovanni Merloni. Première publication et Dernière modification 20 juillet 2014
TEXTE ORIGINAL EN ITALIEN
CE BLOG EST SOUS LICENCE CREATIVE COMMONS
Ce(tte) œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Pas de Modification 3.0 non transposé.
Le style de Paolo est plus « naïf » (au sens Douanier Rousseau) sur le plan pictural : mais il t’a mis un bandeau sur la bouche !