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Vraiment personne
« Quelqu’un est mort.
Il a deux bleus à l’angle
des lèvres. Juste hier,
il est tombé. Dès lors,
il ne s’est plus levé » :
c’est ainsi que je la porte,
ici dedans, sans jamais
la regarder dans les yeux,
l’histoire drôle
de ma mort.
Pour l’endurer,
je me cale une bande
sur le front,
imaginant qu’aux alentours
il n’y a
personne.
Vraiment personne.
Quand les mains
seront fermées,
quand les voix
seront éteintes, le matin
n’amènera plus des collations
sur son plateau
de lumière.
Vraiment personne.
Ce sera un peu étrange,
pour moi, haïssant
la solitude,
le silence de l’oreiller
l’absence des pas.
Ou plutôt tu seras là
mais nous nous tairons,
de la peur que l’amour
se brise, ou qu’il disparaisse
dans des routes inconnues.
Dans le silence, les souvenirs
gonfleront tes yeux,
le nuage clair
de tes cheveux,
et le soleil durera,
encore un peu.
Ou alors, il y aura
trop de lumière, ou trop
d’obscurité. En te regardant,
je serai transparent,
comme une feuille.
Mais, en m’adressant
brusquement
à moi même
(pour me reprocher,
pour me consoler)
je serai opaque
comme un tronc.
Vraiment personne.
Trop tard, quelqu’un
nous offrira l’étrange,
impraticable liberté
de nous aimer. Maintenant,
dans la pénombre
où tu attends, tout absorbée
dans tes bourdonnements,
tu t’es, d’un coup, aperçue
qu’il a vraiment disparu
tout ce qu’avait gardé en vie
notre étreinte légère,
d’un véritable amour
messagère.
Giovanni Merloni
Cette poésie est protégée par le ©Copyright, tout comme les autres documents (textes et images) publiés sur ce blog.
présence pérenne…
WOAAAAAOUUUUUH
(pardon pour ce cri du coeur un peu rustre, pas très distingué)