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Pour nous dire encore adieu

I
Tout en nous désintégrant
dans les méandres de l’absence,
nous restons agrippés pourtant
tous les deux — quelle indécence ! —
à la vie.

À quelle vie ?

Je t’avais perdue mille fois,
mille fois je t’avais trouvée,
raide dans la pénombre,
et bien pelotonnée
dans une grimace sombre.

Mille fois je t’avais conquise
par des paroles impromptues
justes ou déplacées, exquises.

Tandis que toi, en un seul jour,
en un seul moment
essayant de le faire distraitement,
sans malaise ni sanglot
tu m’as quitté par deux justes mots.

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II
« La vie continue », dit-on.
La vie ne cesse de tourner
(autour d’un aiguillon
telle une vis d’horloger) ;
la vie jamais n’arrête
de creuser d’ulcères
tout en multipliant
nos estomacs, nos œsophages,
en plus de nos viscères.

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III
Ô nouvelles solitudes
dans le vide voltigeant
de nos pas endoloris !

Il nous reste à découvrir
de plus en plus encombrant
le chagrin sans quiétude
de mille nuits, tombant
sur nos tristes yeux noircis.

Nous allons rencontrer
le désespoir noyé
dans cette pluie jaunie
qui fait son doux métier
sur nos bras engourdis.

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IV
Désormais, cette vie journalière
ne nous appartient plus.
Elle se promène, à présent, étrangère
au-delà de la vitre
et c’est une vie printanière
empruntée
sans aucune apparence de souci
par milliers de silhouettes anonymes
ou de gueules en manque d’abri.

Si d’ailleurs une souffrance se cache
dans des puits insondables
dans des gouffres invisibles
les abîmes des autres
qu’ils soient même terribles
ne pourront ressembler
au chagrin quotidien
de mon manque de toi
de ta séparation de moi.

Jusqu’à quand — ô allégresse ! —
la vie même vient nous voir,
amenant des caresses
dans nos derniers couloirs,
où les gens nous câlinent :
il n’y a pas de sentinelles
pour cette étrangeté rebelle
de nos mots qui dessinent
de gribouillis de vie.

Après l’adieu des corps,
c’est ici que nos âmes
se sont retrouvées impatiemment
pour se dire encore
au jour le jour
adieu

Giovanni Merloni

TEXTE ORIGINAL EN ITALIEN

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