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Pour les vases communicants (*) de décembre 2014 (voir liste complète des participants), Dominique Hasselmann et moi nous avions exploité notre échange selon le critère suivant : 1) s’inspirer à une image que chacun de nous a proposée à l’autre ; 2) commenter cette image avec un texte de 20 lignes au maximum. Comme vous pouvez bien deviner, l’image proposée par Dominique représente la terrasse des Halles de Paris dans cette période d’intenses travaux de réaménagement du glorieux complexe commercial et pour les expositions. Comme tout le monde sait, ces travaux s’achèveront avec la réalisation d’une immense couverture qui pourrait être une énième merveille à découvrir ou…
Stimulé par cette photo mystérieuse, j’avais écrit un petit commentaire en vers, que je propose à nouveau deux mois après. Mais je dois le dire : à la lumière de ce qui est arrivé à Paris, il y a juste un mois, cette image et ce texte aussi me font une étrange impression. Il semble s’être écoulé une éternité ! Certes, beaucoup plus que deux mois. On ne ressent seulement pas l’impression d’une barbarie absurde qui menace la paix en France et en Europe, mais aussi le poids d’une volonté sourde d’arrêter le temps et de faire régresser tout ce qu’on essaie de faire de positif et de constructif, même dans le quotidien. Doit-on continuer à croire dans le présent et dans la force d’un progrès civilisateur ? Je crois que oui. Il faut se battre, défendre la liberté d’expression ainsi que la beauté, l’intelligence, le travail assidu pour améliorer au fur et à mesure les structures pour la culture, les bibliothèques, les théâtres, les lieux de rencontre. La « liberté » est « chérie », par nous tous, encore plus qu’avant. Cela n’empêche que Paris, cette ville merveilleuse où j’ai la chance de vivre, cet endroit unique où tous les habitants de la planète ont la chance de venir passer des journées inoubliables, ce n’est plus le même !
Giovanni Merloni
Paris, Les Halles, 2014. Photo de Dominique Hasselmann (Cliquez pour agrandir)
LIBERTÉ CHÉRIE
Parterre ou terrasse du théâtre de la vie ?
Aveugle, j’en avais effacé la photographie.
Remémorant, ensuite je retrace la lugubre
Illusion d’un espace infini de poubelles.
Seront-ils en mesure d’y bâtir des merveilles ?
Prison pour mes yeux enfantins ou méfiants,
Au-delà de ces barres tournantes,
Roulerais-je insouciant ? succomberais-je pourtant ?
Immobile la tour aux ampoules roulantes
Sinistre, elle m’évoque la cadence des pas…
Policiers ? ou les pas d’innocents ouvriers ?
Architectes arpentant des chimères ?
Revenants dans un rêve de sons et lumières ?
Images faussées par d’habiles sorcières ?
Sur la grue le démiurge nous étale une promesse :
Promenades insouciantes sur le toit jardinier
Ascenseurs transparents de palier en palier
Renouveau des boutiques dans l’esprit des bobos
Inutile de dire qu’il y aura des bistrots…
Spectacles pour le peuple, ô LIBERTÉ CHÉRIE !
Texte : Giovanni Merloni
Photo : Dominique Hasselmann
(*) Rappelons que le projet de « Vases Communicants », lancé par Le tiers livre et Scriptopolis consiste à écrire, chaque premier vendredi du mois, sur le blog d’un autre, chacun devant s’occuper des échanges et invitations, avec pour seule consigne de « ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre ». La liste complète des participants est établie grâce à Angèle Casanova. Le 5 décembre 2014, dans l’esprit et dans le style des vases communicants, j’avais publié sur le portrait inconscient un texte de Dominique Hasselmann, tandis qu’il avait accueilli le mien sur son blog Métronomiques.
Cette poésie est protégée par le ©Copyright, tout comme les autres documents (textes et images) publiés sur ce blog.
Pulsion de vie ou pulsion de mort, libre à chacune et à chacun d’aller dans un sens ou dans l’autre. Même si depuis les « événements » l’insouciance créatrice en a pris un coup. Mais comme il est dit dans le slogan publicitaire: »boire ou conduire, il faut choisir ».