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L’automne est tes cheveux

L’automne est le pas d’une jeune fille
écrasant de son poids fantaisiste
un cœur triste à l’étoffe déchirée.

L’automne est un roman sans titre
une cathédrale sans portes
s’effondrant dans un ciel de papier.

L’automne est un rendez-vous raté :
si tu es ici, moi je ne suis pas là,
ou alors, si tu es là, je ne suis pas ici.

L’automne, quand tu es ici,
c’est la stupeur de voir à l’unisson
par d’éclats de rire infinis
un monde nourrisson
qui grandit brique sur brique,
feuille sur feuille,
geste sur geste
tout en souriant, fredonnant, hurlant
son inexpérience à tout venant.

L’automne, tu n’es qu’une feuille
parfumée, dorée, de bronze et de cuivre
absorbée dans les rouilles du passé.

L’automne, tu n’es qu’une quille
lancée dans le flaques du futur,
perdue dans un nuage gris,
aveuglée par un couchant irisé
gelée par une nuit bleue.

L’automne, est une feuille jaune,
une hécatombe de mille feuilles décolorées
grises, noires, rouges
se mêlant aux égouts, aux soupirs
aux sempiternels désirs
que bénit le crépuscule
et partage avec jouissance
notre esprit de décadence.

L’automne est l’antichambre
de la vie adulte, remplie de l’écho
de rébellions suffoquées,
de voix courageuses, de regards insoumis
d’un brin de liberté enfin reconquis.

L’automne est une plage déserte
qu’arpentent les poètes
qu’envahissent nos réflexions inquiètes
nos bruits sourds, nos blessures ouvertes.

L’automne est le brouillard épais,
cet aveuglement étourdissant
d’où sortent soudaines les ombres
telles les gifles d’un revenant
qu’on croyait disparu.

L’automne est l’habitude
à cette pluie brusque, insistante
douche caressante et cascade de marbre
qui se rue, par une sévère magnitude
sur le toit gris de mon arbre.

L’automne est un poème de Prévert
que j’aimerais bien continuer
en y ajoutant tout ce qui déconcerte
tout ce qui nous amuse
lors de traversées sans gain ni perte
et discussions abstruses.

L’automne, quoiqu’il arrive
il pleut sans cesse sur Brest.

L’automne est une promenade judicieuse
sous les arcades, aux aguets
de ta silhouette capricieuse
de tes foulards aux mille reflets.

L’automne est tes cheveux.

Giovanni Merloni

autunno 76 x blog 72L’automne est tes cheveux (version précédente)

L’automne est un pas de jeune fille triste sur un cœur sourd d’étoffe déchirée.
L’automne est une cathédrale païenne s’effondrant dans un ciel de papier.
L’automne tu es ici, moi je suis là, toi tu est là et je suis ici. L’automne tu es ici, attentive au monde qui naît, brique sur brique, feuille sur feuille, geste sur geste, sourire, hurlement, chant, éclat de rire amusé.
Tu es ici, absorbée dans le passé et dans le futur, tu es ici, feuille parfumée, dorée, de bronze et de cuivre perdue dans le violet, aveuglée par le rayon oblique, gelée par les crépuscules de guitares.
L’automne, évidemment, c’est une feuille jaune, mille feuilles jaunes.
L’automne, évidemment, ce n’est que pluie battante par douches de caresses : une mer de marbre qui se rue, bouffie et mordante sur la terre grise.
L’automne, évidemment, c’est la saison des poètes. des petites rédactions, des réflexions, des bruits sourds, des blessures. L’automne, évidemment, il pleut sans cesse sur Brest.
L’automne est tes cheveux.
Giovanni Merloni

TEXTE ORIGINAL EN ITALIEN 

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