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Giovanni Merloni, 1971

Tandis que le désordre le plus total

Tandis que le désordre le plus total
envahit la chambre
et que du dehors
un vacarme pénètre
de bruits superposés
autant que flèches de paroles
coulant malhonnêtes
parmi les lames
de poussières lumineuses 

tout en partant, rentrant
empruntant donnant
vivant mourant
haletant reposant
amant fuyant
courant dormant
toi et moi, un jour
nous avons changé.

Tandis que l’abandon
longuement théorisé
désormais assumé
m’endormit
je me soumets volontiers
à la paresse retrouvée
à l’inséparable mort-aux-rats
à la mélancolie, à l’angoisse,
jusqu’au moment où
une petite honte jaillit soudaine
pour ces heures inénarrables
pour ce va-et-vient de sensations
fastidieuses
pour cette roulette russe
frôlant sans éclats
de petits massacres

tout en partant, rentrant
empruntant donnant
vivant mourant
haletant reposant
amant fuyant
courant dormant,
moi et toi, un jour
nous avons vieilli.

(Il est possible qu’on en succombe,
que d’autres s’en émeuvent
que la vie au dehors continue
jusqu’à l’extinction des bruits
jusqu’à la dissipation de l’été
dans les ombres larges
des feuilles sèches de novembre).

Au milieu de cet enchevêtrement
de pensées sans bras
de courses sans jambes
parmi ces peines solitaires
la seule vue d’un dessin
embrouillé et confus
me ramène à l’esprit
l’envie désespérée
de sortir du sommeil
pour retrouver la force
le détachement
la sérénité, la tenue
de m’en aller hagard
habillé d’ingénus désirs
au milieu de visages adultes :

tout en partant, rentrant
empruntant donnant
vivant mourant
haletant reposant
amant fuyant
courant dormant,
sans toi, je suis
une catastrophe.

Giovanni Merloni

TEXTE ORIGINAL EN ITALIEN

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