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Anna Jouy : Contributions épistolaires à quelques brisures

05 vendredi Avr 2013

Posted by biscarrosse2012 in les échanges

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Anna Jouy, vases communicants

Mes chers lecteurs, je suis vraiment heureux de partager avec vous cette très stimulante expérience des « Vases communicants », à laquelle je participe, ce vendredi 5 avril 2013, pour la troisième fois. 
Cela est aussi un grand plaisir pour moi, parce qu’aujourd’hui j’ai l’occasion d’échanger avec Anna Jouy, dont j’admire l’expression poétique tout à fait unique.
Nous avons visité déjà plusieurs fois nos blogs respectifs et partagé aussi nos récentes initiatives. Je suis avec intérêt et admiration le journal_poétique_jeté_sur_l’aube, le blog très suivi d’Anna Jouy, qu’elle fait vivre avec enthousiasme et continuité.
En quoi consiste le projet de « Vases Communicants », lancé par Le tiers livre (François Bon) et Scriptopolis (Jérôme Denis) ? Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre. La liste complète des participants est établie grâce à Brigitte Célérier, une autre blogueuse.
Dans l’esprit des « Vases », Anna et moi, nous avons choisi un thème commun, celui de la « rupture ». 
Nous nous sommes aussi donnés la contrainte de nous adresser/dédicacer réciproquement un « billet » inspiré par quatre images que nous nous sommes échangées. Mon billet d’aujourd’hui (« De la rupture à la cicatrisation »), est publié donc sur journal_poétique_jeté_sur_l’aube, tandis que sur le le_portrait_inconscient vous pouvez trouver le texte d’Anna Jouy : « Contributions épistolaires à quelques brisures ».

Anna Jouy : Contributions épistolaires à quelques brisures

Giovanni,

Je ne te connais pas. Quelques lignes dans ma boîte de mails, tes belles histoires dans le Portrait inconscient, tes poèmes, tes dessins.

Je ne te connais pas mais j’use de ce tu qui es t cher aux écrivains, qui est l’autre désigné proche, désiré, interpellé.

Tu m’as proposé  d’être ta cavalière pour les  Vases communicants et tu en as choisi le thème, la rupture.

Ta vie,- je l’ai compris à quelques  unes de tes lignes – est toujours et encore riche de tes blessures, toujours pleine des échos de ces voix aimées. Tu marches comme un funambule sur ces fils ondulant entre le passé et le présent et personne ne voit ce sortilège et ce prodige.

Lisant ce que tu voulais, j’ai su que tu avais tout compris de moi.

Je t’ai écrit à mon tour t’adressant des lettres qui auraient chacune pu exister entre les mains d’un autre. Tes dessins m’ont été de merveilleuses sources d’inspiration. Tout est pour toi.

Il y a des lettres de rupture qui sont encore des lettres d’amour … Mais je crois que tu le sais.

001_la toile d'araignée des mots 740 def

Giovanni,

T’écris de ce monde des aragnes, des fils tissés à la salive, de ma toile.

Giovanni, ai trop parlé, croisé, noué ma voix à la tienne d’un coup sec , comme on s’assure d’un tour de corde, une amarre. Ai fait comme ça le piège dans lequel j’allais t’engluer, te retenir, te fixer, mouvant mais prisonnier, comme en équilibre sur des étamines géantes.

Tu sais aussi bien que moi, comme il suffit de quelques mots pour pondre à la rosée des œufs neufs, verts, et carmin  et bleus aussi. Et qui résisterait à ce trésor mettant au soleil le fragile et le lien, la perle et la soif ? Tu regardais ma bouche et ses cravates de poèmes, le flux respirant de l’amour qui jouit et tu attendais patient, sage que mes mains te touchent…

J’étais déjà le prédateur, l’affamée aux longues jambes. Je sentais ton agitation maladroite, ton offrande à la danse mais chacun de tes gestes serrait le piège sans jamais que tu le saches. J’avais faim, Giovanni, bien trop pour ne pas me repaître de ton amour, du soleil entre mes branches, de ce craquement des sèves qui te parcouraient de partout. J’allais bien finir par t’avoir. Je ne lutte que mal contre le poison qui me pulse.

Mais te souviens-tu ? Le vent… Te souviens-tu du balancement furieux des ombelles où j’avais élu domicile ?

C’est lui, le plus léger que moi, ce bord extrême de la transparence qui a rompu ta prison. Tu es parti. Et j’ai su à cette rupture abrupte défaisant ma maison que jamais tu ne reviendrais.

Prends soin de toi Anna

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Giovanni,

Le temps a brisé le miroir. Je n’ai plus que le souvenir pour me mirer. C’est mieux ainsi car je crois que c’est de là-bas aussi que tu me regardes. Depuis longtemps tu n’accroches plus ta lumière à la mienne. Nous sommes les passagers de l’ombre.

J’essaie avec douleur de glisser ma silhouette  dans la forme ciselée au pochoir qui dort au fond de tes pupilles. Mon corps déborde ton désir jusqu’à « l’étrangement ».

Je n’entre plus dans tes avenirs. Et ton doigt si fin ne caresse plus la marge brûlante d’amour de mon aura. Je ne suis plus qu’une belle image dans le stock des ruptures.

Prends soin de toi

Anna

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Giovanni,

Ta voix…Je ne l’ai sans doute jamais entendue. Tu aimes trop te taire, cultiver des verbes bonzaï dans des jardins intérieurs. Pourtant c’est elle, tout ce qu’il y a de si insaisissable dans le souffle humain qui me fourgue l’effroyable chagrin de t’avoir perdu .

Je prends le combiné. J’aimerais vite en secret recueillir le son râpeux de ta voix…Surtout quand elle me dit ton nom, qu’elle attend ma réponse et qu’elle sait bien sûr que le silence  aujourd’hui, c’est moi.

J’écoute, je t’écoute pour une fois, pour toutes les fois. Amour « a cappella », j’épelle une à une tes syllabes. Cela ne durera pas, je le sais. Ton nom est bien trop court pour ne pas tomber sans bruit dans le puits des oublis..

Alors  le combiné en retombant là-bas fait ici le craquement disséminé de notre rupture.

Prends soin de toi

Anna

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Giovanni,

Ta ville est immense. La vie peut-être plus encore. Je ne songe pourtant qu’à la marche d’un être dans un champ déserté, quelles que soient l’aventure et la suite.

J’ai brisé, chaque jour , un jour, le dernier, celui qui faisait des miettes. J’ai fait ainsi beaucoup de mouron pour les oiseaux, beaucoup de broutilles pour nourrir le quotidien.

J’ai pelé à la gouge mon vieil habit d’amoureuse, gravé en cœur dans l’aubier de mon arbre. Il a fallu me faire des échardes, des coups de burin de travers. Giovanni, tu avais fait grandir mes racines en haut, en bas. Rabattre mon ciel a été féroce.

Le printemps…oui, tu sais comme moi.

La taille a été faite juste. Ces moignons de bras tendus inutiles au dessus de mon cœur ne feront pas de boutures à la misère. Non. Il y a dans le Jardin des Finzi-Contini, une pelouse. Mon ombre t’y attend, toi et tes amours frêles.

Prends soin de toi

Anna

écrit ou proposé par : Giovanni Merloni. Première publication et Dernière modification 5  avril 2013

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À quoi ça sert le mur ? Petit spleen en prose sur le thème de la frontière (Zazie n. 2)

03 dimanche Mar 2013

Posted by biscarrosse2012 in les échanges, mes poèmes

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vases communicants, Zazie

Le billet que je propose aujourd’hui a été déjà publié le 1er mars 2013 par Élisabeth Chamontin dans son BLOG_O’TOBO
Voilà ce qu’avait écrit Élisabeth Chamontin : « Certains des lecteurs de Blog O’Tobo qui ne sont pas sur Twitter ignorent peut-être ce que sont Les Vases communicants. Ce projet lancé en 2009 par Le Tiers livre (François Bon) et Scriptopolis (Jérôme Denis)  (l’histoire est racontée ici) consiste à échanger avec un autre blogueur littéraire, chaque premier vendredi du mois, chacun écrivant dans le blog de l’autre. Brigitte Célerier, une autre blogueuse, en publie régulièrement la liste. Je n’y avais encore jamais participé. Aujourd’hui c’est chose faite grâce à Giovanni Merloni, peintre et écrivain dont je suis avec bonheur et fidélité les créations en français, en italien et en images, sur son blog Le Portrait inconscient. J’avais entamé une série sur « le mur », celui que je vois lorsque je pédale sur mon vélo d’intérieur. Elle se poursuit sur leportraitinconscient.com, mais avec une autre perspective : celle du mur frontière entre nos deux langues et pays. C’est aussi le thème du texte de Giovanni Merloni que vous pouvez découvrir ci-dessous. Avec en prime, deux acrostiches sur mon nom et sur mon pseudo de twittos, Souris_Verte ! »

001_dessin montmartre 1961_740

Montmartre 1961 – Collection privée (M.A. Quintiliani)

Si vous avez un mur qui vous enlève le souffle vous feriez mieux de l’abattre.

Ou alors de le contourner en y ouvrant une petite porte.

Un mur de ciment, vous dites ? Un mur de préjugés ? Une feuille morte ?

Rester chez vous ce n’est pas confortable ? Je vous crois. Mais il faut se battre !

Inutile de vous conseiller de vivre avec ce mur, s’il vous gêne. Mais…

Si vous partez sans rien faire, votre frontière ne vous quittera jamais.

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France 1958 Photo : Collection Frères Merloni. Reproduction interdite

Évoquant la maison, le quartier sans murs… de mon quotidien d’enfant bourgeois (pauvre) ne jaillissent que des mots français. J’étais bien gauche avec mes galoches !

Lamy (Hortense), ma prof de français, ne se bornait pas à nous interroger sur Deux-et-deux-quatre ou sur Mon petit-oiseau-s’est-tordu-le-pied.

Insensiblement, elle glissait à nos oreilles les Frères-humains-enfants-de-la-patrie, La-cigale-et-la-formi et Je-pense-donc-je-suis. Elle finissait toujours ainsi : Voilà-c’est-la-vie.

Sans les chansons de Piaf et Montand, l’île mystérieuse de Verne, la liseuse de Renoir et la danseuse de Degas, cela n’aurait pas été le cas. Sans le pont d’Avignon cela n’aurait pas été si bon.

Avant de voir Paris et Azay-le-Rideau, on se désaltérait aux mots de Rousseau en écoutant Le galérien, qu’on comprenait tant mal que bien.  Ce petit rien faisait déjà sangloter ma mère.

Bagages sur le toit de la voiture hardie, la France accueillit avec élégance notre insouciance de voyageurs sans trop de chance.

Egalité ne va pas sans Liberté. Fraternité nécessite la République. Progrès a besoin d’avenir. L’avenir a besoin de Mémoire.

Tout cela tournait bien dans ma tête : une roue parfaite d’exemples vivants m’aidait à vivre sous mon plafond éblouissant de Rome, tout en rêvant du ciel gris de Paris.

Hélas, ce fut alors que je m’aperçus qu’il y avait un mur qui m’empêchait de rencontrer le Gavroche que j’hébergeais dans ma poche. Comment sortir d’une situation si moche ?

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Halles, Paris, 1964 Photo : Collection Frères Merloni. Reproduction interdite

Voyez ce qui se passe lorsqu’on passe de l’utopie aux faits. Difficile de savoir si c’est le mur des faits ou le mur de l’utopie qui nous barre le passage. Quoi faire ?

Entrer dans la France sans sortir de l’Italie ? Ondoyant comme une pendule je ne faisais que ça. Je partais et mourais à chaque fois

Résistant dans le monde dérangé où j’étais né, j’y serais resté si ce mur fermé ne se fût brisé par l’ouverture badine d’une fourche caudine.

Tout d’un coup retraité, j’héritais d’un oncle disparu un grossier passepartout.

En sortant des remparts de mon monde assiégé j’ai joué ma partie installant ma seconde patrie dans un autre pays.

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France, 1991

Changeant de coordonnées (pas d’identité) je découvre la copropriété, le coin, le passage, le village, le canal coulant et le pont tournant.

Hanté d’hôtels et d’hôpitaux, ce quartier des deux gares ne m’égare pas du tout. La rue de Paradis m’amène à la Villa Médicis, la rue de la Fidélité dure une romaine éternité, tandis que le passage du Désir devient Pont des Soupirs.

Avançant éphémère avec ma gueule d’Atmosphère j’entrelace des liens avec les Garibaldiens… Reculant pensif, ma tradition à la main, je me perds à République dans la couleuvre humaine.

Montant par Magenta en flâneur ardent, j’atteins le métro chez Jacques Bonsergent.

Oh j’en avais envie, de même que Zazie, de cette fourmilière pleine d’humeurs et de stratosphère.

Nombres de compatriotes partagent ma stupeur vis-à-vis de la quotidienne rengaine de cette fête foraine.

Trottant sur le trottoir entre trottinettes et sacs à dos je gagne avec émotion la gare de Lyon et m’accoude sur les quais voir les trains arrivants dans un film d’antan.

Immobile, je ne rêve plus de partir. J’ai mon mur avec moi, dans cette valise grise où je garde ma chemise. Je lis Turin ou Milan tout en poursuivant un lapin lointain.

Nonchalant, à chaque jour, je fais une toile de Pénélope de mon mur ou alors un labyrinthe azur pour cette vie douce et salope qui m’a rendu dur.

005_gainsbourg 2010 740

Serge Gainsbourg

Giovanni Merloni

TEXTE EN ITALIEN

Cette poésie est protégée par le ©Copyright, tout comme les autres documents (textes et images) publiés sur ce blog.

 

Élisabeth Chamontin : Le mur est une frontière. La langue italienne est musique

01 vendredi Mar 2013

Posted by biscarrosse2012 in les échanges

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vases communicants

Mes chers lecteurs, je suis vraiment heureux de partager avec vous cette très stimulante expérience des « Vases communicants », à laquelle je participe, vendredi 1 mars 2013, pour la deuxième fois. 
Cela est aussi un grand plaisir pour moi, parce qu’aujourd’hui j’ai l’occasion d’échanger avec Élisabeth Chamontin, dont j’admire le talent poétique et littéraire tout à fait original.

Nous avons visité déjà plusieurs fois nos blogs respectifs et partagé aussi nos récentes initiatives. Je suis avec intérêt et appréhension le Quatrain quotidien (http://lequatrainquotidien.blogspot.fr) et je me réjouis beaucoup de la lecture de BLOG O’TOBO (http://blogotobo.blogspot.com), qu’Élisabeth Chamontin fait vivre avec succès depuis 2002.

En quoi consiste le projet de « Vases Communicants », lancé par Le tiers livre (François Bon) et Scriptopolis (Jérôme Denis) ? Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre. La liste complète des participants est établie grâce à Brigitte Célérier, une autre blogueuse.

Dans l’esprit des « Vases », Élisabeth et moi, nous avons choisi un thème commun, celui du « mur » et aussi de la « frontière », particulièrement intéressant entre la France et l’Italie.
Nous nous sommes aussi donnés l’input (et la contrainte), de nous adresser/dédicacer réciproquement un « billet » où notre prénom-et-nom (et/ou notre « nom de bataille » sur Twitter) figure en forme d’acrostiche.
Mon billet d’aujourd’hui (« À quoi ça sert le mur ? Petit spleen en prose sur le thème de la frontière »), est publié donc sur BLOG O’TOBO (http://blogotobo.blogspot.com), tandis que sur ce blog (Le Portrait inconscient, http://leportraitinconscient.com),  vous pouvez trouver deux textes d’Élisabeth Chamontin : « Le mur est une frontière» et « La langue italienne est musique ».

001_lemur

                  I – LE MUR EST UNE FRONTIÉRE

Tu pédales toujours : ça porte à réfléchir.
Ce mur beige et crasseux dont la surface gerce,
Ce mur est la frontière et ton regard le perce,
Comme si tu sentais le soleil resplendir

Derrière sa paroi. Soudain tu vois surgir
— Tandis qu’à la radio un Scarlatti te berce —
La vision d’un pays si beau qu’il bouleverse :
Voilà qu’il t’envahit, mieux qu’en ton souvenir !

Les vignes et les pins des collines toscanes,
La Sicile, Palerme et le temple de Diane,
Les statues, les musées, le baroque, les ors,

La campagne d’Assise et le musée de Sienne,
Les citrons d’Amalfi, de Rome les trésors,
Et la musique au cœur de la langue italienne.

002_linguaitaliana
II – LA LANGUE ITALIENNE EST MUSIQUE

Glissando : doucement, monte sur ton vélo.

Imperioso : c’est ton allure sur la selle.

Ostinato : il t’en faut du courage ma belle !

Vivace : tu vois fondre à vue d’œil les kilos.

Adagio : ralentis pour reprendre ton souffle.

Nobile : c’est très dur, tu sens la sueur couler.

Note : cette sonate t’aide à pédaler.

Intermezzo : voilà, c’est le sport en pantoufle !

Ma non troppo : mais ne nous fait pas d’infarctus…

Espressivo : l’écran dit cent-vingt par minute,

Rubato : c’est ton cœur, là, que tu persécutes.

Larghetto : tu te dis, bientôt le terminus !

Opera : ton travail (tri-pa-li-um !) s’achève :

Nasardo : un dernier gémissement plaintif,

Istesso tempo : tu descends du vélo.

003_veloamalfi Amalfi / Vélo

L’ovocyte X (9)

01 vendredi Fév 2013

Posted by biscarrosse2012 in les échanges

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vases communicants

Mes chers lecteurs, je suis vraiment heureux de partager avec vous cette très stimulante expérience des « vases communicants », à laquelle je participe aujourd’hui, vendredi 1 février 2013, pour la première fois.
Je considère un grand honneur avoir été admis dans le cercle des vases communicants. Cela est aussi un grand plaisir pour moi, parce que le blog jumeau avec qui j’ai l’occasion d’échanger est celui de Jan Doets (http://www.lecuratordecontes.fr).
Nous avons visité déjà plusieurs fois nos blogs respectifs et partagé aussi nos récentes initiatives. Je suis avec intérêt et appréhension les vicissitudes d’Albert Chiendeau (« L’Ovocyte X »), les poèmes de Natasha Borovsky et l’histoire de sa mère russe, la fascinante Moussia… Il lit tous les jours mes vers et me donne quelques conseils à propos de mon « portrait inconscient d’une table ». Un Hollandais de La Haye se rencontre, dans ce monde virtuel en langue française, avec un Italien de Paris. Nous sommes chaleureusement accueillis. Nous restons pourtant deux « cosaques de frontière ».
En quoi consiste le projet de « vases communicants » lancé par Le tiers livre et Scriptopolis ? Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement…  Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre. La liste complète des participants est établie grâce à Brigitte Célérier. Comme vous voyez, aujourd’hui ma poésie numéro 32 (« Sa maison redevient centre, 1976 »), est publiée sur http://www.lecuratordecontes.fr, tandis que sur mon blog leportraitinconscient.com vous trouvez « L’ovocyte X (9) » d’Albert Chiendeau, curé par Jan Doets.

AlbertWaterhondstudent

L’ovocyte X (9)

Par Albert Chiendeau

Le lecteur attentif se doute déjà, depuis l’épisode précédant, que l’ovocyte X était en train de renaître et bravo ! Oui, voilà, l’ovocyte décida un jour qu’il était capable d’un peu de bien et enclin à beaucoup de mal.  On ne sera donc pas étonné d’apprendre que l’Ovocyte X nouveau-né se munit sans hésitation d’un nom de son choix : Albert Chiendeau. Bien d’accord avec ses antecédents.

Il s’habitua immédiatement à l’université de Leyde, parce qu’il prenait le temps de se dévouer à son activité préférée : rêver, jour et nuit. Il avait découpé, d’un journal, une photo de publicité pour Vermouth Martini, montrant une femme aux cheveux noirs, pour s’habituer à la présence continuelle d’une telle créature. Elle semblait être un peu plus âgée que lui mais il ne s’en inquiétait pas. Dans sa tête il était un oiseau libre, il voyageait dans le monde entier, et il y avait des aventures avec des filles aux cheveux noirs de tous les âges, l’une après l’autre. À part rêver, il jouait de la batterie dans un orchestre de jazz et écrivait des chroniques dans un journal d’étudiants. Les deux activités allaient très bien avec ses expériences et observations prénatales.

Ses progrès avec la langue française étaient rapides. Il lisait continuellement et, après les 500 premiers livres des derniers deux siècles, il se sentait ‘chez soi’ parmi les Français, bien qu’il n’eut jamais touché la terre de leur pays, ni jamais rencontré l’un d’eux.

Après quelque temps, il rencontra une vraie fille en chair et os et aux cheveux noirs. Il fréquentait sa maison paternelle. Ces visites étaient pour lui révélatrices. Son père était psychiatre. Quand il sonnait, Albert devait ouvrir la porte. Les premières fois, il prenait bon soin de  garder la porte entre le patient et lui, car sa seule connaissance de psy en général était que ce sont ces gens qui remplissent des Déclarations de Démence Dangéreuse pour la Police. Mais il réalisa assez vite qu’il laissait entrer des gens  normaux. En fait des gens tout à fait normaux et bien plus intéressants que ceux qu’il rencontrait normalement.

Le père de son amie traitait ses patients selon la psychologie de Carl Jung. C’est évident qu’avec son passé calviniste, il n’avait jamais entendu parler de lui. Le père lui expliqua les archétypes. Ce qui resta dans sa mémoire pour le reste de sa vie était la description des archétypes Apollo et Hermès. Apollo, c’est le héro, l’homme qui fait des choix. Hermès, c’est le coquin malin qui embrasse le point de vue de l’un mais en même temps le point de vue contraire. Donc ne fait jamais de choix. Il concluait bien vite, que lui, Albert, était un Hermès et qu’il fallait rester loin des Apollos, homme et surtout femme.

À cette époque, il suivait de loin mais non moins passionnément les malentendus entre Albert Camus et Jean-Paul Sartre, surtout sur le livre de Camus: L’Homme révolté. Avec sa connaissance  récemment acquise, il typifia Sartre comme un Apollo, Camus comme le prototype d’un Hermès. Fièrement, il rapporta ses conclusions au père de la fille. Cependant, le psy le sermonna : “il ne faut pas prendre ces archétypes de manière absolue! Plusieurs peuvent co-exister dans une seul âme”.

Pas de problème pour un Hermès comme Albert. Quand, en lisant les quatre mille pages de Proust, il rencontrait le Baron de Charlus, il notait la phrase suivante dans son calepin: “Il y avait d’ailleurs deux M. de Charlus, sans compter les autres.”

Un jour, une invitation arriva à la redaction du journal d’étudiants. Un grand-père hollandais du nord du pays avait gagné le Mondial “fumer la pipe à longue durée” et, son organisation locale avait eu l’idée d’organiser un tournoi mondial similaire pour les étudiants. On envoya avec la lettre en petit pacquet quelques six pipes toutes nouvelles avec des instructions pour les mettre en service. Il était recommandé de pratiquer avec 3,3 grammes de tabac par tentative.

Cet événément serait trop peu important à mentionner, s’il ne l’avait pas fait passer, avec ses amis en rentrant vers Leyde,  par le quartier des prostituées dans le vieux Amsterdam. Sans doute pour y pratiquer leur Français. Car ils allaient là pour prendre le dîner dans un restaurant au nom français Le Chat qui pélote.

Cette visite changea entièrement sa vie.

(à suivre)

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