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Une poésie raisonnée pour Jim, Jules et Catherine (1)
Leur chanson
n’est triste et douloureuse que pour nous.
(Jim)
Ce jeune homme dont les mots
sont l’unique richesse
ne voit pas du charisme
dans ses gestes élégants
traversant comme un séisme
de lumière et fumée
son regard offusqué
ses propos inconstants.
Ô combien de beautés
se coalisent, exquises
pour tromper ses idées !
Ce serait impossible
pour quiconque débusquer
dans son air inspiré
l’insouciance infaillible
d’une action juste et vraie,
car ses yeux malmenés,
voltigeant désinvoltes,
vont ailleurs, préférant
s’essouffler avec le vent
sur les cimes des feuilles !
(Jules)
On dirait de l’autre homme
un grégaire,
un bon voisin, un infirmier
dépourvu
de passions opiniâtres
qu’un seul regard écrase
qu’une seule fleur assomme.
Accompli comme un traité
d’horlogerie, il se juge brisé
comme une symphonie inachevée.
Il suffit à lui-même,
et pourtant il est triste,
comme une île aux oiseaux
que ne lèchent pas,
à l’aller ni au retour,
les routes écumeuses et soyeuses de l’amour.
(Catherine)
La femme qui hurle la vie
est sans défense, la dernière de la classe,
mais elle est belle, telle une statue
ressuscitée.
Elle ressemble à l’eau pétillante de la nuit
au feu sporadique du petit matin.
(Jim, Jules et Catherine)
Pour ces trois héros ou figurants
la vie n’est pas faite de petites choses,
leurs propos sont incohérents,
leurs errances affolées.
Si pour eux la vie court,
inexorable, vers la mort,
la mort n’ajoute pas les couleurs de la poésie
à leur impitoyable folie.
Et pourtant leur chanson douloureuse et triste
nous concerne tous
du premier jusqu’au dernier de la liste.
Giovanni Merloni
(1) Il s’agit, évidemment, de Jules et Jim de François Truffaut (1962).
Cette poésie est protégée par le ©Copyright, tout comme les autres documents (textes et images) publiés sur ce blog.
Truffaut fecit
Merloni versificat !
… c’est vrai : « leur chanson douloureuse et triste
nous concerne tous… » !