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Image empruntée à un tweet de Dominique Autrou (@aucoat)
Un grand merci à Dominique Autrou pour cette image qui m’a intimement touché. Elle exprime parfaitement ce que je vis maintenant, avec la beauté de la joie mêlée à la beauté du chagrin, avec l’espoir et l’égarement ajoutant à la conscience de notre finitude héroïque, énergique, prête à s’emporter. Avec ce besoin extrême de société, d’échange, de citoyenneté.
J’étais en train de faire une liste des « entre-temps » qui se sont entre-temps cumulés…
Je ne savais pas comment faire. Ils sont tellement nombreux, si graves, parfois, douloureux, touchants, ou alors pénibles et gênants pour les sentiments de déception ou de répulsion qu’ils ont provoqués en moi.
Je ne savais pas comment traduire tout cela, comment amener mes réflexions et mes récits tendancieux sur le papier invisible de nos pourparlers muets avec la précision et le détachement nécessaires.
Je le ferai.
Je me donnerai la force de parler de la « redoutable diagonale » qui menace mon pays d’une séquelle de tremblement de terre presque « systématique ». Une menace affreuse devant laquelle notre proverbiale ténacité italienne s’égare e se voit meurtrie.
Je parlerai de mon étonnement devant cette compétition américaine qu’on ne pourrait plus absurde. Ce général Custer qui ressuscite pour « Trump-er » encore une fois les gens de bonne volonté de la Planète en les conduisant dans une énième désastreuse Litte big horn.
Je parlerai de l’hôpital Laënnec, connu à Paris comme l’hôpital des Incurables, qu’on a transformé en résidence de luxe tout en défigurant la chapelle située au milieu de sa cour, même si elle fait partie du Patrimoine, où gît entre autres le grand Turgot…
Je dirai que je vois une évidente corrélation entre ces différents phénomènes.
Je parlerai aussi d’un ami récemment disparu, Maurizio Ascani, avec qui j’ai partagé plusieurs phases importantes et délicates de ma formation d’architecte, de mon expérience de travail et de ma vie même.
Mais ce n’est pas pour aujourd’hui.
Je vous partage ci-dessous une lecture douce et profonde.
Giovanni Merloni
Ramon Casas, En attendant l’omnibus, 1900, image empruntée à un tweet
de Laurence (@f_lebel)
« Rien ne lui était connu de son existence future »
« Rose s’assit sur son lit et ne bougea plus.
Quelques gouttes larges et espacées frappaient le zinc du toit. Elle emporterait seulement sa trousse de vermeil et achèterait à Bordeaux le linge nécessaire. On lui expédierait ses vêtements à une adresse qu’elle avait bien le temps de choisir. L’important, c’était de n’être plus là. « Fuir, n’être plus là, fuir… » Denis recevrait au bureau une lettre rassurante où il ne serait question que d’une absence courte. Elle s’était éloignée infiniment du chemin entrevu trois années plus tôt, le soir du premier échec de Denis… Rien ne lui était connu de son existence future, mais il fallait retrouver ce chemin. Elle n’aurait su dire si elle priait ; pourtant ce devait être sa prière qui, devant elle, éclairait les actes à accomplir dans le moment même. Son esprit ne s’attachait qu’à l’immédiat. Elle savait qu’elle descendrait un peu avant six heures, qu’elle suivrait la petite route des communs, qu’elle entendrait le tramway bien avant qu’il n’apparût. Sans doute faisait-il jour à six heures et, à moins qu’il n’y eût un brouillard épais, elle ne verrait pas grossir le phare, l’œil de cyclope. Mais, en elle, cet œil énorme brûlait comme dans les aubes noires d’autrefois. »
François Mauriac, « Les chemins de la mer », 1926.
Ramon Casas, En attendant l’omnibus, 1900, part. Image empruntée à un tweet
de Laurence (@f_lebel)
nous reste le détachement – je ne peux que penser avec remord à mon jugement (pour une fois que je me le permettais !) contre ceux qui n’acceptaient pas de faire le choix d’un vote même sans enthousiasme et livraient ainsi les principaux c’est à dire les invisibles et sans voix au malheur stagnant et sans espoir… mais me retrouve dans cette situation
Entre-temps des mille feuilles…
Tu aimes toujours les phares
Courage mes Parisiens