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Principe : le premier écrit chez le deuxième, qui écrit chez le troisième, etc. Aujourd’hui c’est le thème des « Musique(s) », dans tous les sens possibles. J’ai le grand plaisir d’accueillir Joseph FRISCH, auteur du blog JFrish Ma propre contribution est publiée sur La dilettante de Marie-Noëlle Bertrand (@eclectante). Merci à eux deux, merci à tous ceux qui font la ronde.
G.M.
Promenades
C’est que je passe toujours par la rue Vandamme à droite, j’atteins la fin de la rue de la Gaité, Bobino et les quelques cafés en train d’ouvrir, le matin est frais, plein d’atomes de bleu cobalt, de phosphorescences, on entend un merle, un corbeau dans le petit square Gaston Baty, des pas qui résonnent dans l’humidité de la rue. Il n’est pas sept heures et j’arrive sur le Boulevard Edgar Quinet, le kiosque n’est pas ouvert, pas plus que le magasin des Beaux-Arts. J’aime ce trajet entre des acacias urbains aux pieds desquels des mains anonymes ont installé des plantes, qui va jusqu’à la station de métro Raspail. A ma droite le long mur du Cimetière Montparnasse est comme une vieille connaissance, presque un club aux horaires d’ouverture très libres, où se réuniraient mes amis, à gauche la Grande Chaumière et le libraire Tschann ne sont pas loin, puis voila la rue Campagne Première et l’Hôtel Istria où se réunissaient les surréalistes. On sait que Rimbaud habita là – on en sait pas à quel numéro exactement – quelques mois au printemps 1872, partageant sa chambre avec Jean-Louis Forain. Il y avait à l’époque un foyer pour cochers et certainement des écuries, tout près donc du passage d’Enfer dont j’aime à penser qu’il s’inspirerait plus tard pour sa Saison en Enfer. Je m’arrête un instant, et sur l’harmonica je joue quelques notes, des courtes phrases musicales que je double en refrain, et qui me donne ensuite l’envie de chantonner.
Le violet de la nuit s’étire en glacis sur le boulevard, je suis seul, heureux et inconnu, et je sais que le printemps revient.
Dans les journaux du matin on ne voit que la trace des empires qui s’effondrent : c’est que tout l’effort ordinaire des puissants est de monter le plus haut possible, pour s’écrouler misérablement dans le silence.
Juzzie Smith tient bon la rampe !
L’harmonie de l’escalier cache mal la déambulation parisienne.
Si Rimbaud est « la », les surréalistes décollent du « sol ». 🙂