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Ciseaux
À quoi bon nous rendre otages
de cet inquiétant bavardage
que ce bruit de ciseaux provoque
détruisant le courage ?
À quoi bon guetter les sursauts
de nos pages sanglantes
de nos voix percutantes,
de nos héroïques fardeaux
mis en lambeaux ?
À quoi bon suivre la chute,
au ralenti,
de ces plumes de hibou
sur nos maigres genoux ?
À quoi bon nous rebeller
à cet effondrement
de nos rêves pionniers
glissant sur le gravier
au milieu de nos cahiers
jaunis ?
À quoi bon nous résigner
aux coups de ciseaux
de nos opiniâtres cerveaux
anxieux de réfréner
l’explosion exagérée
de nos animalités
inévitables?
Mignonne, si ces ciseaux
à la cadence grave
coupent nos têtes en deux,
dans ces ruisseaux d’épaves
coulent pourtant, sans crainte
nos larmes retenues
et nos joyeuses étreintes.
Giovanni Merloni
P.-S. Oui, tu as de beaux yeux, des lèvres rouges, des mains blanches. Oui, de ton cou se dégage un parfum sauvage, plus fort que mille paires d’opiniâtres ciseaux anxieux de déchirer notre destin en deux. À chaque coup, sur tes luisants genoux tombent les mots confus de mes lettres passagères. À chaque coup les ciseaux font jaillir de ma sagesse éphémère le cruel souvenir. Dans cette grotte sombre nous accueillons nous-mêmes morceaux de petites ombres et d’illusions extrêmes.
Merci à Marie-Christine Grimard, qui a participé avec une grande générosité et sensibilité au travail de révision de ce texte.
Cette poésie est protégée par le ©Copyright, tout comme toutes les autres poésies publiées sur ce blog.
Grand merci Giovanni pour cet échange poétique et amical et pour ta confiance 🙂
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