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Giovanni Merloni, gouache, juillet 2014
À présent
I
À présent, les marches
de l’escalier
entre toi et moi
ont augmenté.
À présent, on se comble
de mots, de la peur
que le silence nous tue.
À présent,
chacun de nous devient
inutile à l’autre,
chacun se perd
dans un cercle
de plus en plus froid
et lointain.
Et pourtant,
même dans nos mots
bien connus, arides,
de plus en plus idiots,
un élan sincère survit
envers ces jours lointains
(heureux, béats,
insouciants aussi),
quand les mots
se mêlaient aux baisers,
quand — te souviens-tu ? —
nous descendions
(moi, depuis Mars,
toi, depuis Venus),
chacun à la rencontre
d’un imparfait
inconnu.
II
« Je pensais alors à l’adieu
entre deux muets.
Je souriais à l’idée de deux statues
qui s’avouent l’une l’autre
des secrets inacceptables.
Je ricanais en imaginant
l’emportement
de deux malades
en train de lancer
leurs oreillers
contre le mur invisible
qui les sépare.
Je disparaissais dans la nuit
avare de mots, en nous
voyant, moi et toi,
en train de nous
effondrer,
comme les profils noirs
de deux îles,
dans la mer. »
Giovanni Merloni
TEXTE ORIGINAL EN ITALIEN
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