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Une chemise laissée libre de voltiger au vent (Entre-temps n. 3)

15 jeudi Sep 2016

Posted by biscarrosse2012 in contes et récits

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Portraits d'amis disparus

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Image empruntée à un Tweet de Laurence L (@f_lebel)

Une chemise laissée libre de voltiger au vent

Entre-temps, cette fleur solitaire m’a fait penser à la beauté de la vie et de la mort…
J’espère que vous me pardonnerez d’avoir eu la hardiesse de juxtaposer ces deux beautés ô combien différentes ! D’ailleurs, très rarement la beauté reflète le bonheur. Si cela arrive, il s’agit la plupart des fois d’un bonheur passager.
Évidemment, la fleur, symbole irremplaçable du caractère éphémère de la beauté, n’était là pour rien…

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Image empruntée à un Tweet de Laurence L (@f_lebel)

D’abord, cette fleur évoque en moi une belle chemise de soie blanche ayant une épingle d’or sur le cœur, qu’une jeune femme, modèle d’un très célèbre peintre a laissé libre de voltiger au vent au milieu d’un pré avant de participer au fameux « déjeuner sur l’herbe ».
Ensuite, je pense à deux peintres.
Celui qui se laisse aller à la description de la scène inquiétante où la joie de la désacralisation se mêle à la rage, forcément apprivoisée, de la jalousie et de l’envie de tout un chacun.
Celui qui observe longuement la chemise voltigeant sur une canne… avant de se décider — de ses mains égarées et de but en blanc imprécises — à la « remettre » sur le buste inoubliable de cette femme éclipsée qu’il aime et regrette furieusement…
Ou alors il ne s’agit que d’un seul peintre, qui préférerait abandonner ses pinceaux et détourner son regard de sa composition blasphème et redoutable pour fixer à même l’herbe ces pétales lisses et luisants.
Par cette fleur solitaire, le peintre est amené à traduire la beauté de la réalité éphémère pour la transférer sur la réalité éternelle (ou presque) du tableau. Tandis qu’il traduit, le peintre trahit, inévitablement, car il est obligé de trouver un langage adapté à fixer une fois pour toutes une beauté qu’on ne pourrait plus fuyante…
Obligeant sa femme à participer, nue, au « déjeuner sur l’herbe », il a trahi lui-même, même s’il l’a fait au nom d’une beauté universelle, destinée à flotter en dehors de l’espace et du temps.

003_img_9196Romano Reggiani (1942-2016)

Mais cette fleur solitaire évoque aussi, en moi, un pitoyable linceul blanc déposé, telle une dernière chemise, sur le corps sans vie d’un de mes amis les plus chers.
Celui-ci était à la plage, en Toscane, le 8 août dernier, en train de nager contre des vagues à peine crispées, pas loin de la rive, à quelques mètres de sa femme et de ses deux enfants déjà grands. À l’improviste, sans qu’il y eût un signal quelconque de malaise ou de difficulté, on a vu arriver sur la plage un corps qui flottait, étendu sur le fil de l’eau comme quelqu’un qui dort.
« Il n’a pas souffert ! Il ne s’est aperçu de rien ! » On dit toujours comme ça, et cette scène effrayante jouit aussi, paradoxalement, d’une souveraine beauté.
Romano Reggiani était un homme grand, costaud, ayant largement donné aux autres de ses mains de « sculpteur d’idées ». Il n’avait pas été épargné par les invisibles crispations que le temps laisse avec indifférence sur son chemin. Mais son enthousiasme, ne faisant qu’un avec une fantaisie irrépressible, ne semblait pas s’en apercevoir. Voilà ce qu’on m’a raconté, pour m’aider à accepter cette disparition violente et inattendue. Pour recomposer un peu mieux l’histoire de cet homme qui, entre-temps, n’a pas changé par rapport à ce que je me souviens de lui.
Il me semble un peu étrange, sincèrement, de parler de Romano en cette langue française qu’il ne fréquentait que très rarement, même s’il s’agit d’une langue assez proche à son dialecte bolonais, l’un des infinis dialectes de la vallée du Pô formant dans l’ensemble, selon Dario Fo, ce « grammelot » qu’un Français pourrait comprendre avec juste un petit effort. Il me semble aussi anachronique et peut-être déplacé, de ma part, d’écrire de lui, de le faire connaître en deux mots. Mais je m’autorise à le faire, suivant une idée à moi, dont je suis sûr et certain : pendant la vie et après la vie, certains liens restent comme autant de phares dans notre esprit comme dans notre âme. Combien de fois me suis-je souvenu de Romano, de ses conversations avec Francesco Curtarello auxquelles j’assistais ? Je reviens aussi, très souvent, à certains mots ou phrases, échangés directement entre nous, qui s’installent dans les passages, difficiles ou heureux de nos vies parallèles comme autant de pierres milliaires. Si je me suis périodiquement arrêté à remémorer sa grande maison au beau milieu de la campagne à San Giorgio di Piano, à écouter sa voix de fumeur, à reconstruire dans l’esprit son visage rougissant de soleil et de force, si je ne peux pas oublier ses certitudes inébranlables, sa bienveillance et sa chaleur envers moi, il est bien probable que de temps en temps se soit souvenu lui aussi de moi.

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Tout disparaît, et mon service pour rendre aux vivants l’image de cet homme disparu sera forcément inadéquat, beaucoup moins efficace qu’une seule photo, tandis que ma lacuneuse description ouvrira la voie, comme pour le peintre, à une nouvelle trahison. Une double trahison même. Parce que je ne vais pas trahir que la langue d’origine de cet homme et de nos rencontres remontant aux années bolonaises, je vais trahir aussi l’image que mes amis de Bologne se sont forgée de moi.
« Partir c’est mourir un peu », dit la chanson. Donc, partant à l’étranger, en me « perdant » dans les méandres de ce Paris convoité, dans ma condition de « réfugié gâté » j’ai sans doute disparu dans une espèce de brouillard que personne n’a envie de pénétrer. « Que nous veut-il, ce « parisien » ? » se demanderaient sans doute mes amis s’ils savaient que je parle de Romano en français. Ce serait trop compliqué de leur expliquer qu’à présent je m’exprime mieux en mon français incomplet plutôt qu’en mon italien maternel. Voilà alors que je ne dis rien à personne et ne renonce pas à dire ces quatre mots quand même… que cela reste entre nous !
Romano Reggiani, que ses amis de jeunesse appelaient « Yuma » était un orgueilleux et très positif rejeton de cette grande et glorieuse famille du parti communiste en Emilia-Romagna, tandis que mes origines romaines faisaient de moi un « parvenu » de ce même monde-école de vie. Cela n’empêchait que je fusse admis à participer à la même expérience de bonne administration de l’urbanisme et du territoire à laquelle Romano travaillait. Nous avons partagé les mêmes idéaux et, forcément, les mêmes illusions, mais aussi la joie indélébile de voir réalisés beaucoup de projets qui sont restés des rêves en d’autres contextes.
Nous avons eu, je crois, deux vies parallèles. Nous avons partagé les mêmes soucis de la profession et du rapport à un monde qui change réduisant de plus en plus les marges pour le faire bien. La dernière fois que je l’avais vu, c’était en 2003, lors d’une visite à Bologne, suivie par une escapade dans cette même plage toscane… Peu de temps depuis, le premier mai 2006, j’ai arrêté, tandis que Romano a continué opiniâtrement jusqu’à cette mort qu’il n’attendait pas.
« Il est mort sans lâcher prise ! » m’a dit mon ami Francesco.

Voilà pourquoi sa mort peut être chantée comme une belle mort.

Par un hasard qui ne peut pas être ignoré, il est mort justement le 8 août, une journée, celle du 8 août 1848 qui nous rappelle l’extraordinaire héroïsme des Bolonais vis-à-vis de l’armée autrichienne. S’il le savait, il en serait consolé. Parmi les nombreuses personnes dont j’ai toujours admiré l’esprit et la cohérence idéale, Romano Reggiani a été sans doute l’un de représentants les plus sincères et courageux d’un peuple qui ne cède jamais au conformisme ni à l’indifférence. Mais on doit aussi lui reconnaître une grande ironie, s’il a écrit, tout récemment, « Et fiat porcus« , un hommage raffiné et intelligent à la culture du porc, au centre de la tradition alimentaire spécifique de l’Emilia-Romagna.

« Quand on nous enlève les camarades de notre jeunesse et de notre vie nous nous apercevons que tout le temps à notre disposition nous le brûlons dans l’habitude, dans l’exploitation, jour après jour, des devoirs liés au quotidien », m’a écrit une très chère amie de Bologne. « Nous ne nous occupons qu’à ranger, à respecter les engagements et les contraintes de la bureaucratie, des impôts, des fournisseurs de services. Un ennuie et une gêne mortels. »

Version 3

Giovanni Merloni

TEXTE DE L’ARTICLE EN ITALIEN

La liberté en auto-stop (Portraits d’ami(e)s disparu(e)s n. 3)

11 dimanche Jan 2015

Posted by biscarrosse2012 in contes et récits

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Portraits d'amis disparus

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Je connaissais Maria Napoli depuis quelques années. Elle était une dame très sympathique, gentille, généreuse, ouverte. Il ne me semple pas possible qu’elle ne soit pas là. Je la considérais comme une membre de ma famille, même si malheureuse-ment nos rencontres ont été rares. Je n’oublierai jamais sa voix et son sourire. Adieu Maria !

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Giovanni Merloni, La liberté en auto-stop, janvier 2015

La liberté en auto-stop : Maria Napoli

Merci je dois dire à la bureaucratie,

Aux difficultés de compréhension, d’une langue à l’autre, des documents nécessaires. Dans le hall du consulat, près d’une colonne, sur un bout de papier je fis mon choix : traductrice habilitée, onzième arrondissement,

Rue des Boulets (une latérale). L’entente fut immédiate, entre deux

Italiens sensibles et quelque peu souffrants de l’excès de bureaucratie, et pourtant réactifs.

Avait-elle de réserves ou de doutes ? Pas du tout, elle aimait déguiser son âme généreuse derrière de petites questions : « pourquoi vous vous consacrez tellement à vos enfants ? Pourquoi ne pensez-vous pas à vous-même ? »

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Giovanni Merloni, La liberté en auto-stop, janvier 2015 part.

Noyée dans les tampons et les photocopies, elle me racontait  des épisodes imaginaires de familles contrariées, de frères et de sœurs qu’elle avait vus se pousser les uns les autres au bord d’un gouffre…

Avant de venir en France, en auto-stop, rêveuse de liberté. Dans cette France bien aimée devenue joliment sa patrie, celle de ses enfants. Avant d’accepter, il y a trois ans, mon invitation au spectacle…

Premier rang de la salle, je la vois toujours là, apparition bénie, assister avec ardeur au monologue touchant d’une « femme seule » débordée des souffrances d’un amour disgracieux. Je n’oublierai jamais ses yeux rêveurs dans le plateau, son attention irréductible, le charme de sa solidarité.

Ou alors elle attendait la sortie de l’actrice qui redevenait personne pour plaisanter avec elle, élégamment, tout en flottant dans son ironie douloureuse.

L‘Italie restait quelque part, dans les coulisses de sa grande figure. Un amour refoulé, peut-être, ou alors un endroit chéri pour de merveilleux épisodes

Imaginaires, dont personne ne pourra pas se passer. Le souvenir de l’Italie ne faisant qu’un avec le respect de la mort annoncée, une mort trop soudaine et radicale pour cette plante légère, une mort dont elle a peut-être essayé, souriant, de se passer.

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Giovanni Merloni, La liberté en auto-stop, janvier 2015 part.

À présent je m’interroge au sujet de ce verbe ambigu, « disparaître ». Un verbe qui raconte si bien l’affreuse déchirure qui enlève à jamais une personne, une rue, une porte, une réponse, un geste unique, une affinité élective…

À présent je ne peux pas me pardonner de n’être pas allé la chercher, avant qu’elle passe de l’autre côté. Mais je sais qu’elle n’a cessé de sourire même devant cette énième, colossale absurdité de la mort. Un sourire de défi résigné, pour ne pas dire vraiment adieu à la vie.

Giovanni Merloni

P.-S.
Depuis Facebook, j’extrais ci-dessous quelques traces de la nouvelle de la disparition de Maria Napoli (juin 2014) et des réactions de quelques amis à elle. Même si Facebook est public et tout le monde peut lire tout cela, j’ai préféré omettre les noms des personnes concernées.

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Maria et Francesca Napoli avec deux autres personnes 

12 juin 2014
Un ami espagnol :
Une très belle famille avec de très jolis souvenirs. Je vous embrasse fort, avec beaucoup de caresses

10 juillet 2014
Une première amie française : Chère Maria, nous nous sommes connues le 5 avril 1980. C’était notre cinquième anniversaire de Mariage. Voilà comment tu es entrée dans notre vie et dans nos cœurs. Tu faisais du stop pour aller à Biarritz (via Bordeaux). Nos amis t’ont proposé de venir déjeuner avec nous. Tu est restée parce que tu es tombée amoureuse de l’un d’entre eux. Tu portais une salopette blanche comme c’était la mode à cette époque. Tu avais une coupe de cheveux à la Angela Davis. Notre amitié a été instantanée et a duré 34 ans sans faillir. J’avais tant d’admiration pour toi.
Tu travaillais la nuit dans un centre d’hébergement d’urgence du Nid. (L’Amicale du Nid considère la prostitution comme une violence et une atteinte à la dignité des personnes ; elle refuse de l’assimiler à une profession. Elle propose aux femmes et aux hommes en danger, ayant connu ou en situation de prostitution, un accompagnement vers des alternatives…)
Pour moi qui avais travaillé très tôt manuellement, tu venais d’une autre planète. Vénus sûrement ! Amoureuse de Saturne qui repartit très vite sur sa lointaine orbite. Francesca est née le 16 janvier… Un amour de petite fille !
Ta passion pour la langue française était stimulante et tes engagements vivifiants. Nous étions nées la même année mais combien ton parcours, si différent du mien, m’a enrichie et soutenue. Ta philosophie me soutient encore mais ta présence, ton art de vivre et ton rire me manquent.

Une deuxième amie française : Une tata avec un cœur aussi grand repose en paix c’est certain !

Une troisième amie française : je suis bouleversée

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Maria Napoli à Pienza avec une amie française

3 août 2014
Troisième amie française : Chère Maria, se perdre de vue pendant 32 ans, se revoir , rire, pleurer ensemble, se regarder dans les yeux en se promettant peut etre de se revoir. tes derniers mots ont été :je t’attends à Paris,et puis d’un coup apprendre que tu es partie cette fois pour toujours. Nous n’avons même pas fait une dernière photo ensemble c’est mieux ainsi, moi et toi a Pienza, notre jeunesse, notre insouciance,nos projets…

Une amie italienne : Elle avait fui…

Troisième amie française : Les deux filles des fleurs se sont rencontrées à nouveau 32 ans depuis. Deux jours magnifiques, beaucoup de souvenirs, Merci Maria ! ! !

2 novembre 2014
Troisième amie française : Aujourd’hui ma pensée va à toi, je pense à ton regard , à ton etreinte quand nous nous sommes quittées, tu savais tout, tu n’as rien dit, tu as voulu me dire adieu comme tu l’as toujours fait, grande Maria — triste.

11 novembre 2014
Une quatrième amie française : Un rire, un sourire, une philosophie de vie, de nombreux bons moments partagés, et le souvenir d’une grande Dame aussi généreuse que pleine de Vies. Encore une t’attend peut-être? Toujours là dans nos coeurs et ta voix dans nos mémoires. Bon anniversaire !

G.M.

La supériorité du sujet (Portraits d’ami(e)s disparu(e)s n. 2)

08 jeudi Jan 2015

Posted by biscarrosse2012 in contes et récits

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Portraits d'amis disparus

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Portraits d’ami(e)s disparu(e)s n. 2

J’ai hésité, avant de me décider à publier aujourd’hui ce deuxième hommage à un ami disparu. Ce qui s’est passé hier, à Paris, dans un quartier qu’on ne pouvait imaginer plus tranquille, cette tuerie absurde et même incroyable m’a tellement bouleversé que je voulais m’arrêter pour pleurer.
Plus tard, dans le métro qui me menait à la station Richard Lenoir où ma fille habite — pas loin de « Charlie Hebdo » —, j’ai été réconforté en écoutant cette voix féminine qui disait, solennellement : « à la demande de la Préfecture de police, la station Richard Lenoir est fermée… »
Ensuite, en revenant, nous avons participé à la manifestation place de la République. Dans cet espace immense, comblé de citoyens bouleversés et profondément attristés, j’ai ressenti jusqu’au bout l’empathie avec ce peuple effrayé qui ne se laisse pas abattre, affichant au contraire sa présence combative et tranquille :

ENSEMBLE, UNIS POUR LA DÉMOCRATIE !

criait quelqu’un depuis le piédestal de la statue de la République.

LIBERTÉ D’INFORMATION !

hurlaient d’autres dans la foule.
Une fois rentré chez moi, j’ai pensé que cet homme unique dont je voulais vous parler, monsieur Gérard D’Hondt, aurait partagé lui aussi jusqu’au bout tous les sentiments que je lisais dans les yeux autour de moi. Tout en songeant aux dix journalistes et aux deux policiers tués hier, j’essayerai donc d’esquisser le portrait d’un homme incroyablement généreux et solidaire ayant en commun avec ces journalistes et artistes merveilleux un profond amour pour la Liberté.

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Gérard D’Hondt, hommage è Joseph Bernard (recto)

« Je crois à la supériorité du sujet dans l’œuvre d’art… et que celle qui ne le possède pas, fut-elle un chef d’œuvre de conscience et d’exécution… est à mon avis froide et sans but. »
Joseph Bernard (1866-1931)

La supériorité du sujet : Gérard D’Hondt

Généreux et hyperactif, venant de terres joviales

Était une présence, ce monsieur souriant en bas de la

Rue Varlin. Malgré la faible trace de ses cheveux blancs,

Avait, celui-ci, la force intacte d’un forgeron qui rame dans une galère. Ancien haltérophile, capable même de soulever deux femmes à la fois,

Rendre service aux gens aimables ainsi que donner l’âme pour eux

Devait le rendre heureux. D’ailleurs, entre les privilèges de la copropriété et les joies de la rue, il choisissait toujours ces dernières.

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Gérard D’Hondt, hommage è Joseph Bernard (verso)

Dessinant et sculptant, jeune élève talentueux de Paul Belmondo (1)

´(apostrophe)

Habillait par d’époustouflants décors les médailles dorées de la Monnaie du Pont Neuf. Dans son nid, par petits croquis, il ne cessait d’étudier les nuances d’expression jaillissant du sourire et des yeux de sa belle Danielle.

Omnivore de tout jeu, même âgé, il se débrouillait bien aux claquettes ainsi que dans la valse musette.

Négligeant délibérément de raconter les horreurs vues en guerre, notre ami gaillard

Défendait, acharnement, les valeurs les plus nobles de la société. Jusqu’au jour

Terne et froid de décembre, où la force de sourire a d’un coup disparu.

À présent, son courage solidaire et son choix d’être ami me reviennent à l’esprit par des foudres piquantes.

À présent, essayant de l’étreindre, dans le vide je ne trouve que chagrin. Je m’efforce pourtant de revivre quelques histoires que j’imagine de lui dans ses plaques dorées, dans ces traces de danses invisibles qui ont gravé le trottoir.

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Gérard D’Hondt est mort le 21 décembre 2013, à l’âge de soixante-dix-neuf ans. Il était un véritable « ch’ti », installé à Paris depuis longtemps. Un vrai personnage, ayant laissé des traces d’admiration et d’amitié partout à son passage. Il a été parmi les premiers qui m’ont accueilli, de façon chaleureuse et immédiate, lors du début de mon installation en France. Avec Gérard, sa femme Danielle, madame Marie Josè Martins, Guy et Renée Houset, j’ai eu depuis le premier instant une véritable famille à Paris.

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Giovanni Merloni

(1) Paul Belmondo (1898-1982), père de Jean-Paul, était un grand sculpteur français.

Quand je venais vous voir (Portraits d’ami(e)s disparu(e)s n. 1)

06 mardi Jan 2015

Posted by biscarrosse2012 in contes et récits

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Portraits d'amis disparus

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Portraits d’ami(e)s disparu(e)s :
Laura Venturi

Dorénavant… Combien de fois ai-je dit « dorénavant » ? En fonction de quel accord implicite avec mes lecteurs ou interlocuteurs habituels ? Pourquoi promettre ? Je ne sais pas. Il est certainement vrai que je l’ai fait à plusieurs reprises dans ma vie, essayant toujours d’honorer mes engagements. Et j’ai eu aussi envie d’en parler, d’expliquer toujours mes projets et mes états d’avancement.
J’avais par exemple entamé une espèce de voyage à zigzag dans l’espace et dans le temps que j’appelais « le strapontin » et, plus récemment, j’avais solennellement déclaré mon intention de m’accrocher au présent. De réfléchir à l’avenir, ou aussi de rêver au sujet de ce qui se passe « à présent ».
Je me rends compte, aujourd’hui, à cause peut-être de cet état d’âme tout à fait particulier du passage de l’an, que dans les titres que je donnais à mes engagements il y avait une forte dose d’utopie. Cela ne faisait qu’un avec cette expression « dorénavant », dénonçant une attitude volontariste et peut-être enfantine.
D’ailleurs, il existe aussi une façon beaucoup plus réaliste de dire « dorénavant ». Car on peut bien se contenter d’un « désormais » qui restreint la perspective de notre engagement, nous proposant un parcours minimaliste ou, pour mieux dire, une voie de cohérence avec notre nature ainsi qu’avec nos capacités réelles d’exploiter jusqu’au bout les thèmes que nous proposons à nous-mêmes.
D’ailleurs, après réflexion, je comprends finalement l’absurdité d’imposer « a priori » des obligations ou des règles à des propositions artistiques ou littéraires qui nécessitent, au contraire, une certaine liberté ou, pour mieux dire, qui ont besoin d’un espace adéquat pour leur côté transgressif.
Suivant ce critère je vais donc essayer, avec la nouvelle année, de respecter une scansion plus simple pour mes publications :
— sous le titre « à présent » je continuerai à publier mes « nouvelles poésies » et quelques récits sous forme de « journal plus ou moins intime » ou alors de « réflexions sur l’actualité » autour de moi ;
— dans la catégorie des « contes et nouvelles », je continuerai à exploiter les textes que je considère comme les plus adaptés au blog, pour en faire dans le temps des écrits aboutis au point de vue littéraire.
Je continuerai enfin à développer mes « portraits ».

Et voilà ma première nouveauté pour l’année 2015 : les « portraits d’ami(e)s disparu(e)s ». Avec ces portraits, auxquels je songe depuis des années, j’essayerai deux épreuves assez engageantes :
— d’un côté, fixer sur la pellicule invisible de la page virtuelle les traits et les voix d’une cohue de personnages uniques que j’appelle « amis » ou « amies » en raison du sentiment qu’elles m’inspirent depuis toujours, même au-delà d’une effective amitié réciproque ;
— de l’autre côté, donner à ces portraits une taille assez courte, inaugurant ainsi, j’espère, une forme plus expéditive d’écriture et donc de lecture sur ce blog.

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Quand je venais vous voir

Lorgnant hors de la fenêtre d’un après-midi de soleil,
Agréablement assis dans le fauteuil blanc
Usé juste un peu par la file, je dessinais, en attendant vos
Remèdes précautionneux, vos propos
Adaptés à l’arrogance de mes faux malaises.

Voltigeant, blouse ouverte, vous exploitiez
Energiquement le contact nécessaire avec mes tripes
Nerveuses. « Arrêtez ! Calmez-vous ! » vous disiez,
Tranchant vos conseils telles de claires sanctions :
Une heure de piscine, pour vos pauvres épaules !
Ritournelle inécoutée. Ô combien vous me manquez,
Interlocutrice inspirée de mes faux surmenages !

À présent, vous flottez dans la mer de mes larmes, invoquant pour vous-même de remèdes bien connus, impossibles pourtant dans mon rêve éloigné.

À présent je me noie avec vous dans l’adieu.

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Giovanni Merloni

Disparue à l’improviste le 23 janvier 2013, Laura Venturi était mon médecin traitant à Rome. Une femme exceptionnelle, unissant la compétence en plusieurs spécialisations à une générosité non commune. Je pouvais lui confier n’importe quel souci ou secret, elle me transmettait toujours une merveilleuse joie de vivre. J’ai appris cette douloureuse nouvelle il y a une semaine, comme il m’arrive souvent, hélas, pour beaucoup de personnes en Italie, avec lesquelles j’avais perdus les contacts après mon départ à Paris et que pourtant j’aimais et ne cesse d’aimer vivement.

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