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dimanche 180

Un dimanche, sur le bord de la piste

Tandis qu’une immense Waterloo se joue à côté de nous
sur la route éphémère où les questions se déversent
combien de discussions ou bavardages ou murmures
combien d’héros inutiles
combien de mots compliqués
chacun hissant sa petite tour
chacun rassuré de sa propre formule

Tandis qu’une immense destruction de valeurs s’accomplit
et de bois et de fleuves et de beauté naïve
et d’amour pur comme l’eau d’une généreuse fontaine
les semaines s’écoulent, avec leurs règles bizarres
leurs habitudes primordiales

Tandis que le samedi se brûle et le calme du dimanche se prépare
je regarde la page blanche ou la toile
le parchemin ondulé, l’écran microscopique
d’un téléphone portable
et je n’y lis rien, et je ne sais plus quoi y écrire
parce que je suis écrasé par les événements terribles
parce que je ne veux pas rencontrer cette femme de 66
qui cherche la compagnie de quelqu’un en dessous des 70
parce que je suis trop fatigué pour sortir dans la rue
parce que je ne serais pas à la hauteur d’ouvrir ma porte
aux fêtes, aux voisins, aux amis anciens,
aux gens intéressants

Tandis que ce livre de poèmes immortels tombe à terre
et que je le regarde, essayant de me souvenir
de la rose, de la mignonne, du dormeur, du bateau,
de l’ivresse alcoolique, de la Seine qui coule
et des frères humains, mon esprit las s’attarde
sur le bord de la piste
un dimanche de fête

Tandis qu’une saveur indicible est appareillée sur la table
je redeviens désinvolte, je t’invite :
viens danser avec moi, ma petite !

Giovanni Merloni

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