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Vers un atelier de réécriture poétique (n. 1)
Mes chers lecteurs, mon « travail » actuel n’est pas qu’un rangement d’objets perdus et retrouvés, de parties de mon corps ou de mon esprit (ou de mon âme) qui ressuscitent de façon grotesque ou élégante depuis une boîte poussiéreuse. J’aimerais, au contraire, qu’un dialogue se déroule, même de façon subliminale, entre celui que j’étais à l’âge de dix-sept ans (ou dix-huit), et celui que je suis à mes soixante-sept ans (ou soixante-huit).
Un dialogue parfois embarrassant, auquel pourtant ne puis-je pas me soustraire.
Voyez ci-dessous un de ces échanges improbables. Un jeune homme, encore en deçà de toute expérience « amoureuse », affiche un pessimisme adamantin, imaginant une vieillesse traditionnelle, renfermée dans la haine et dans le compte des rides ou des plaies. Tandis que les gens « âgés » d’aujourd’hui, au contraire — et je ne suis pas le seul —, en plus d’une vie affective dans le présent, semblent devenir de plus en plus sensibles vis-à-vis des nuances infinies de la joie et de la douleur.
095_Une belle fille (Avant l’amour n. 1)
J’entame donc, aujourd’hui, une phase différente de mon travail avec le blog.
Comme vous le savez bien, même trop, je suis Italien et, fort aimanté par le charme irrésistible de la langue française, je me suis littéralement catapulté dans les abîmes de l’inconscience, ne me bornant pas à traduire diligemment des textes précédemment développés dans ma langue maternelle. Au contraire, j’ai pris le risque de m’aventurer sans filets ni protections humaines dans mes « verbiages » plus ou moins intéressants, directement en français.
Par conséquent, au milieu de mes 597 articles jusqu’ici publiés, qui sait combien de fautes sont restées collées sur la page virtuelle comme autant de scories radioactives ou alors comme des taches honteuses au point de vue esthétique ?
Je me suis donc demandé si je devais encore continuer à disséminer ces pages de coquilles, de petits contresens ainsi que d’involontaires trahisons de mes intentions véritables…
Impossible d’imaginer de tout revoir. J’aurais besoin d’une belle stagiaire qui me consacrait son temps pendant quelques mois…
Or vous tous savez bien combien est-il difficile, à Paris, trouver un médecin traitant qui nous visite en nous touchant savamment les tripes ; combien est-il difficile de trouver un électricien, un bon plombier, quelqu’un qui sache tout faire, pour ne pas parler d’un jeune informaticien disposé à gagner facilement de l’argent… Je renonce à priori à la stagiaire !
Donc, je renonce aussi, pour le moment, à la mégalomanie de ranger toutes choses dans l’illusion de la perfection verbale.
Puisque je ne peux plus avancer les yeux bandés, j’ai alors décidé de faire un petit essai. J’ai choisi pour cela la première collection de poésies que j’avais publiée sur « le portrait inconscient » à partir du 27 mai 2013 sous le titre-mot clé « Avant l’amour ».
Je ne sais pas si cela sera apprécié par tout le monde ou pas. Je crois que cela va intéresser surtout les nouveaux lecteurs, les plus anciens n’ayant pas forcément envie de savourer les différences entre le texte retravaillé et le texte d’origine. Mais je me suis obligé de faire justement cela : retravailler mes poésies pour leur consentir de franchir finalement une deuxième frontière invisible…
Peu importe si je ne peux pas aspirer au « français excellent, superbe et magnifique » d’hommes uniques comme Michel Butor et de femmes extraordinaires comme Marguerite Duras, dont je suis un lecteur acharné… Mais, comment faire pour essayer de franchir cette frontière ?
Il n’y a pas de raccourcis, bien sûr. La langue est une vie entière, une longue stratification d’expériences, de voix, de personnages, d’événements… Même si quelqu’un partage ton effort de traduction, peut-il vraiment être en condition de t’aider à tout résoudre, à tout contourner ?
Je voudrais surtout qu’on dise, au bout de ce tunnel de 28 poèmes « avant l’amour », que ma langue à moi est correcte, même si elle garde son accent.
Voilà, en manque de stagiaire, j’ai demandé la collaboration de quelques-uns de mes correspondants. Des gens que j’estime beaucoup, que j’ai contactés surtout en raison d’une certaine familiarité réciproque au cours des années.
Aujourd’hui, la première personne qui a tout de suite réagi positivement a été Brigitte Célérier. Je lui ai demandé de m’aider à dénicher tout ce qui n’est pas parfaitement français dans mes textes. Je lui ai demandé de s’exprimer librement, soit par le biais de propositions alternatives dont je garderai la mémoire, soit avec des commentaires et des suggestions.
Je vous invite donc à la lecture d’Une belle fille, la première de 28 poésies qui seront publiées quatre jours par semaine (du mardi au vendredi) jusqu’au 24 mars 2015.
Pour d’éventuelles « surprises », on se rencontrera les dimanches !
Giovanni Merloni
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