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La cigale, c’est l’orale. La fourmi, c’est l’écrit (2012)
Pays bizarre
que le mien
où, parvenue à la détresse
fort dépourvue, piétinée sans cesse
la langue écrite
rit enfin d’elle-même
quitte à subir avec noblesse
(et soupirs de tristesse)
la violence ancestrale
de la Babel dialectale.
Une bizarre fourmi
que cette langue écrite
devenue aujourd’hui maudite
surchargée de défaites
cette fourmi baroque
pourtant travailleuse
vertueuse et même trop talentueuse
cette fourmi maltraitée
écartée, frustrée face à cette ennemie qui tout avale
elle essaie de se muter en cigale.
Tandis que la langue orale
à force de chanter
danser
bavarder, chuchoter
à tout venant,
parvenue à la richesse
s’en réjouit dans l’ivresse
d’un très bizarre pouvoir.
Cette cigale trop ambitieuse
n’est pas prêteuse
(c’est là son moindre défaut) :
« Que faisiez-vous au temps chaud ? »
« J’écrivais, ne vous déplaise. »
« Vous écriviez ? J’en suis fort aise
et bien, parlez maintenant ! »
Giovanni Merloni
Cette poésie est protégée par le ©Copyright, tout comme les autres documents (textes et images) publiés sur ce blog.
Joli !
Merci ! C’est vrai, l’argument mérite d’être fouillé davantage. Et cette insouciance un peu enfantine était peut-être un peu à la limite…
oh on, c’est mon commentaire qui était un peu imprécis, j’aime beaucoup (et ce n’est pas enfantin)
A reblogué ceci sur J'ai un accent !et a ajouté:
Un jour on m’as demandé, à brûle pourpoint, d’expliquer – métaphoriquement parlant – le rapport entre l’Italie et la France…vaste programme ! Par où commencer ?
J’ai vraiment peur de me perdre dans un océans des considérations à la fois vraies et contradictoires, d’être trop subjective et surtout d’écrire un « traité » quelque peu prolixe…
J’ai donc décidé de citer le poème de Giovanni Merloni qui s’inspire de la fable de La Fontaine « La cigale et la fourmi » pour cueillir l’essence de la relation Italie-France: l’Italie serait l’insouciante cigale oubliant l’arrivée de l’hiver, la France la sage fourmi qui travaille même pendant l’été… Mais la cigale représente également l’expression orale alors que la Fourmi incarne en quelque sorte l’écriture. Une relation donc qui nous parle aussi des enjeux de la traduction…
Bonne lecture !