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Giovanni Merloni, Les chapeaux, gouache 1988
Je l’ai revue au couchant, rose, paresseuse, une grande statue, lumineuse dans le profil, une grande dame plantureuse, lourde, démesurée, infinie. Elle est longue des kilomètres d’hommes, de toits, de haillons, de monuments de marbre. Elle est solennelle, comme un essaim d’hirondelles noires voltigeant parmi des colonnes
blanches. Elle est sèche comme une feuille d’automne se dissolvant dans un vaste miroir gris, avant de s’allonger, immense dans la traînée jaune du fleuve. Je l’ai rencontrée, débonnaire, brune, les cheveux sur la poitrine, elle riait, essoufflée, chagrine comme une femme contrariée attendant son mari sur le pas de la porte. Je lui ai dit bonjour à chaque impasse, à chaque place, à chaque rambarde, comme un amant saluerait une belle bouche régulière, des longs cheveux noirs de jais, un sourire, un visage rose. Je l’ai traversée de nouveau : elle était détendue, ensanglantée, en train de mourir sous mes yeux. Il faisait bleu, les étoiles
jaillissaient partout. Rome était là, ou alors c’était toi qui m’attendais riante au pas de la porte, chagrine, contrariée, débonnaire, immense, prête à voltiger dans le fond de la nuit.
Giovanni Merloni
(cliquez sur les images pour les agrandir)
écrit ou proposé par : Giovanni Merloni. Première publication et Dernière modification 24 novembre 2013
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diverse, contradictoire et barroque
Magnifique
@ Giovanni : la fibre de Rome (ou Fellini Roma, Pasolini Roma…).
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