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Giovanni Merloni, 2013

Je me joins au cortège de pas

Un mort est traîné dans un fourgon
une fleur s’éteint avec lui sur son bois.
Et deux femmes en noir.
Et tous les jours un long cortège
suivant le mort et la mort.

Vont sur la plage
Vont, pâle ermitage
Vont, ils suivent un mort
Vont pleurer son sort.

Je me joins au cortège de pas
dont on ne voit ni la tête ni la queue.
C’est douloureuse plus que la mort
cette ambition de rendre leurs noms
à des corps désormais rigides,
immobiles, vides, tandis que
parmi les pas
coule l’immense satisfaction
de suivre des corbillards
de s’acheter des couronnes de fleurs
coule la joie honteuse
des vêtements en noir
l’énorme plaisir de la vie.

Vont sur la plage
Vont, pâle ermitage
Vont, ils suivent un mort
Vont pleurer son sort.

J’ajoute mes pas au cortège de pas
dont on ne voit ni la tête ni la queue.
C’est affreux, effrayant
et pourtant miraculeux
de revoir debout, une dernière fois
celui qui nous abandonne
tour enfonçant ses mains raidies
dans le vide de notre mémoire.

Vont sur la plage
Vont, pâle ermitage
Vont, ils suivent un mort
Vont pleurer son sort.

Je ne fais qu’un avec ce cortège de pas
dont je ne vois ni la tête ni la queue.
tout en fuyant à la rencontre
de ma solitude insouciante
de ma vieillesse sans mémoire
de ma mort inattendue.

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Giovanni Merloni

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