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« Mahler » (Ken Russel, 1974)
Mes chers lecteurs,
mes chers non lecteurs,
mes chers amis tutoyés ou vouvoyés avec qui, objectivement, au jour le jour, je partage une aventure lumineuse et sombre à la fois…
Je ne crois pas que les écrans aux multiples tailles de nos ordinateurs (ou Smartphones, ou IPad) ne pourront jamais ressembler à la place de Kiev, la Tian’anmen de nos jours. Je ne crois pas non plus qu’il y ait un Poutine du numérique qui s’amuse à nous voir brûler nos énergies dans la recherche d’un équilibre peut-être impossible entre la représentation de notre vie et la fiction de cette même existence.
Mahler (Ken Russel, 1974)
Je crois tout simplement que derrière ces inventions formidables, derrière ces machines diaboliques il n’y a personne. Il n´y à que la surprise d’un film qui démarre tout seul, empruntant au hasard ce qui se passe devant cet œil écarquillé qui prend l’âme de ce qu’il regarde sans en avoir conscience.
Ces machines merveilleuses et perverses, que quelqu’un exalte avec une confiance presque aveugle, font partie de notre présent et rempliront bien sûr notre futur. Tout en nous gâtant, elles sont objectivement complices d’un « système de vie » qu’on nous impose.
Voilà la deuxième fois que je dis « objectivement » ! La première c’était pour remarquer une solidarité (dans la faiblesse ou dans l’espoir d’en sortir vainqueurs), la deuxième c’est pour souligner la poste en jeu : la liberté.
Au-delà de cela, quiconque peut voir qu’il y a beaucoup des gens qui travaillent dans une direction positive. Il s’agit de blogueurs tenaces ainsi que de simples observateurs qui s’efforcent de participer (dans les soi-disant réseaux sociaux) à des débats assez kaléidoscopiques, qui essayent pourtant de se soustraire aux règles dictatoriales de la toile, tout en profitant de sa technologie ainsi que de nombreux contacts qu’elle laisse s’instaurer entre les individus…
Un des effets qui me préoccupent le plus de cette situation vient de la destruction objective (il n’y a pas le deux sans le trois !) de la nécessaire barrière temporelle entre tout acte de création et sa diffusion publique.
Dans une société de moins en moins habituée à l’écoute, à la lecture d’un livre du commencement à la fin, ainsi qu’à la vision des films « trop sérieux » ou « difficiles », s’affirme facilement l’illusion d’une lecture rapide qui favoriserait les échanges, ainsi que les contacts directs sinon intimes.
Mahler (Ken Russel, 1974)
Les mails ont substitué les longues conversations téléphoniques, tandis que les blogs — à moins qu’ils n’assument pas un caractère journalistique ou de revue critique — risquent de devenir une solution de compromis entre le journal et les différentes formes de texte littéraire (de la poésie au récit, du conte au roman) sans que cela n’échoue dans une véritable forme d’échange entre lecteur et auteur.
En fait, au-delà de la reconnaissance obtenue (ou pas) chez les éditeurs (ou les mécénats, les entrepreneurs cinématographiques ou théâtraux), la bagarre quotidienne entre les différents « auteurs », qu’on cachait auparavant derrière de coulisses invisibles, devient tout à fait visible une fois qu’elle se déroule sur la toile.
Mahler (Ken Russel, 1974)
Ma réaction ? Je m’en fiche. Je me suis donné un temps, une échéance. Pendant une période définie, j’essaierai de développer des écrits tout exclusivement consacrés à cet improbable dialogue avec des gens à demi muets et à demi sourds comme moi.
Je me suis d’ailleurs aperçu :
— que le Strapontin, assez rebelle, ne cesse de me traîner dans des souvenirs en chaîne ;
— que cela rend plus difficile la lecture de mes billets, parfois trop longs et approfondis ;
— d’ailleurs, je ne peux pas renoncer à toucher des événements et des personnages que je perdrais à jamais si je passais à côté de leur ombre ;
— si je veux garder un rapport constant avec les lecteurs de mon blog, je dois paraître tous les jours, acceptant le principe du feuilleton tout en transformant moi-même en feuilleton.
Voilà, j’essaierai, à partir de demain, de trouver un rythme équilibré et cohérent en créant un alter ego du Strapontin, où certains épisodes, touchés à peine par le Strapontin même (scandaleux ou curieux ; bizarres ou hilarants) pourront être exploités un à la fois.
Mahler (Ken Russel, 1974)
Et voilà que je donne à cet alter ego un nom italien : « Finestrino ».
Le « finestrino » n’est que la vitre du train ou de la voiture. J’aime ce diminutif, car en fait, en courant, on ne peut voir tout ce que nous offre un panorama fixe depuis une chambre avec vue.
Dans mes intentions, « Finestrino » sera aussi un lieu « x » en dehors du train, le « casinetto » de Don Giovanni, ou alors un provisoire abri où le souvenir spontanément s’installe.
Mahler (Ken Russel, 1974)
Giovanni Merloni
écrit ou proposé par : Giovanni Merloni. Première publication et Dernière modification 22 février 2014
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@ giovanni : belle idée que ce Finestrino. On se penche déjà par la fenêtre (si on arrive à l’ouvrir comme dans l’ancien temps !)…
non sporgersi premiers mots qu’on apprend (et retient mal)
et du reste se moquer
pense au manque que ce serait pour nous