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Paris, Montmartre 1961

« Quel destin ? » (1975)

Les lettres que tu m’écrivais,
tes mots, que je fouillais
dans l’espoir d’y trouver
la réponse
à une terrible question :
« Quel destin ? »

L’attente, en savourant la solitude,
quelque part
dans une ville en été.
L’espoir timide d’une nouvelle
rencontre,
le soin minutieux dans le choix
d’un costume
le manque de naturel
dans les mouvements. Le rêve
réprimé et circonspect
d’un corps négligé…

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Urbino, Palais Ducal, 1961

Dérangé jusqu’au point
d’être presque indestructible,
mais capable aussi de quelques
actes d’héroïsme,
je suis déjà prêt
à me parer d’une inhumaine
indifférence.
C’est ainsi que la vie
m’a rendu, cette vie
que je ne comprenais pas…

Je me demande, me demande
qui tu es. Qui es-tu, me tenant
dans cet enchevêtrement
de gestes niais ?

Tout en savourant ma défaite,
je découvre que je m’étais battu
sans conviction,
que j’avais essayé une sortie
inutile…

« Quel destin ? »

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Versailles, 1961

Je me réponds,
je me demande,
je me soigne,
je tombe malade,
je me cache,
je me manifeste,
mais ils ne servent à rien
ces états d’aujourd’hui,
tourbillonnant comme des galériens
dans un manège vide.

Nous sommes mauvais,
contradictoires,
généreux, impitoyables.
Nous sommes emportés, peut-être,
par la confusion
de temps non choisis, de voyages
forcés, de destins non discutés.
Nous-mêmes,
par une attention scrupuleuse,
nous mettons en crise
un discours juste commencé,
une charge de compréhension,
une envie de libération,
un bref merveilleux vol
au milieu des toits…

Juste au-delà des quartiers
de l’habitude, je voudrais être
reconnu ;
là, je voudrais te connaître
jusqu’au bout…

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Venise, île de Torcello, 1961

En attendant, tu m’avais envoyé
quelques chamans
qui m’avaient emmené
près d’un lac séché. Unique
contrainte, regarder vers le sud-est
là où traîne
la constellation des Jumeaux.

La nuit est tombée,
ta lumière s’est allumée.
J’ai arrêté de bavarder
et de prendre des notes
et je t’ai « vue ».

Giovanni Merloni

TEXTE ORIGINAL EN ITALIEN

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