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Il gît à même l’herbe, écrasé, encore riant. Pourtant, il ne rigole pas de la mort. Il sourit au ciel, aux étoiles qu’il ne possède plus. Ses cheveux lui caressent les dents. Il a eu juste le temps d’écouter les ritournelles du soir, les dernières fusillades.
Il s’est plié dans la mort indolore, riant. Maintenant, il ne raconte rien de la mort. Sur ses yeux la nuit a déposé la poussière et le vent, dans un tourbillon de feuilles mortes. Regardez comme il dort dans son lit d’herbe et de boue ! Suivez-le, tandis qu’il roule (lente avalanche sombre) vers le fond de la vallée et qu’il glisse, tout en dormant, les yeux écarquillés comme s’il fixait une maison, une fenêtre, une porte fermée. Voyez qu’il se penche encore, même dans son oubli
immobile. Regardez, sur ses lèvres la rosée traîne, ne faisant qu’un avec son dernier baiser et la saveur du dernier bout de pain ! Il a dans la bouche de lourdes balles, de longs fusils et ce vent de poussière qui l’effondre. Il n’y a que de la mort dans sa bouche.
Cesse de regarder, ô soldat, ces maisons, ces hommes, ces amas de choses inutiles, survivant autour de toi ! Oublie de regarder cette terre qu’on te jette dessus ! Ne juge pas ces êtres maigres priant sur ta pierre, ni cette guerre t’arrachant sans un mot. Il n’y a que de la vie dans ta mort.
Giovanni Merloni
écrit ou proposé par : Giovanni Merloni. Première publication et Dernière modification 23 décembre 2013
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Le poème se trouve également sur l’Agora (ou seulement l’illustration) ?
En fait, on m’a chaleureusement accueilli dans la Société des Poètes Français de la rue Monsieur Le Prince (près de l’Odéon), association historique dont je fais partie, maintenant.
Dans ce numéro-ci de « L’Agora », en plus de l’honneur de la couverture, on a publié, sous forme d’article, ma présentation des peintres ukrainiens dont j’avais donné un petit compte-rendu dans ce blog.
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