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Rome, photo de Giorgio Muratore, da Archiwatch
Rome (Vers un atelier de réécriture poétique n. 5)
« Chère Jocelyne,
…Je voudrais publier le prochain mardi 10 février la poésie « Rome ». Il s’agit, bien entendu, d’une poésie très simple, élémentaire même, que j’avais écrite au temps de mes 16-17 ans. Je l’ai travaillée pour la rendre en français déjà une première fois. À présent, j’ai juste revu un peu le rythme et quelques mots. Je vous serai reconnaissant pour votre regard extérieur et vos observations : là où peut-être le texte vous semble moins fouillé, là où le choix du mot et de l’expression ne correspond pas à l’esprit d’un lecteur français, et cetera… C’est à vous de dire aussi ce que vous ressentez, en me lançant quelques suggestions dont je tiendrai compte, sinon dans cette poésie, dans quelques autres occasions. Chaque collaboration jusqu’ici a été différente et ce sera ainsi chaque fois. Ce qui m’intéresse est de profiter de cette « réécriture », assez sérieuse, pour avoir un petit échange avec vous, qui aimez de toute évidence Rome… »
« Cher Giovanni
Voilà ce que je me suis permise de proposer, mais ce sont seulement des propositions bien sûr. Je suis certaine que vous trouverez le meilleur arrangement pour ce joli poème.
J’ai avec Rome une histoire de regret et de ratage mais je l’aime plus que tout autre ville italienne même plus prestigieuse. J’aime sa couleur et ses teintes changeantes, ses façades, sa beauté, la désuétude de certains quartiers, sa vivacité et son tourbillon, sa placidité aussi, le temps qui passe et nous retient à coté du temps chronologique nous faisant apercevoir une autre manière d’être au monde… »
Je me suis permis de transcrire quelques morceaux de ma correspondance avec Jocelyne T. (@allearome sur Twitter), au sujet de la poésie d’aujourd’hui, pour une raison qui va au-delà de l’importante question de la traduction, de l’expression qui change ou évolue d’une langue à l’autre, ou alors du sens d’une poésie qui parle de Rome.
Cette petite expérience, encore aux premiers pas (cinq rencontres sur le total d’à peu près trente échanges prévus), se révèle très intéressante et encourageante pour moi. Cela peut constituer d’ailleurs une preuve tangible de l’existence (encore) d’une vive exigence d’humanité et d’échange réel et direct entre les humains autour de la poésie.
D’ailleurs la poésie, même la plus universelle, n’est-elle pas l’expression d’un geste, l’élan de quelqu’un envers quelqu’un d’autre ? N’a-t-elle pas, la poésie, dans ses tréfonds subliminaux les plus cachés, le même esprit qu’une lettre d’amour ?
Jocelyne T. s’occupe de psychanalyse : « Ce champ est passionnant quand on est curieux de l’autre mais curieux de la bonne façon, celle qui ne viole aucune intimité et ne se permet aucune interprétation en dehors du cabinet de l’analyste. Il est passionnant de découvrir comment chaque individu se débrouille avec sa propre question, ses tourments , les bricolages qu’il trouve pour faire face à l’énigme du monde. La poésie comme d’autres formes de l’art est un de ces bricolages avec la langue pour notre propre plaisir et celui du lecteur. L’écriture permet de faire surgir parfois ce qu’on ignorait de soi -même et pourtant nous écrit encore, à la lettre. Vous avez raison la poésie s’écrit un peu comme une lettre d’amour. »
Giovanni Merloni
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