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Un de mes dessins qui inspirèrent François Bonneau pour le texte « Arrêter la machine di temps » (vases communicants juin 2013)
La nuit où dormir n’était pas possible
Les yeux écarquillés
devant l’image obsédante
d’une vitrine de bar
cassée par les coups
de la mitraille
la tête tournante
au milieu de ces gens familiers,
éternellement assis
à la terrasse de mon quartier
pourvu qu’ils restent assis,
du moins jusqu’à la fin
de leur conversation,
j’ai interdit mes oreilles
de se clore, et me suis entêté
à l’écoute des propos
et des rêves
qu’ils se confiaient
agréablement, fébrilement
avant que la rafale arrive
lâche, serpentant
au hasard des décombres
de la rue sombre.
Un de mes dessins qui inspirèrent François Bonneau pour le texte
« Arrêter la machine di temps » (vases communicants juin 2013)
Les yeux ouverts
devant l’insoutenable défilé
de ces corps enveloppés
de cette liste de noms
et d’espoirs égorgés
j’ai rêvé, avec eux,
d’une Europe
réconciliée avec son histoire
décidée à cesser
de se plaindre
ou de prétendre
j’ai songé, avec eux,
d’un grand pays
travailleur
où les jeunes
s’engageaient promptement
pour le grand ravalement
des innombrables biens
que l’Europe détient
de Lisbonne à Mamaia
de Rovaniemi à l’île de Crète
j’ai passé en revue, avec eux,
une lourde liste de vieilles usines
éparpillées dans l’Europe
devenant par prodige
de nouvelles industries
ouvrant leurs portes
aux jeunes inspirés
enthousiastes, créatifs.
Un de mes dessins qui inspirèrent François Bonneau pour le texte
« Arrêter la machine di temps » (vases communicants juin 2013)
J’ai imaginé, avec eux,
une Europe solidaire
avec de dignes patrons
des ouvriers assidus
des syndicats actifs
et responsables.
J’y ai vu, avec eux,
des lieux de travail
des débats
des grèves
des repos
des vacances
des voyages
à la découverte de l’Europe
de cet immense trésor
autour de nous
sous nos pieds.
J’y ai envisagé, avec eux,
des trains, permettant à nous tous
d’habiter n’importe où
de nous rendre
n’importe où.
J’ai ajouté, avec eux,
la banale hypothèse
de remettre debout
les villages reculés
abandonnés, détruits.
J’ai conçu, avec eux,
des Arts et Métiers
nous apprenant
à jouer de nos mains
sur d’autres claviers.
Enfin, j’ai fantasmé,
avec eux, au sujet d’une Europe ordinaire,
que l’ordi aiderait
à s’affranchir des pièges
de ses privilèges.
Ô combien je désire
me réveiller sous le ciel
d’une Europe
se réveillant à son tour
de ce long cauchemar américain,
d’une Europe sans armes,
pacifiste,
offrant à chacun un abri
un travail, une famille
l’insouciance des bistrots
des pizzas
des kebabs
des sushis,
des musiques du monde !
Un de mes dessins qui inspirèrent François Bonneau pour le texte
« Arrêter la machine di temps » (vases communicants juin 2013)
Pour que nos frères humains
ne disparaissent pas en vain
j’ai rêvé un train de roulottes
où l’émacié Don Quichotte,
notre guide souverain
nous amenerait, bienveillant
jusqu’à l’abri sans appas,
mais confortable et sain,
des moulins à vent.
Giovanni Merloni
Cette poésie est protégée par le ©Copyright, tout comme les autres documents (textes et images) publiés sur ce blog.
et je rêve avec toi, rêve plein de ferveur
@ Giovanni : cette nuit tellement blanche… j’aime ces dessins et l’ambition d’arrêter la machine (gun ?) du temps…