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Dans mon film de gueules sombres
Dans mon film de gueules sombres
projetées dans le noir
les chrysanthèmes se fanent, vaincus
par les réverbères du soir,
tandis que tu observes
ton ombre muette frôler le mur,
tandis que plein d’espoir
je demeure à genoux
devant cette lumière,
ce reflet du couchant
ayant l’air de glisser
sur ton regard ardent
sur ces feuilles sincères
où s’endort sans appui
mon rêve évanoui.
Dans mon cortège de gueules perdues
jaillissant en manège d’un pays disparu
ancestral, provincial,
à jamais résigné aux barrières
d’une Église douce-amère,
passent les bonnes femmes
deux à deux
devant le confessionnal,
croisement crucial
pour d’autres couples
solitaires
et d’autres existences
liminaires
coulant inexorables
avant de s’arrêter,
deux à deux,
dans l’espoir spasmodique
de se sauver
ailleurs.
Sur ma passerelle de gueules dérangées
il fait nuit pour les sans-but
allant venant
le long des quais glacés,
tandis que le chapelain du couvent, égaré
croit effleurer
un sein mouillé,
une joue charnue :
la page du bréviaire,
tandis que l’hiver
paraît, disparaît
dans les yeux d’une mère
au nez empourpré
tandis que des foules
avancent, silencieuses
sous ses lèvres
et que ses oreilles
entendent retentir
la gêne sourde du monde.
Sur mon écran noir
d’où les gueules chuchotantes
se sont évanouies,
la glace a envahi la fenêtre
et je cesse d’attendre
dans mon fauteuil croulant :
jamais plus ne reviendra
le moment attendu,
jamais plus tes yeux gris
ne franchiront le silence
bousculant mes ardeurs…
Tandis que…
Giovanni Merloni
Merci à Serge Marcel Roche, qui m’a encouragé et aidé avec profonde sensibilité et patience dans le travail de révision de ce texte.
Cette poésie est protégée par le ©Copyright, tout comme toutes les autres poésies publiées sur ce blog.
L »‘artifice cinématographique » est peut-être dans ces rideaux qui s’ouvrent (comme dans les cinémas d’antan qui cachaient l’écran blanc) vers d’autres photos, paysages, et mots chargés de séquences et de plans distingués.
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