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Il ne s’agit pas que d’une petite ou banale ou scandaleuse question
« Ce serait beau, pouvoir dire jusqu’au bout ce que l’on pense ! » Combien de fois une phrase comme celle-ci affleure à l’esprit et à la bouche, pour être tout de suite après refoulée brusquement par nous-mêmes ! Combien de fois, après avoir exercé cette censure, nous plongeons dans un état de frustration et d’intime révolte, contre nous-mêmes, pour commencer !
La raison, le bon sens, l’expérience, l’âme sociable, la peur de l’exclusion : tout cela nous conforte dans notre lâcheté.
Telle la voix d’un frère aîné, la raison nous dit qu’il existe, dans ce monde, des mécanismes qui se répètent, qui s’alimentent même, empêchant tout un chacun de développer jusqu’au bout sa réflexion, qu’elle soit juste ou erronée.
Le bon sens nous dit en avance que celui ou celle qui devraient nous écouter ne sont peut-être pas en mesure de nous entendre, cela en raison de leur mentalité et niveau intellectuel et culturel. Sans compter les questions caractérielles, qu’on appelle en général « subjectives » : voilà des peuples qui se parlent sans se comprendre, des autres qui se font la guerre sans jamais chercher d’en comprendre le véritable motif ni essayer de vérifier si jamais cette pulsion de destruction réciproque a été créée artificiellement, par quelques « mains » externes, plus ou moins aveugles et automatiques.
L’expérience nous explique qu’il y a ou il y a eu, qui sait où, quelqu’un (qui pourrait entre-temps être mort) qui a fait démarrer un jour cette machine infernale qui ne cesse de pousser les peuples à se tuer réciproquement, jusqu’au dernier soldat ou civil, vieux, femme, enfant.
Notre âme sociable est la conseillère la plus sévère : elle nous dit de nous taire, tout simplement parce que si l’on veut dire quelque chose, il faut trouver des alliés. Mais comment trouver des alliés dans un monde où tout a été réglé par des interrupteurs invisibles et introuvables que quelqu’un a actionnés, que personne n’est capable de fermer ni d’ouvrir : chacun de nous suit ses rythmes ; chacun de nous obéit à un système d’ordres ancestraux qui se mêlent aux règles de la société où il vit sans qu’il y ait de la part de personne la possibilité de connaître ni de ranger dans un ordre quelconque les éléments en jeu.
La peur de l’exclusion nous explique enfin, calmement, qu’avant de parler il faudrait tout connaître. Il faudrait d’abord connaître l’histoire de son propre pays, sa géographie, sa nature, la personnalité et la vie de ses représentants plus importants et célèbres. Pour un étranger, les études se doublent : il devra connaître jusqu’au bout, en plus d’une liste de choses primordiales, la langue du pays où il va s’installer.
« Imaginez-vous quelle Babel idéale et morale se déclencherait si l’on donnait la parole à des gens qui ne connaissent même pas leur histoire, qui ne savent même pas d’où ils viennent vraiment ? »
J’ai entendu cette phrase jaillir spontanément, quand je me suis d’emblée rendu compte que personne ne s’intéresse vraiment à personne… Sauf dans le cas où l’amour entre en jeu !
S’il y a l’amour, la compréhension réciproque devient une chose tout à fait envisageable, même si ce n’est pas toujours indispensable. L’amour peut triompher sur la pire des dictatures et même sur les injustices les plus diaboliquement organisées.
La chaleur des bougies, montant en haut, fait tourner l’hélice
et, avec elle, l’édifice !
Voilà pourquoi, ici dans mon blog et aussi au-dehors de celui-ci, j’assigne une importance primordiale à l’amour, où je ne vois pas que le but primaire des hommes et des femmes, mais aussi un moyen indispensable pour comprendre la vie. D’ailleurs, du robinet d’où se déclenche l’amour, se déclenchent aussi le goût pour la liberté, l’esprit de tolérance, l’altruisme, la générosité, et cetera.
Donc, sans renoncer à fouiller dans les tréfonds de mes rébellions et de mon insatisfaction vis-à-vis de ce monde, visible ou invisible, où je suis une fourmi ou une cigale parmi d’autres fourmis ou cigales n’ayant pourtant pas de véritables chances d’être entendues, je ne cesserai pas de parler d’amour : il ne s’agit pas que d’une petite ou banale ou scandaleuse question.
Giovanni Merloni
L’éolienne à bougies tourne sans se préoccuper d’autre chose que d’un regard aimant…
On ne badine pas avec l’amour, et non plus avec l’infini.
Oui Giovanni, ne cessez jamais de parler d’amour. On adore ça…
Le surmoi est cruel , heureusement il y a l’amour . )